Allocution de M. Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France
25e anniversaire de la rencontre d’Assise à Paris.
La contribution des religions à la paix dépend d’abord de la paix entre les religions et de l’hospitalité qu’elles s’accordent les unes aux autres.
C’est vrai que dans toutes les religions, l’hospitalité est sacrée. Cependant l’histoire nous enseigne qu’entre les religions les lois de l’hospitalité sont souvent abolies, et c’est alors le rejet qui est sacré. Pourquoi ce blocage ?
Et surtout : comment dépasser les interdits doctrinaux et les peurs invétérées, pour permettre que la force et la saveur de l’hospitalité irriguent (enfin) la pratique du dialogue entre les religions ?
Permettez-moi d’insister sur le fait que le dialogue inter-religieux est lui-même un acte religieux. Cela implique que l’expérience que nous faisons de notre propre religion nous ouvre sur un mystère dont nous n’avons pas la propriété exclusive. Même si nous sommes convaincus de toucher la vérité, nous ne l’épuisons pas.
Pour exprimer cela d’une autre manière encore, je dirais que pour connaître une religion (et donc pour pouvoir en parler), il faut partager la vie de ceux qui croient en cette religion. Or, un autre mot pour traduire ce que veut dire « partager la vie » est précisément le mot hospitalité.
Cette démarche est une vertu juive fondamentale. Mais elle n’est pas une spécialité juive. Elle fait partie de toutes les cultures religieuses rassemblées sur ce parvis.
L’hospitalité entre les religions exige toujours l’action. D’où son importance pour le dialogue mais aussi comme modèle pour la paix entre tous les hommes.