Messe d’action de grâce pour le ministère parisien de Mgr Jean-Yves Nahmias
Le dimanche 9 septembre 2012, à l’invitation du cardinal André Vingt-Trois, beaucoup de Parisiens se sont rassemblés, à Notre-Dame de Paris, pour une messe d’action de grâce pour le ministère parisien de Mgr Jean-Yves Nahmias.
– Lire la biographie de Mgr Jean-Yves Nahmias.
L’accueil de Mgr Jean-Yves Nahmias dans le diocèse de Meaux, où il a été nommé par le Pape Benoît XVI le 9 août 2012, est prévu le dimanche 23 septembre à 16h à la cathédrale.
Homélie de la messe d’action de grâce pour le ministère parisien de Mgr Jean-Yves Nahmias
8 septembre 2012 à Notre-Dame de Paris
– Première lecture : Is 35, 4-7a
– Psaume 145, 7, 8, 9ab.10b
– Deuxième lecture : Jc 2, 1-5
– Évangile : Mc 7, 31-37
Dieu nous a faits riches de la foi
« C’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. » Ces mots du Livre d’Isaïe peuvent surprendre car, dans notre imaginaire, combien terrible doit être la vengeance de Dieu, la revanche de Dieu. Les paroles des prophètes sont souvent des paroles difficiles et abruptes. Des paroles qu’il nous faut décrypter et qui nous invitent à faire un chemin intérieur, à convertir notre regard sur Dieu et sur la vie, à comprendre les signes de sa présence parmi nous. C’est ce que je vais essayer de faire ce soir.
Écoutons de nouveau le Livre d’Isaïe : « Dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Dieu lui-même vient nous sauver ! Voilà l’enseignement du prophète. Sa vengeance n’est pas contre nous, mais pour nous, pour nous sauver. Elle est pour l’homme, pour la vie de l’homme, pour le guérir du péché. Pour qu’il soit un vivant, pour restaurer sa dignité et le rendre capable de relations pleinement humaines.
Mes amis, ce qui nous rassemble, c’est notre foi au Christ qui sauve, qui me sauve, qui nous sauve et nous guérit. Le salut du Christ à l’œuvre en nous, nous l’expérimentons chacun, mais, plus encore, nous le voyons à l’œuvre dans les frères que nous côtoyons, nous le voyons à l’œuvre dans les membres de l’Église, les membres du corps du Christ. En effet, paradoxalement, chacun de nous, nous ne sommes pas toujours conscients de ce que Dieu accomplit en nous, de ce qu’il guérit, console, au plus intime de nous-mêmes.
Mais si nous ouvrons les yeux, nous voyons ce que Dieu accomplit en nos frères. Personnellement, c’est cela qui m’a toujours stimulé et aiguillonné dans ma marche à la suite du Christ. C’est pourquoi je vous dois, à chacun et à tous, une forte reconnaissance. Jeunes, j’ai vu le zèle des prêtres, leur vie donnée au Christ. Prêtre, puis évêque, sans cesse j’ai vu la joie et la générosité des chrétiens de Paris, leur désir d’être fidèle à l’amour du Christ. Je voudrais citer en particulier les prêtres – vos prêtres – ici représentés en grand nombre : leur zèle m’a toujours impressionné. J’ai pu voir, spécialement comme vicaire général, comme évêque auxiliaire, comment ils se laissent transformer jour après jour au plus intime d’eux-mêmes par le ministère qu’ils ont reçu.
C’est bien sûr le fruit de l’engagement de leur liberté, mais c’est d’abord l’œuvre de la puissance de Dieu, acceptée et accueillie avec fidélité ; puissance que nous voyons à l’œuvre dans l’Évangile de ce soir.
J’ai vu cette même disponibilité chez les évêques que j’ai côtoyés. A eux tous, j’exprime ma forte gratitude. Avec vous, je rends grâce à Dieu pour son action en nous, son peuple. Dieu va déployer sa puissance en nous, dans la mesure où nous nous reconnaissons faibles, pauvres et pécheurs. Oui, nous sommes tous des handicapés, en particulier des handicapés de la relation, mais Dieu tisse entre nous les liens de la charité et de la communion.
Le Seigneur fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain. Le Seigneur délie les enchaînés. C’est ce que j’ai vu en notre Eglise. Nous ne sommes pas parfaits, mais il y a une belle mobilisation au service des plus pauvres, avec les plus pauvres. J’ai toujours été impressionné par l’inventivité, la réactivité de nos communautés en ce domaine.
De même, l’exhortation de l’Épitre de saint Jacques à ne pas faire de différences selon les personnes, je l’ai vue à l’œuvre dans les nombreuses communautés que j’ai visitées. Là sont rassemblés, dans l’unité et la communion, des enfants, des jeunes, des hommes, des femmes, de toutes races, de toutes conditions, de toutes sensibilités.
Souvent, on me disait : « Père, notre paroisse est très fraternelle ! » Oui, c’est vrai, mais c’est vrai aussi pour la paroisse voisine. L’ordinaire de l’Eglise, c’est cette réalité extraordinaire de la communion qui vient de Dieu. Dieu rassemble et unit ses enfants dispersés. N’oubliez jamais que Dieu est la source de ce que vous vivez. Mes amis, vous avez beaucoup reçu. Votre responsabilité est grande : faites fructifier les dons que vous avez reçus.
Dans l’Évangile, après la guérison du sourd-muet, nous voyons les témoins dans l’incapacité de se taire malgré la recommandation du Christ. L’Évangile nous dit qu’ils « proclamaient » ce qu’ils avaient vu. Qu’il en soit de même pour vous ! Aujourd’hui, nous sommes dans le temps de la mission. Le Christ vous envoie en mission. Ne taisez pas ce que vous voyez : l’œuvre de Dieu ; ce que vous vivez : sa présence en vous. Oui, Dieu nous guérit et il constitue, par la présence de l’Esprit Saint, ce peuple nouveau, ce peuple fraternel. Sous l’impulsion de ses archevêques, j’ai vu un diocèse grandir dans la conscience de l’urgence de la mission. Poursuivez avec détermination cette orientation pastorale. « Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. » Comme le dit l’Épitre de saint Jacques : « Il nous a faits riches de la foi ». Le diocèse de Paris, vous le savez, est riche de multiples manières ; mais votre première richesse, c’est votre foi.
Évêques, prêtres, diacres, consacrés, fidèles laïcs, rassemblez vos forces pour évangéliser Paris.
Amen.
+ Jean-Yves Nahmias
« C’est en fils de la famille que je vous dis au revoir »
Mot de remerciement de Mgr Jean-Yves Nahmias
C’est en fils de la famille, en fils de la maison que je vous dis au revoir. Au revoir parce que j’ai la joie de garder le cardinal André Vingt-Trois comme archevêque. Et je viendrai très volontiers à l’ensemble des rencontres que, Père, vous déciderez pour toute la province ecclésiastique. Chers amis, je pense que je vous retrouverai donc une fois ou l’autre dans cette cathédrale.
Merci Jérôme. Je suis très touché que ce soit toi, mon frère jumeau – nous avons été ordonnés ensemble dans cette cathédrale – qui me donne ce cadeau symbolique. Le diocèse de Paris, je vous l’ai dit dans l’homélie, m’a donné la foi au Christ. Eh bien, aujourd’hui je repars avec cette tête du Christ qui me rappelle ce que j’ai reçu et ce que je vous dois.
Je veux à nouveau saluer avec chaleur les prêtres. Je l’ai fait dans l’homélie et je voudrais vous redire, chers amis, grand merci pour ce beau témoignage de vos vies données. Je vous charge de transmettre toute mon estime et ma fraternité à tous nos confrères qui n’ont pu se joindre à nous ce soir.
Mes amis, vous avez été très nombreux à m’envoyer des cartes, des lettres, des mails, des sms, pour me dire votre amitié et votre prière. Merci pour votre prière. Ce que je j’ai senti dans ces messages amicaux, c’est la joie profonde d’avoir pu travailler ensemble à la vigne du Seigneur, d’avoir partagé des moments au service du Seigneur. Comme me l’a dit un jour l’un d’entre vous : « Il y a ces moments où nous sommes dépassés, dépassés par la puissance de Dieu ». Il est à l’œuvre bien au-delà de nos préparations, de nos organisations. J’ai vécu de ces moments où j’ai pu percevoir la puissance de Dieu et combien elle dépassait nos propres forces. Là est notre joie, cette joie qui fonde notre amitié.
Un grand merci à Mgr Patrick Jacquin qui a préparé ce pot de l’amitié qui me permettra, je l’espère, de saluer chacun et tous.
Au revoir, et j’espère à bientôt.