Allocution du pasteur Claude Baty, Président de la Fédération protestante de France
25e anniversaire de la rencontre d’Assise à Paris.
L’esprit d’Assise c’est celui de la rencontre. La rencontre est en général une aventure dans la mesure où elle est une découverte de l’autre, en ce sens elle ne laisse pas les interlocuteurs intacts. Après avoir rencontré personnellement et véritablement quelqu’un il devient en effet impossible de le déshumaniser et on est soi-même changé. La rencontre opère des déplacements de points de vue.
Le protestantisme que je représente est persuadé de la nécessité de la rencontre et de l’échange de paroles. Au nom d’un Dieu qui parle, il faut se parler, se connaître et tenter de se comprendre. Ce faisant le but n’est évidemment pas de bricoler une religion consensuelle, aussi commune qu’insignifiante, mais bien de se frotter les uns aux autres dans le respect des convictions de chacun, avec la conscience aigüe que la paix ne se construit qu’ensemble. Dans un monde qui rend poreuses toutes les frontières, il n’est plus possible de prétendre vivre dans un espace clos. Les religions ne doivent pas le regretter et même donner l’exemple d’un libre dialogue. La rencontre n’est pas seulement inévitable elle est souhaitable, n’en faisons pas une confrontation mais une stimulation.
Parmi les textes que nous lisions dimanche dernier, je me permets de vous relire ce court passage d’une lettre de l’apôtre Jean (1 Jn 4), il écrit : « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons de lui ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. »
Avec le dialogue nous entrons dans les travaux pratiques de la théologie. Au moment où nous constatons que tous les ingrédients sont en place pour que soit relancé l’idée du choc des civilisations, mobilisons-nous pour donner un nouvel élan à la rencontre des religions.