Les témoignages des JMJ 2011 à Madrid
Les JMJ à Madrid ont été un moment fort pour beaucoup. Quelques jours ou quelques semaines après l’événement, partagez ce qui vous a marqué, touché ou ce qui a changé en vous.
Témoignages de pèlerins
– Cela peut paraître idiot ou cliché, mais ces JMJ ont vraiment changé ma vie. Certes la fatigue s’est faite ressentir et des tensions sont apparues, mais j’y ai fait de fabuleuses rencontres qui encore aujourd’hui, un an après, illuminent ma vie jour près jour. Cette expérience est si forte, si intense, que de profonds liens se nouent entre les êtres. Nous seront toujours liés par les évènements survenus au cours de ces JMJ, les bons et les mauvais souvenirs (qui deviennent des sujets de rigolade rapidement !). Ma vie a changé, ma foi s’est ancrée dans cette communion avec mes pairs.
Inoubliable, à ne pas rater. Je souhaite à tout le monde de vivre une telle chose, donc ça ne tient plus qu’a vous, venez à Rio !!!
Alice
– J’ai adoré ces JMJ. J’espère être à celles de Rio en 2013. Moi qui suis handicapée, ces JMJ m’ont émues parce que, dans mon groupe, on savait s’aider.
Marie-Camille
– « Au sein du groupe s’est formée une solidarité, les plus fort physiquement aidaient les plus faibles a porter leurs sacs. Nous formions comme une petite Eglise avec à sa tête notre prêtre qui par la messe et la prédication en faisait l’unité. Quand nous avons rejoint l’ensemble des français à Barcelone, nous formions alors l’Eglise de France, puis arrivé à Madrid rejoignant l’ensemble des nations, nous formions alors l’Eglise Universel, cette Eglise qu’on dit « catholique » parce qu’ouvert à tout les peuples. Et même si dans ces 3 églises, les relations étaient différentes, d’une manière certaine, chacune était porté vers Dieu, et voir cette union en Dieu de toutes ces personnes pourtant si diverses, donnait une vision de l’Eglise toute renouvelée. On pourrait croire que les Saints ont des vies pleine de lucidité, pleine de lumières, de certitudes ; on pourrait croire que les Saints ont perdus leurs qualités d’Homme tellement ils sont proches de Dieu. Mais non, le Saint est tellement homme, tellement femme, les doutes peuvent le ronger, certaines questions existentiels peuvent le tourmenter ; les Saints sont simplement des cœurs qui ne cherche plus que Dieu, qui n’ont plus d’idée en tête que Dieu, qui ne cherche plus qu’a plaire à Dieu ; c’est ce qui en fait des personnes si remarquables, mais à côté de ça, il lutte constamment avec eux-mêmes, le « monde », et le « Diable » ; il souffre de leurs imperfections et de leur péché, mais leur cœur recherche tellement Dieu qu’il sont presque aspirés en Lui. Et moi, suis-je prêt à combattre pour « ma » sainteté ? La Sagrada Familia nous montre comment un Homme par son travail peut rendre gloire à Dieu. Evidement ici, l’œuvre est immense, et d’ailleurs elle est le fruit d’un labeur commun entre les désirs de l’architecte et la réalisation concrète qu’en font les ouvriers. Vraiment le résultat est scotchant. On se dit que si dans chaque chose que je fait dans ma vie j’arrive à mettre un peu d’Amour dedans, tout mon travail qu’il soit manuel, intellectuel, devient sanctifiant ; il me permet de rendre gloire à Dieu, de lui montrer que sa petite, toute petite créature, si faible, si vulnérable, si incapable fait tout ce qu’il lui est donner de pouvoir faire pour l’aimer lui, les autres, la création. Jésus nous dit : « aimer vous les uns les autres », je crois que le travail est un des instruments les plus importants pour réaliser ce commandement, car il nous oblige à nous fatiguer, à souffrir « pour ceux que j’aime », pour ma famille, pour montrer l’exemple à tel ou tel ami, pour préparer l’anniversaire ou le mariage de tel autre, pour réparer l’erreur qu’à fait mon fils, pour construire la futur maison dans laquelle je vivrais avec ma femme, parfois même lorsqu’il devient long, exaspérant, répétitif ; le travail devient alors la preuve de notre amour. Le travail nous permet d’aimer ! C’est l’acte qui traduit le « Je t’aime » !
Louis
– Le moment que j’ai préféré est dans le car, car on voyait défiler les maisons, les paysages, l’inconnu... Après la France qui est belle, l’Espagne m’a parut différente, encore en phase de construction avec ses multiples espaces de travaux. Le car a eu plusieurs péripéties : cahots, freinages, mauvaises directions prises, longueurs... Mais ce n’était pas grave, c’était normal. C’est comme la pluie, le vent, le soleil.
Parmi les connaissances, il y avait des personnes que je connaissais et des nouveaux venus. Je les ai observés dans leurs différences. Les débuts ont été laborieux dans les échanges. Mais petit à petit, nous nous sommes familiarisés les uns avec les autres et nos échanges ont été fluides. Cela vient des JMJ, de la grâce des JMJ !
Arrivés à Barcelone, nous étions hébergés à la Chapelle de la Médaille Miraculeuse. Ce lieu était beau ! On a visité de belles églises, une avec deux de belles tours, et celle de Gaudi qui m’a fasciné. Les avenues étaient larges comme en Amérique. Ce qui était dommage c’est que dans le groupe, chacun voulait organiser des activités de son côté. Mais, j’ai pris mon courage à deux mains : grâce au Père, à un moine interprète, Myriam qui organise bien, le groupe a été plus uni. J’en ai été soulagé. Mais, j’ai vu dans le groupe des personnes plus faibles qui avaient des problèmes : de la fatigue, des douleurs aux genoux, et notamment deux personnes sourdes U. et M. (qui ont des problèmes de vue qui avec le temps baisse). J’ai fait mon possible pour les aider, comme je l’ai toujours fait. L’esprit de partage, quoi ! C’était bien. A Madrid, il y avait plein de monde. Des anglais, des espagnols, des allemands... j’étais content de voir tous ces étrangers, je jubilais... Mais, il y avait la canicule. Dans la foule, certains s’évanouissaient un à un. Les secours venaient les transporter. Je priais pour qu’il y ait un peu de pluie, un peu d’air. Ces personnes avaient le courage de venir dans un pays plus chaud.
J’avais envie de voir le Pape en personne. C’est dommage, je ne l’ai pas vu. Aux précédents JMJ à Cologne (en Allemagne), je n’ai pu apercevoir le Pape qu’au loin. Plus tard, le samedi soir, il y a eu la pluie. Il a fait froid. J’ai vu E. qui a des problème de vue, mouillée, trempée jusqu’aux os, grelottant de froid. J’en ai été profondément touché. J’ai tout compris. J’ai aussi été touchée par son courage quand elle se déplaçait dans la foule avec confiance sans bien voir et aussi à un autre moment heureux, quand le samedi après-midi, j’ai vu la mère et la fille (E. et sa fille), jouer et danser ensemble. Elle en oubliait ses problèmes de vue. C’était touchant.
A la fin, le dimanche matin, la messe de clôture a eu lieu. Chacun est parti de son coté en pensant que c’était bien. Tout le monde a reçu quelque-chose des JMJ. A la fin, toutes les personnes m’ont embrassé très fort. Il y a eu beaucoup d’échanges, j’en ai été très content.
Je veux encore y revenir une troisième fois aux JMJ, c’est à dire aux prochaines du Brésil en 2012.
Pour les prochaines JMJ, il faudra préalablement une bonne préparation pour que le groupe reste bien ensemble et uni. Je peux aider pour cela.
Quand nous sommes revenus en car, j’avais envie que cela dure, que cela dure... de continuer à bavarder, à échanger... Quand il y a eu une crevaison de la roue, j’en ai été content ! Ainsi, on a pu continuer à bavarder ! Arrivé à Paris, mon état d’esprit a changé : j’ai beaucoup pleuré, beaucoup pensé aux deux personnes sourdes U., pendant quatre jours. Je m’interrogeais : “Comment feront-elles plus tard quand la vue baissera encore ?” Après, avec la prière et l’adoration, j’ai été apaisé. Mais plus tard, je continuerai à les aider comme je peux. Continuer à prier, c’est mieux ainsi... Je prie et j’espère... et je cherche... C’est long... je cherche la signification de la croix... je cherche... oui, j’y crois, mais qu’Il se révèlera, je ne sais pas encore...
Mokrane, Kabyle, Hauts-de-Seine, a reçu le baptême en 2006 , groupe des jeunes sourds
– A Barcelone j’ai bien visité, tout s’est bien passé, sauf que je n’avais pas envie de manger des sandwiches tous les jours…
A Madrid, après les catéchèses, nous avons manqué de temps pour les échanges. Pas de chance ! Mais pendant les messes j’étais content de voir la traduction en LSF sur les grands écrans. Par contre, je n’ai pas aimé être sur des emplacements fermés avec des grilles… j’avais l’impression d’être dans une cage à poules !
Le week-end il y a eu la pluie mais ça s’est quand même bien passé. Ça nous a rafraîchi !
C’est dommage qu’on n’ait pas eu beaucoup de vraies rencontres avec les sourds des autres pays. Les langues des signes sont différentes, on peut se comprendre mais cela demande du temps.
Au retour, la visite d’Avila a été courte car notre car a eu un pneu crevé. Je n’ai pas pu acheter de souvenirs.
Philippe, Val-de-Marne, groupe des jeunes sourds
– Ce voyage m’a beaucoup ému, et m’a fait comprendre à quel point les personnes pouvaient être solidaires en elles. Eh oui, ayant de graves problèmes de vue comme vous le savez, j’ai énormément apprécié le fait que, chacun votre tour, vous m’avez aidée à me diriger lors des longues marches. Je voulais tellement participer à ce rassemblement chrétien, mais j’avais peur que je sois une gêne. Mais finalement, je me suis rendue compte à quel point vous étiez chaleureux, et tout s’est bien passé ! Je vous en remercie beaucoup ! :D
Je me suis beaucoup amusée aussi, que ça soit nos discussions animées, les différentes visites de Madrid et, surtout, quand on m’a obligée à danser ! L’ambiance était vraiment bonne et sympathique, malgré le monde et la fatigue qui pouvait y régner. ( :
Mais surtout, et principalement, je me suis sentie bien. A voir tous ces jeunes du monde entier venus dans le même but : s’approcher de Dieu et renforcer sa foi. C’était impressionnant, mais il faut continuer dans cette voie-là ! Pouvoir chanter, prier et participer à des activités en communauté, c’était super. Et le fait qu’il y ait un groupe spécialement pour les sourds avec des interprètes etc... Je ne pouvais que sourire !
Grâce à vous, j’ai eu beaucoup de souvenirs qui me font chaud au cœur. Merci à vous tous ! Je vous aime !
Et comme dit l’hymne des JMJ : "Firmes en la Fe !"
Encarnacion, Seine-et-Marne, groupe des jeunes sourds
– Je participais pour la première fois aux Journées Mondiales de la Jeunesse après avoir raté à Sydney et Cologne. Enfin, j’étais à Madrid. Ça m’a touché de voir tous les drapeaux des pays du monde entier pour réunir UN monde de la foi.
J’ai également beaucoup apprécié d’écouter des catéchèses de la part des évêques, que nous n’avons pas l’habitude de rencontrer. Je suis surprise que les jeunes ont pu leur poser des questions.
La veillée du samedi soir m’a laissé un souvenir dingue : une tempête, face à laquelle les pèlerins ont réagi par des prières et des chants, sans gâcher la soirée.
Le Pape ne nous a pas abandonné à cause du mauvais temps.
Pour nous, c’est notre plus beau cadeau !
Paméla, 28 ans, Lyon, groupe des jeunes sourds
– Je suis venu aux JMJ grâce à une Xavière qui m’a indiqué le groupe JMJ sourds avec lequel j’ai pris contact pour m’y inscrire pour participer à ce bel évènement que je redoutais avant, car je n’étais pas du tout habitué à croiser un aussi grand nombre de personnes. Mais il faut reconnaître que l’ambiance de ce rassemblement catholique n’a rien à voir avec celui du foot. Sans cela, je ne serais sans doute jamais allé aux JMJ.
Ces JMJ m’ont apporté un regard neuf sur le catholicisme qui me semblait sur le déclin tellement je voyais peu de jeunes dans les paroisses en province.
J’ai découvert qu’il existait pour les sourds la possibilité d’aller à un tel rassemblement grâce au beau travail de l’équipe qui nous a permis d’aller vers Dieu via les JMJ.
J’ai participé avec d’autres sourds car j’avais peur de me sentir exclu des JMJ, donc de la foi, comme cela aurait été le cas avec les entendants. J’ai l’impression d’être un fardeau pour les valides, ce qui m’a fait choisir le groupe JMJ sourds ; mais aussi pour mieux connaître le monde des sourds que je connais mal, travaillant en milieu ordinaire.
Je la vis difficilement ma foi en étant sourd dans l’Eglise, car ne pas comprendre la messe est très frustrant. C’est une forme d’exclusion, qui me contraint à me claquemurer chez moi.
Il faudrait équiper les paroisses de box TV pour les sous-titrage lors des messes (ces sous-titrages seraient chargés avant chaque messe par la paroisse) ainsi que de boucle magnétique comme à l’église du collège de la Purissima à Madrid pour pouvoir partager la foi qui ne peut pas se vivre seul.
Pour l’avenir, j’ai envie d’une meilleure technologie pour une meilleure intégration des personnes sourdes dans la société mondiale, pour que nous puissions vivre en toute quiétude avec le même Dieu. Et de nous retrouver pour de nouvelles super JMJ à Rio...
J’espère pouvoir retrouver le groupe un jour pour une messe si je passe à Paris un de ces jours. Les JMJ ont été un un des moments les plus émouvants de ma vie, tellement c’était beau de voir tous ces jeunes faire la fête catholique et tous ces volontaires espagnols qui nous ont si bien accueillis...
Un grand merci pour l’accompagnement lors de ces fraternelles journées !
Pascal, 32 ans, Aix en Provence, groupe des jeunes sourds
– Cela a été un formidable cadeau pour moi de vivre ces JMJ. J’ai vraiment savouré la chance que j’avais d’y participer. Je fais l’expérience toute l’année que, en tant que jeune adulte malentendante, il est difficile de s’intégrer pleinement dans sa paroisse ou dans un groupe de prière ; je me sens souvent isolée. Je ne voulais pas vivre cela aux JMJ, c’est pourquoi j’ai fait le choix délibéré de partir avec d’autres sourds. On pourrait dire que cela fait un peu ghetto, qu’il faut se mélanger ou qu’on avance en terrain connu... et bien pas du tout. Car si nous nous ressemblons sur notre façon de vivre notre handicap auditif, nous ne sommes pas dispensés d’aller à la rencontre et à la découverte les uns des autres ; car tous différents par les origines, l’histoire familiale, les caractères...
Et c’est par l’intermédiaire des membres de mon groupe que j’ai reçu de belles "leçons" de foi. Je pense notamment à la veillée à Cuatro Vientos. Quand l’orage et la pluie sont arrivés, j’étais vraiment dégoutée d’avoir laissé mon pull et mon poncho à l’hébergement. Ma voisine, aussi frigorifiée et trempée que moi, qui regardait le pape sur l’écran, m’a dit tout à coup : "on va tenir bon, on ne va pas l’abandonner !" Ces paroles ont profondément résonné en moi. Et si on me demande maintenant quel souvenir je garde de cette nuit, ce n’est ni à l’orage ni à la pluie que je pense, mais à la sensation très paisible qui a suivi, et au chemin de la lune dans le ciel. J’espère pour l’avenir que dans les moments de doute et de trouble, je saurais faire jaillir de mon cœur ces paroles pour Jésus : Je ne vais pas t’abandonner.
Tiphaine, 37 ans, Lyon, groupe des jeunes sourds
– Depuis mardi, je suis arrivée bien à Brest, je vois le temps qui est triste et il pleut depuis que nous avons quitté l’Espagne et que nous nous sommes séparés des amis qui me manquent....
Mes parents me disent qu’ils sont OK et je partirai JMJ Rio en Amérique, YYYYYeAh !
Je suis venue aux JMJ pour connaître des personnes sourdes, j’adore voyager, aussi visiter la ville et un peu pour prier.
J’ai découvert la ville de Madrid, la mairie, le palais royal,... Avant, je ne connaissais rien en Espagne et maintenant, je connais mieux !!!
Avant, je suis allée deux fois en pèlerinage à Lourdes avec les jeunes bretons (entendants), ces jeunes sont vraiment sympas de m’aider pour traduire en écrivant quand on était à l’église.
Mais je m’ennuyais parce qu’il n’y avait pas de LSF [Langue des Signes Françaises] ; donc, je pense que c’est mieux avec les sourds donc c’est super !
C’est mieux de chanter en LSF mais je trouve les signes de LSF différents entre la Bretagne et Paris Par exemple : Amen et pape sont différents.
Plus tard, j’ai envie de travailler dans la poterie mais les 6 personnes de Bretagne disent que c’est impossible ; cela peut seulement être un loisir... Je rêve toujours d’avoir un diplôme de BMA poterie mais je dois patienter parce que là, je prépare un Bac pro pendant 3 ou 4ans.
Maureen, 19 ans, Brest, groupe des jeunes sourds
– Moi aussi me voilà de retour, je suis un peu triste de vous quitter après une incroyable aventure avec vous en Espagne :)
Je suis ravi de trouver des personnes sourdes avec qui je peux partager la joie de la foi... J’espère que vous êtes tous bien arrivés et que vous allez raconter tout ça à vos proches !
Florent, 25 ans, Paris, groupe des jeunes sourds
– Alexandre 24 ans, jeune sourd parti avec son diocèse de Nancy, a rejoint le groupe des jeunes sourds à Cuatro Vientos.
Alexandre était ravi d’enfin rencontrer de jeunes catholiques qui parlaient dans la même langue que lui, de pouvoir se confesser auprès d’un prêtre qui le comprenne, de pouvoir vraiment suivre la messe, et de rencontrer des jeunes catholiques du monde entier avec lesquels il puisse communiquer, apprendre de nouveaux signes plus précis...
Et quant à nous, nous avons reçu une belle grâce ce jour là :
c’était notre anniversaire de mariage, et pour nous, cela comptait énormément de pouvoir communier en ce jour si important. Nous avons été très déçus quand nous avons appris que ce serait impossible en raison des destructions causées par la tempête... et nous avons littéralement pleuré de joie quand nous avons vu que la communion était donnée dans ce carré ! Cela nous a énormément touchés... Nous qui pensions rendre service à Alexandre, en réalité, c’était le contraire !
Marie et Florent, accompagnateurs d’Alexandre
– Je suis sourd profond oraliste : je ne pratique pas la langue des signes (L.S.F.) mais je la comprends un peu. Jeune, à l’école des sourds, j’ai appris à parler. Les lèvres de mes interlocuteurs sont mes oreilles.
Bénévole maquettiste à l’Aumônerie des Sourds en Alsace, la coopératrice pastorale, Geneviève Mettling, m’a incité à participer aux JMJ de Madrid avec le groupe des Sourds de Paris.
J’ai effectué des recherches sur internet et me suis inscrit. Le programme des JMJ me permettait de visiter un peu l’Espagne, de participer au moins une fois dans ma vie au plus grand rassemblement de la Jeunesse, en plus adapté aux sourds, et d’avoir une occasion pour approfondir ma foi.
Les catéchèses de la part des évêques, les témoignages, les rencontres, les échanges,... m’ont permis de mieux comprendre la foi et le rôle de l’Église.
Tous les jeunes se ressemblaient et se comprenaient. Pour les Sourds du monde entier, le barrage de la langue n’existe presque pas. Ils se comprennent et se font comprendre par des signes ou des mimes. C’était un grand moment de partage, d’unité, d’aide, de fraternité...
Lors de la messe à la Sagrada Familia célébrée par le cardinal André Vingt-Trois, j’étais émerveillé par l’union des drapeaux s’agitant, les chants & prières en LSF, la foi vivante de la jeunesse qui n’a pas peur d’affirmer sa foi.
Dans ma paroisse en province, la messe attire très peu de jeunes. J’assiste régulièrement aux offices sans pouvoir y prendre « corps » car je n’entends pas les lectures du jour et l’homélie. Le sourd est réduit à une prière personnelle dans son coin. Il aura communié, sa foi ne grandira pas mais s’affaiblira. Ma foi s’est donc un peu édulcorée avec le temps.
Aux JMJ, tout était différent. J’ai trouvé une Église jeune, vivante, rayonnante et communicante de la joie de Dieu qui a su rassembler des jeunes de toutes les nations. Pour alimenter ma foi, il me manque des échanges, des moments spirituels tels que les catéchèses des JMJ.
J’aimerais une Église plus accessible aux handicapés sourds, plus de temps d’échanges, de rencontres, de partage... afin d’approfondir ma foi.
En conclusion : c’était une expérience intéressante. Il n’y a pas de moment particulier à retenir car tout était super bien : une formidable expérience de fraternité. Elle m’a permis d’avoir une autre vision de la foi et de participer aux offices, catéchèses. Juste un regret : il me manquait des moments d’échanges après les catéchèses pour mieux comprendre et ancrer les paroles.
Et je tiens à remercier tous ceux qui ont organisé ces magnifiques journées et espère vous revoir à Rio en 2013.
Sébastien, 31 ans, Sarrebourg, groupe des jeunes sourds
– Grâce aux festivités épiscopales, et aux belles rencontres, j’ai compris mon souhait de faire perdurer la prière et de croire à l’importance capitale que représente l’être humain que nous sommes.
Je souhaite aujourd’hui revoir un prêtre afin de mieux savoir comment prier et garder toujours l’espoir qui m’a envahi le cœur et l’esprit lors de notre séjour commun.
J’ai été touchée par l’immense humanité de chacun de nous ; je comprends certes que cela veut dire que tout le monde peut changer et devenir fondamentalement bon.
J’étais repartie émue, tremblante à l’idée de quitter des jeunes qui me comprenaient à merveille, nous nous comprenions tous mutuellement d’ailleurs ; j’ai rarement vu depuis des lustres ce fond humain qui nous a habité tous à ce point.
J’ai repris le quotidien parisien, toutefois, quelque chose est définitivement transformé en moi ; j’ai compris que je me dois de respecter encore plus mon prochain : chacun est unique, chacun est différent, à nous de respecter cette singularité que nous sommes, c’est ce que j’ai retenu de très fort.
Quoiqu’il arrive, que nous soyons petits ou grands ; puissants ou pas ; nous devons craindre notre Dieu tellement aimant pour chacun de nous. Il est craint parce qu’il est plus fort que nous et sait ce dont nous avons besoin.
Enfin, dernier petit mot : vous étiez ma force tous, tant vous êtes gentils, tant vous m’avez touchée, vous m’avez boostée à tel point que vous me manquez tous déjà !
Anne, 38 ans, Paris, groupe des jeunes sourds
– Quand des sourds m’ont parlé des JMJ, je ne savais pas ce que c’était. J’avais un peu peur parce que que je ne connaissais personne et je n’étais jamais allée en Espagne. Je suis arrivée pour la première fois à l’école des sourds "La PURISIMA" à Madrid le 16 Août. J’ai rencontré beaucoup de sourds de différents pays. On a discuté, j’ai appris un peu de LSF en espagnol. On a discuté beaucoup et beaucoup rigolé. J’ai vu un pays très différent de la France. On a visité Madrid et j’ai appris beaucoup de choses. Et le pape est arrivé.
Il nous a parlé. Sous la pluie et le vent, il n’est pas parti.
Tout était traduit en LSF sur les grands écrans. J’adore voyager.
Peut-être que j’irai au Brésil en 2013 mais je dois beaucoup travailler et faire des économies. En attendant, au mois de mai 2012, je me fais baptiser, ce sera une grande fête !
_ Youi Mélaine, 24ans, Orléans, groupe des jeunes sourds
– Que de joies reçues pendant ces JMJ !!!
Parti avec le groupe CorT&Passy (525 jeunes de 17 à 30 ans), ces JMJ furent pour moi une magnifique expérience de rencontres, de partages, d’amitiés et de prières ; une aventure unique de l’Eglise unie autour du Saint-Père !
Je garde de ces journées espagnoles l’image inouïe de la jeunesse heureuse de se retrouver – en masse ! – pour rendre grâce de la présence de Jésus dans nos vies.
Je suis marqué par une chose : tout au long de notre parcours, les uns ont pris soin des autres ; tous ont eu une attention à l’autre. Ce fut particulièrement palpable au sein du « Pôle H », groupe qui réunissait 12 jeunes en situation de handicap et 40 accompagnateurs ; pendant 13 jours, le "Pole H" a vécu au rythme – et dans les conditions parfois précaires – des JMJ une magnifique aventure d’échanges et d’attention à l’autre. Et si c’était cela le vrai message de vie de ces JMJ ?
Tous les sourires échangés, les chants partagés, les temps de silence, les attentions portées aux autres, restent ainsi pour moi le témoignage vivant de la beauté de la jeunesse et de l’Eglise.
Louis, 29 ans
– Les JMJ de Madrid m’ont permis d’admirer à quel point l’Église est universelle, tout en respectant la diversité des peuples et l’unicité de chacun. Ce fut formidable de voir à quel point le Saint Père, pourtant si critiqué de par le monde, était aimé de ces jeunes ! La cérémonie du samedi soir me laisse un souvenir fou : un orage grandiose, face auquel les jeunes ont réagi par des prières et des chants, sans perdre courage mais faisant confiance à Dieu pour le reste de la soirée (enfin c’est ce que j’ai ressenti pour moi et ce que j’ai perçu de la part des autres). Le Pape nous a prouvé son attachement, son "enracinement" en Christ en refusant de partir, de nous abandonner à cause du mauvais temps, et je crois que ce fut notre plus beau cadeau ! Convertie depuis un an et demi, ces JMJ ont été l’occasion de prouver à ma famille que non, je ne suis pas “barge”, que non, l’Église, c’est pas un truc de vieux et de tristes enfermés toute la journée dans une paroisse, mais qu’au contraire, c’est un peuple rayonnant de la joie de Dieu, prêt à se bouger, à toute heure du jour et de la nuit, pour Le célébrer, sous toutes ses formes (Eucharistie, service, chants,...). Et l’envoi par le Pape est une mission qui me tient d’autant plus à cœur que je sais que si nous nous y mettons tous, nous mettrons "le feu au monde" ! Merci encore à ceux qui ont organisé ces magnifiques Journées, et je prie pour que nous restions tous "firmes en la fe" !
Claire, 17 ans
– Manuela a emprunté la "route Saint Ignace" à travers les Pyrénées pour rejoindre Madrid.
« Je n’avais jamais marché en montagne mais c’était une occasion pour moi de me mettre un peu à l’épreuve physiquement, dans une démarche de pèlerinage. Catholique de tradition, mais non pratiquante, j’ai retrouvé la foi et décidé de l’approfondir il y a trois ans, en allant au groupe Even de la paroisse. Dans le prolongement de cette formation, cette semaine m’a permis de continuer à découvrir l’importance du rôle d’accompagnement des prêtres, à qui il est possible de s’adresser simplement. Il est bon de vivre, durant ces quelques jours, un vrai temps de fraternité. Même quand les tensions apparaissent dans le groupe, on sent que la charité s’exprime. »
Manuela, 31 ans, St-Ambroise (11e) • Propos recueillis par Laurence Faure pour Paris Notre-Dame
– Ladislas a participé aux 26e JMJ
« Ces premières JMJ m’ont permis de découvrir l’universalité de
l’Église, car nous avons accueilli dans notre groupe des chrétiens d’Orient, dont certains avaient vécu les attentats de Bagdad en octobre dernier. Leur témoignage de pardon envers leurs persécuteurs
a été une grande leçon et un socle supplémentaire pour ma
foi. J’ai également beaucoup apprécié d’écouter des catéchèses de la part des évêques, que nous n’avons pas l’habitude de rencontrer et qui paraissent souvent très lointains : c’est rare de pouvoir leur poser des questions et leur enseignement a vraiment un poids. »
Ladislas, 17 ans, St-Philippe-du-Roule (8e) • Propos recueillis par Laurence Faure pour Paris Notre-Dame
– Paul-Emile a participé aux 26e JMJ
« Durant la veillée et la messe célébrée à l’aérodrome, j’ai été très touché par la grande présence de Benoît XVI. On voyait très bien, dans les moments où il nous laissait applaudir, où il se levait, ou encore fermait les yeux pour se concentrer, qu’il était là pour nous écouter. Il a voulu prendre le temps d’échanger avec nous. Ce qu’il a dit m’a conforté dans ma foi et dans la façon dont il fallait les vivre. Nous encourager à témoigner dans la simplicité, c’est nous encourager à annoncer l’Évangile tels que nous sommes, selon notre personnalité. Il n’y a pas un schéma du bon chrétien mais une multiplicité de bonnes volontés qui aiment l’Église et le Christ. Enfin, j’ai été très touché par la consécration de la jeunesse au Cœur Sacré de Jésus, qui nous a tous unifiés : je pense que chaque jeune présent s’en souviendra, surtout dans les moments plus difficiles. »
Paul-Emile, 20 ans, Ste-Odile (17e) • Propos recueillis par Laurence Faure pour Paris Notre-Dame
– Antoine a emprunté la "route Saint Ignace" à travers les Pyrénées pour rejoindre Madrid.
« J’ai reçu le baptême cette année, à Pâques. Partir avec des centaines de jeunes “cathos” me faisait un peu peur ;mais je réalise que c’est une chance de partager mon expérience avec d’autres croyants, car je suis isolé dans mon entourage quotidien. Leurs témoignages me font prendre conscience de l’impact que Dieu a
dans la vie de chacun. Lors de cette marche, j’ai aussi découvert une Église jeune et rayonnante. Enfin, je ferais n’importe quoi pour retrouver l’état de grâce qui a suivi mon baptême et qui s’est un peu édulcoré quand la vie a repris son cours ; ce pèlerinage est un moyen de le retrouver. »
Antoine, 21 ans, St-Pierre du Gros-Caillou (7e) • Propos recueillis par Laurence Faure pour Paris Notre-Dame
– Jean-Baptiste, 18 ans- paroisse St-François de Sales (17e)
« Je ne pratiquais quasiment plus depuis ma profession de foi : c’était devenu une plaie d’aller à la messe. Mais le fait de venir aux JMJ, accompagné de tous ces jeunes, est en train de changer radicalement mon point de vue ! A mesure que nous progressions dans la marche, j’ai eu l’impression de me rapprocher de Dieu, je suis devenu personnellement de plus en plus heureux, comme si un manque en moi se comblait. Rencontrer des jeunes heureux, qui n’ont pas peur d’affirmer leur foi, a été exceptionnel. La messe que nous avons vécue tous ensemble au sanctuaire de Nuria m’a beaucoup marqué et permis de réfléchir pour la première fois à cette question : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? ». Une question qui demande du cran. Pourtant je prends conscience qu’elle peut mener vers le bonheur. » • Propos recueillis par Laurence Faure pour Paris Notre-Dame
– Andrew, 18 ans, St-Gervais (1er)
« Ce type d’expérience me permet d’affermir ma foi, en prévision des moments difficiles où les doutes surgissent. J’ai beaucoup apprécié les temps de silence proposés par les frères et sœurs de Jérusalem durant la marche, qui permettent de se préparer aux JMJ. Et puis on se sent à l’aise au milieu de tous ces jeunes venus pour la même chose : on peut parler avec n’importe qui sans être jugé. Cette marche donne aussi une bonne image du diocèse ; surtout pour Paris, où l’unité n’est pas toujours palpable : chaque paroisse vit un peu dans son coin. Même chose pour les rencontres : à Paris, ce n’est pas évident de faire le premier pas pour trouver un groupe de partage. Ici, c’est plus facile. » • Propos recueillis par Laurence Faure pour Paris Notre-Dame