Le sens de Noël
Les réponses de frère Jean-Bénilde de l’abbaye de Tamié.
Quel est le sens de Noël ?
A Noël nous fêtons un anniversaire de naissance : il y a plus de 2000 ans, celle de Jésus. Sa vie, ses actions, ses paroles, sa mort et son retour à la vie a transformé l’existence d’une multitude d’hommes et de femmes de tous les temps et de tous les pays. À notre tour nous célébrons cette venue pour recevoir cet enfant qui nous est offert, cette vie qui nous est donnée. C’est le Seigneur, c’est Dieu lui-même qui s’offre à nous, à chacun de nous, pour nous faire vivre de sa vie.
Une femme qui met au monde un enfant, toute sa vie prend une autre dimension, tout ce qu’elle fait en est coloré. Elle trouve en elle une énergie renouvelée pour se mettre au service de ce don qu’elle a reçu, pour le faire grandir, s’épanouir. Elle-même en est enrichie intérieurement.
Cette vie que le Seigneur m’offre en son Fils Jésus, je ne peux la garder pour moi, elle jaillira dans chacune de mes actions les plus ordinaires, particulièrement dans les relations avec ceux qui m’entourent, aussi dans l’acceptation de ce que je suis, avec mes limites, avec mes blessures. Le Seigneur me fait confiance et me dit : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ! »
Dans la Bible, Dieu s’est révélé à Moïse comme un « Dieu de Tendresse, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité ». Aujourd’hui cette Tendresse se donne dans l’Enfant de Noël.
En l’accueillant je me laisse façonné par elle, dans la douceur, mais aussi dans la force. Elle est source d’espérance. Le semeur confie la graine à la terre et la neige la recouvre, mais le printemps la fera grandir et fructifier.
Comment fêtez-vous Noël ?
Pour fêter Noël, la veille nous commençons à 22h30 l’office de vigiles comme dernière préparation, avec les chants de psaumes, d’hymnes, avec des lectures de la Bible, des commentaires, avec des temps de méditation silencieuse. A minuit nous célébrons la messe solennelle avec la proclamation : « Je vous annonce une grande joie : un Sauveur vous est né ! » L’Eucharistie comporte aussi la mémoire de la mort de cet enfant devenu adulte et qui a été rejeté et tué par les hommes. Mais Dieu est fidèle et lui a rendu la vie pour qu’il continue à la transmettre. La vie est plus forte que la mort.
À 7 heures nous commençons l’office de Laudes pour louer le Seigneur pour le don qu’il nous fait, pour la venue de son Fils parmi nous. Tout semble être comme avant, mais tout est changé en profondeur.
Il faut accomplir quelques travaux dans la maison, terminer la préparation du repas avant de nouveau la messe en milieu de matinée. Avec Marie et Joseph, les parents de Jésus, avec tous ceux qui ont accueilli cet enfant, nous n’en finissons pas de nous émerveiller de la présence parmi nous du Seigneur.
Le repas est un peu particulier, le menu est amélioré et nous le prenons en parlant, ce qui est exceptionnel dans la vie monastique.
En début d’après-midi l’office de none nous rassemble quelques minutes à l’église.
Comme une mère ne se lasse pas de contempler son enfant, nous ne cessons pas de célébrer le Seigneur en tout ce qu’il fait pour nous, par les chants au chœur et par la méditation silencieuse et personnelle. L’après-midi y est consacrée.
La célébration des Vêpres à 17 h nous rassemble et unis aux chrétiens sur toute la surface de la Terre nous chantons encore notre Dieu.
Avant le repos de la nuit l’office de complies est plus calme, plus serein, nous nous remettons avec une grande confiance à notre Père plein de Tendresse.
Que souhaitez-vous transmettre de Noël au monde ?
Vivons dans la Tendresse, laissons-nous envahir par elle, elle nous décrispera intérieurement et nos relations seront progressivement transformées. Acceptons qu’il faille du temps à une vie pour grandir, pour s’épanouir, en nous et autour de nous. Une vie est riche d’espérance.
Que faire à l’approche de Noël et à Noël ?
Un enfant venu au monde est porteur de possibilités encore inconnues. Il faut se laisser surprendre par la vie qui nous est offerte. Les difficultés quotidiennes sont toujours là : les habitants de Haïti, ceux des pays en guerre le savent, les chômeurs, les migrants, les exclus de notre société les vivent douloureusement.
Soyons plus attentifs à ce qui germe, aux petits signes de changement en nous et dans les autres et cultivons-les pour qu’ils s’épanouissent en surcroît de vie, de joie et de paix.
Propos recueillis par Ariane Rollier.