Ce que vous avez toujours voulu savoir sur Noël

Paris Notre-Dame du 17 décembre 2009

Jésus est-il né un 25 décembre ? Quand les crèches apparaissent-elles ? Le sapin de Noël a-t-il un caractère chrétien ? Voici, en quelques mots, les réponses à vos questions.

D’où vient le mot Noël ?

Ce mot vient de l’adjectif latin « natalis », qui signifie « relatif à la naissance ». Au fil des siècles, la prononciation du mot a évolué en « nael » puis, à partir du XIIe siècle, en « noël ». N’en déplaise aux commerçants, à Noël on célèbre d’abord une naissance, celle de Jésus.

Jésus est-il vraiment né un 25 décembre ?

Nous ne savons pas quel jour Jésus est né : aucun texte ne le précise. Cette date est donc tout à fait symbolique : elle n’a d’ailleurs été fixée en Occident qu’au IVe siècle. Dans un but bien précis ! A cette époque, les Romains rendaient un culte au « Soleil invaincu », le 25 décembre, au moment du solstice d’hiver quand les jours recommencent à croître. Impossible de rayer cette fête du calendrier, tant elle était populaire. Alors les chrétiens l’ont christianisée. En arrêtant le jour de la Nativité au 25 décembre, ils annoncent que la vraie lumière vient d’une personne : Jésus.

Pourquoi fête-t-on Noël à minuit ?

Cette heure est également symbolique : minuit marque le début d’un jour nouveau, le passage des ténèbres à la lumière. Elle rappelle un texte de l’Ancien Testament : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort, la lumière a resplendi » (Isaïe 9, 1). Pour des raisons pratiques, la messe de minuit est aujourd’hui souvent dite dès 19h.

Jésus est-il né dans une crèche ?

Seuls deux évangélistes relatent la Nativité : Luc et Matthieu. Saint Luc, qui donne le plus de précisions, écrit : « Elle [Marie] mit au monde son premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. » Le mot « crèche », « cripia » en latin, désigne la mangeoire. Par extension, il désigne le lieu de la naissance de Jésus, peut-être une grotte aménagée en étable. Mais saint Luc veut surtout dire que Jésus n’est pas le roi puissant que l’on attendait pour restaurer la grandeur d’Israël ; il naît dans la pauvreté !

Y avait-il un âne et un bœuf ?

Ni saint Luc ni saint Matthieu ne parlent d’âne et de bœuf. Cette tradition d’introduire un âne et un bœuf dans les représentations de la crèche apparaît dès le IVe siècle. Saint François d’Assise (1182-1226) les fait figurer dans une crèche vivante en 1223, à Greccio (Italie), mise en scène dans une grotte. Il aurait ainsi voulu rendre la Nativité plus parlante aux habitants de l’Ombrie.

On dit que saint François d’Assise a inventé la crèche. Est-ce exact ?

Ce n’est pas tout à fait juste. Dès le XIIIe siècle, on sait que des jeux scéniques ou « mystères », dans lesquels des fidèles miment la Nativité ou les Évangiles, sont organisés dans les églises, puis sur les parvis.

Quand apparaissent les premières crèches avec figurines ?

Elles apparaissent dans les églises, au XVIe siècle. Ce sont les ordres religieux qui encouragent leur installation. Les crèches familiales font leur apparition en France au XVIIIe siècle, dans les maisons bourgeoises. Quant aux crèches provençales, leur essor est dû… à la Révolution française ! Fin décembre 1791, en effet, les autorités de Marseille ferment les églises. Les fidèles ne peuvent plus aller contempler Joseph, Marie et Jésus. Le Marseillais Jean-Louis Lagnel a alors l’idée de mouler en terre des « santons » (c’est-à-dire des « petits saints ») dans de l’argile.

Les mages ont-ils vraiment existé ?

On sait peu de chose sur ces personnages. L’évangéliste Matthieu évoque des « mages venus d’Orient » (Mt 2, 1), sans préciser leur identité. Les premiers chrétiens voient en eux des adorateurs du dieu perse Mithra. Au fil des siècles, ils vont les qualifier de « rois », en référence notamment au psaume 72 : « Les rois de Tarsis et des îles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande, tous les rois se prosterneront devant lui. » Puis ils vont leur donner des noms – Gaspard, Melchior et Balthazar – et, à partir du XIIe siècle, les associer aux régions du monde connues à l’époque : l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Ces personnages représentent les nations païennes qui accueillent Jésus avec simplicité.

Dans les maisons, on trouve aussi un sapin. A-t-il un caractère religieux ?

On peut voir un sapin de Noël sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame ainsi que sur la place Saint-Pierre à Rome. Pour Jean-Paul II, le sapin « rappelle l’arbre de la vie, figure du Christ, don suprême à l’humanité » (Gn 2, 9). Dans de nombreuses civilisations, le sapin symbolise la vie. C’est à partir du Moyen Âge qu’il fut surtout utilisé, dans les drames liturgiques, où il faisait notamment référence à l’arbre de vie du jardin d’Eden.

A Noël, les églises sont pleines. Est-ce la plus grande fête de l’année pour les catholiques ?

Pour les catholiques, la plus grande célébration de l’année est Pâques, fête de la résurrection de Jésus, de la victoire de la vie sur la mort. Cela dit, Noël est une très grande fête dans le calendrier chrétien, liée à celle de Pâques. Les circonstances dans lesquelles naît Jésus annoncent déjà les événements qui vont suivre. Beaucoup d’icônes de la Nativité représentent d’ailleurs la mangeoire comme un autel et un tombeau. Pour les auteurs de ces œuvres, on ne peut comprendre Noël que dans la perspective de la Passion et de Pâques. • Bénédicte Hériard