Fin de vie : la voix des prêtres de Paris

Plusieurs vicaires ou curés de paroisses parisiennes ont consacré leurs éditos à la question de la fin de vie. De quoi nourrir notre réflexion.

Saint-Étienne du Mont (5e)

Nous voici donc en Novembre, pour nous : dernier mois de l’année liturgique. Pédagogiquement ce mois est enserré par deux grandes fêtes : La Toussaint qui nous redit le but de notre vie : la vie en Dieu et la fête du Christ-Roi de l’Univers qui nous montre Celui qui est avec nous jusqu’ à la fin des temps !
Précisément en ces dimanches, notamment à travers les lectures l’Église nous parle de notre fin ultime : que deviendrons-nous après la mort ? Reconnaissons que nous évitons trop souvent cette question, notre imaginaire étant habité par des écrits ou des scènes moyenâgeuses de jugement, condamnation qui nous nous font jouer sur la peur orchestrée par des fêtes païennes qui s’imposent dans notre société sécularisée. Avouons que les bonbons infantilisants ont un goût amer face à la réalité. C’est cette même potion qui nous est servie lorsqu’on nous parle de « mourir dans la dignité » ... « du droit à la mort » ... « du suicide assisté ». Cette même société qui il n’y a que quelques mois encore interdisait aux proches d’accompagner ses défunts a désormais trouvé une parade économique : pour que la vie coûte moins cher, il suffit de l’arrêter ! Quel progrès...déjà au temps de Noé « mangeons et buvons » (Mt 24,38...) La mort biologique fait partie de la vie mais l’être humain n’est pas qu’un ensemble de cellules, il reçoit la vie d’un Autre, c’est toute sa grandeur. La dimension spirituelle de toute vie humaine en fait sa valeur incommensurable. Que deviendrons-nous après la mort ? C’est une question pour aujourd’hui : comment je vis de mon baptême ? « Le Seigneur ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion » 2P3,8. C’est bien au nom de ma liberté, la part qui me revient. Toute notre vie terrestre nous est donnée pour répondre au Seigneur qui nous a appelé à la Vie. Toute notre vie pour le choisir, pour l’aimer. Jusqu’à l’instant de notre mort. La prière de l’Église au moment des obsèques n’est jamais une sorte de « glorification » du défunt mais le rappelle de ce qu’il était pour Dieu : un enfant bien aimé depuis son baptême rendu visible par le cierge pascal et l’eau baptismale. L’Église demande alors avec insistance que son Père et Créateur lui manifeste sa miséricorde. Telle est notre Espérance plus forte que la mort. Qu’Il est bon de raviver notre foi en la vie éternelle qui débute avec notre premier souffle pour attiser notre désir du Ciel et aimer la Vie reçue ! Nos contemporains attendent notre témoignage.

Père Denis Metzinger, curé

Notre-Dame des Champs (6e)

Mourir
« Nous devrions plus nous investir comme disciple du Christ, témoin du Ressuscité dans ce débat de société difficile « de la fin de vie », « de l’euthanasie et des soins palliatifs ». J’ai le sentiment plus ou moins confus que nous le mettons de côté, il n’intéresse personne.
Il y aurait avantage, pour nous chrétiens, à entendre la souffrance du lépreux d’aujourd’hui enfermé dans son mal-être, isolé dans sa solitude, perdu dans sa perte de sens. Ce frère en humanité qui va ou veut en finir avec la vie, ne l’isolons pas par notre indifférence ou nos peurs.
S’il n’y a pas de solution simple, s’il faut nous garder de tout simplisme, au nom de notre responsabilité d’être humain, de chrétien, de citoyen, il y a urgence à se documenter, prier et partager notre réflexion.
Pour ma part, j’ai souvent pensé que je n’avais peur que de la souffrance, mais je vous confesse avoir peur de mourir. Devant la souffrance et l’épreuve de la mort, nous avons besoin de la douceur et la dextérité du soignant, de l’affection de nos proches, de la prière de nos frères. Nous avons besoin, affrontés au mal, d’être accompagnés vers la véritable Vie, d’autant plus que nous savons qu’elle passe toujours par l’épreuve d’une purification, d’une maturation, d’une libération, d’un abandon. C’est bien cela mourir, vivre l’épreuve d’un passage, vers la Vie. Ne laissons pas notre frère dans sa souffrance en oubliant le soin d’humanité à lui rendre, non en lui proposant une aide active à mourir mais une aide active à vivre jusqu’au bout. Ne l’abandonnons pas dans son angoisse. La vulnérabilité fait peut-être peur. Elle sollicite tant de ressources d’humanité ! Les personnes vulnérables ont besoin de relations emplies de respect, d’écoute, de patience, de temps.
Le soin, c’est un corps qui s’approche d’un autre corps. Une présence auprès d’un corps blessé et fragile. Métier difficile que d’assurer ce présent d’une présence soignante auprès des corps malades. Dans ce débat, considérons avec reconnaissance et respect le monde médical qui a besoin qu’on prenne aussi soin de lui.
Que le Seigneur inspire, dans notre prière, les mots, les gestes qui nous aideront à réfléchir, échanger et prendre soin avec sagesse de nos humanités en état de putréfaction. Il s’agit bien de cela avec la lèpre ! »

Père Benoît Bourgoin, curé

Saint-Louis d’Antin (9e)

Le médecin des corps et des âmes
« La lèpre, hier plus qu’aujourd’hui, était faussement regardée comme une impureté du coeur. Les lépreux étaient rejetés de la société, considérés comme des sous-hommes, responsables de leur maladie, punis par Dieu à cause de leurs péchés.
Parce que nous savons que cette croyance est fausse, il nous est difficile de reconnaître que nous sommes responsables de nos péchés.
L’amour est puissant, il guérit des péchés qui blessent toujours l’amour vrai de Dieu, de notre prochain ou de nous-mêmes. Les péchés sont cette lèpre qui nous conduit, par notre faute, à nous mettre à l’écart de nos frères.
Bien sûr, il existe encore trop souvent des hommes qui rejettent leurs semblables en raison de leurs péchés connus de tous, et il nous faut lutter avec force pour éviter de céder nous-mêmes à cette tentation.
Mais la mise à l’écart la plus douloureuse est sans doute l’auto-destruction à laquelle conduit le péché, il isole, enferme, rend égoïste, individualiste.

Nos contemporains ne vivent pas assez de la miséricorde, du pardon qui pourrait guérir leur cœur, ils souffrent toujours plus et se font souffrir les uns les autres. Ils perdent le goût de la vie, se suicident toujours plus, en particulier nos jeunes. Il n’est pas alors surprenant que nos gouvernants veuillent et parviennent à faire croire que le suicide assisté, l’euthanasie serait la solution !

Mais cette misère ne rôde-t-elle pas autour de nous ? Comment ne pas reconnaître en nous le virus de mort qu’est le péché ? Comment se fait-il que tant de chrétiens se satisfassent de demi-vérités, soient toujours moins fidèles à leur parole donnée, sinon parce qu’en plus de ne pas aller chez le médecin des cœurs (l’Église conseille de se confesser une fois par mois) ils manquent, comme 9 des 10 lépreux, de rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits. Comme eux, nous manquons de gratitude envers Dieu, comme si tout ce qu’il nous donne était un dû.
Rendre grâce, répondre à l’amour par l’amour, nous entraîne à répondre au mal par l’amour, par un pardon semblable à celui qui nous est donné. La bonne nouvelle n’est-elle pas d’être guéris et de pouvoir être instruments de guérison par nos pardons donnés ? »

Père Luc Reydel, curé

Saint-Martin des Champs (10e)

Réfléchissons à l’ombre de la sagesse
« Ceux qui ont un peu de mémoire, personnelle et historique, savent bien que les raisonnements des hommes peuvent aboutir à des résultats aberrants, bien que parfaitement cohérents au premier regard. Les prémices ont pu être mal posées ou l’enchaînement des arguments moins logiques qu’il n’y paraît... Il faut souvent du recul pour s’en rendre compte, et c’est le rôle de la sagesse d’aider les hommes à ne pas reproduire les erreurs du passé.

La sagesse est le patrimoine que nous ont légué les anciens, fruit de leurs réflexions et de leurs expériences. C’est le raisonnement humain éprouvé par ceux qui ont vécu avant nous. Ils savent les fruits de grâce ou de détresse des idées que les hommes mettent à l’œuvre dans l’histoire, dans leur propre histoire et dans l’histoire de leurs communautés. Certains aujourd’hui s’enorgueillissent de penser « à partir de rien >> ; ils sont d’autant plus dangereux qu’ils ignorent l’origine des idées qui habitent leur cœur.

Les questions éthiques auxquelles nous sommes confrontés sont nouvelles dans leurs aspects concrets, mais très anciennes dans leurs options fondamentales. Toutes celles qui touchent au début et à la fin de vie en particulier, sont des questions qui ont traversé les siècles. Nous avons l’impression que ces questions ont changé parce que nous pouvons, avec des limites, y apporter des réponses techniques. Mais, il n’y a pas de réponse technique à des problèmes humains. La technique peut accompagner, mais elle ne répond pas aux questions des hommes.
Avec nos concitoyens, nous sommes invités à réfléchir à ces questions. Ne jouons pas aux apprentis sorciers, réfléchissons à l’ombre de la sagesse, en écoutant ce que les anciens ont à nous dire sur la beauté de l’existence humaine, même lorsqu’elle est abimée, sur la manière de vivre les épreuves, de supporter les inconvénients de la vieillesse et de faire face à la souffrance physique ou morale. Sur tous ces aspects, beaucoup de choses dépendent de notre compréhension de la vie humaine et de notre espérance.

Quant à nous, nous croyons que chacun est voulu par Dieu, personnellement, dès sa conception. Nous croyons que notre vie a du sens, même si nous ne le voyons pas. Au Ciel, Dieu nous montrera le chemin parcouru, le fruit de nos efforts, de notre persévérance et de nos sacrifices, pour notre salut et le salut du monde. »

Père Stéphane-Paul Bentz, curé

Saint-Philippe du Roule (8e)

Novembre. Dans un feu d’artifice d’or et de pourpre, les feuilles des arbres s’envolent dans le vent d’automne. Le rythme des saisons demeure, pour nos pays tempérés, comme un repère fondamental de la vie. Aussi sûr que la nature s’endort à l’automne, elle s’éveillera au printemps. De même, comme dit Jésus, aussi sûr que le grain de blé tombé en terre doit mourir pour donner son fruit, aussi sûr la mort doit faire son œuvre en nous pour que la vie soit victorieuse. C’est notre espérance fondamentale. Essentielle. C’est ce qui donne du sens à tout ce que nous sommes, à tout ce que nous faisons. « C’est par la jalousie du Diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2,24), mais par la miséricorde de Dieu, la vie a triomphé. La toute-puissance de la miséricorde s’est manifestée dans le Christ : il a traversé la mort comme les Hébreux la Mer Rouge. Souvent l’homme a cru qu’il pourrait exploiter la nature et dominer sans fin sur la création. Mais il est obligé de reconnaître que c’est lui qui est dominé par plus fort que lui : les changements climatiques sont d’autant plus angoissants que que celui qui se croyait très puissant se découvre incroyablement fragile. Les saisons sont déréglées, mais les feuilles continuent de tomber ! De même, par tous les moyens, l’homme voudrait dominer la mort, mais les milliards investis n’y feront rien : il n’est propriétaire ni de la vie, ni de la mort. Et les lois que d’aucuns voudraient imposer sur l’euthanasie ou le suicide assisté ne feront qu’augmenter l’angoisse qui étouffe et étrangle notre société. Nos évêques ont mille fois raison de souligner qu’il s’agit bien plutôt d’aider à vivre dans la dignité, que de prétendre aider à mourir dans la dignité ! La mort est aujourd’hui LA question centrale pour notre monde. Et toutes les religions du monde, et toutes les philosophies du monde, se cassent les dents sur ce mystère insondable. Seul le Christ ouvre une porte. La porte de la Vie, ouverte par sa résurrection. Bien sûr, si l’espérance chrétienne projette une lumière formidable sur l’horizon, si notre avenir n’est plus dans la tombe, encore moins dans le néant, mais dans le ciel et dans la vie de Dieu, avec lui et en lui, les arrachements humains n’en demeurent pas moins terriblement douloureux, toujours. C’est ici que la miséricorde n’est plus seulement une jolie doctrine, mais la mise en œuvre concrète de l’amour et de la tendresse. Elle console, elle réchauffe, elle encourage. Et parce que le monde souffre si durement, il nous faut d’urgence des missionnaires de la miséricorde. Des chrétiens qui se laissent baigner dans la miséricorde pour en devenir les témoins autour d’eux ; pour devenir à leur tour les instruments de cette miséricorde. Des chrétiens qui ne critiquent pas le monde, mais qui le regardent avec tendresse. Des chrétiens qui ont vaincu la mort par la foi au Christ et qui deviennent contagieux de cet amour qui les enflamme. Ah oui, je voudrais crier tout autour de moi : « Si tu savais le don de Dieu ! » Oui, vraiment, « Quel malheur pour moi si je n’évangélise pas ! » (1 Co 9,16) J’entendis la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6,8) Pour le 170e anniversaire de la dédicace de notre église, dimanche prochain, relevons le défi : que se lèvent 170 missionnaires de la miséricorde pour Saint-Philippe-du-Roule !

Père François Potez, curé

Notre-Dame du Travail (14e)

Seigneur augmente en nous la foi
« Les Apôtres qui ont entendu l’exigence de Jésus en matière de miséri-corde lui demandent d’augmenter en eux la foi car cela dépasse ce à quoi ils sont prêts. La réaction est intelligente et inspirante. Au lieu de se décourager et de penser « c’est trop dur, je n’y arriverai pas », ils demandent au Christ son aide ; comme le dira plus tard st Augustin « donne-moi ta grâce, Seigneur, et demande-moi ce que tu veux ».
Cependant l’évangile selon st Luc rapporte une parole particulière de Jésus. Il ne leur dit pas « vous avez bien raison de demander la foi car vous n’en avez pas », il ne leur dit pas non plus « ne demandez rien ». Il les invite à oser mettre en pratique la foi – si petite soit-elle - qu’ils ont déjà.
Tandis que dans les évangiles de st Matthieu et de st Marc, la condition d’avoir la foi grosse comme un grain de moutarde n’est pas réalisée, en st Luc la formule grammaticale grecque employée indique qu’elle l’est. Le nœud du problème est qu’ils n’osent pas s’appuyer sur elle. Ils pourraient pourtant faire des merveilles s’ils dépassaient cette hésitation. Il y a un piège à penser qu’on n’est jamais en mesure de s’engager parce qu’on pourrait toujours recevoir une formation de plus.
Notre monde a besoin, aujourd’hui, de notre témoignage. Notre monde a besoin du témoignage de la puissance de la vie du Seigneur Jésus, plus forte que les enfers. Sinon, il ne propose face à la détresse humaine que la solution de la mort : en cas de difficulté, le choix est fait de supprimer l’être humain qui la cause.
La tentation est forte chez les hommes politiques de notre pays de répondre aux complications de la fin de vie, non pas par le déploiement des soins palliatifs et l’accompagnement des personnes jusqu’à la fin de leur existence, mais par la suppression active de la vie ; quitte à instiller dans les esprits des malades une culpabilité de vivre.
D’autres, face à la détresse de femmes enceintes n’apportent comme secours que l’élimination de l’enfant à naître, au point de vouloir l’inscrire dans la Constitution. Est-il anodin de considérer que la suppression d’un être humain innocent puisse être un droit fondamental ? Il est difficile de croire que nous soyons si pauvres en solutions alternatives. À moins que certains, faute de savoir comment agir pour le bien de la nation, s’emparent à dessein de ce dossier en créant de l’agitation politique pour « se faire un nom », à la manière des hommes de Babel qui voulurent bâtir une tour qui perceraient les cieux…
Demandons au Seigneur d’augmenter notre foi pour apporter au monde notre témoignage, mais sachons intervenir dès à présent avec les dons qu’il nous a déjà faits

Père Gabriel Würz, curé

Saint-Léon (15e)

« Est-ce là la solution pour réaliser une bonne mort ? Je ne le pense pas… Pourquoi ? D’abord parce que l’interdit de tuer est structurant de la vie des hommes. Et Dieu le rappelle dans son commandement : « Tu ne tueras pas ».
Quand un homme demande à Jésus comment aller au ciel (« Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »), Jésus ne lui indique pas de se tuer ; il lui indique une autre voie : observer les commandements puis se fier tout entier à Jésus.
Lorsque des personnes arrivent en soins palliatifs avec un désir de mourir et d’en finir, le soin qu’on prend d’eux, la manière dont on les entoure fait souvent évoluer leur demande. La peur de la souffrance et la douleur elle-même peuvent être traitées autrement qu’en donnant la mort. Un accompagnement humain et un traitement approprié de la douleur peuvent conduire à vivre effectivement une vraie bonne mort.
Pour nourrir votre réflexion, je vous livre ces quelques lignes de Jean-Marie Hennaux s.j. dans Le mystère de la vie consacrée, p 28 :
Ce qui commande la vie et la mort de Jésus, ce n’est pas une quête mystique de Dieu. La mort n’apparaît pas chez lui comme le terme d’une telle quête ou l’accomplissement d’une recherche ascétique. Il n’est pas dit que Jésus a faim de Dieu, mais de "la volonté de Dieu" (4,34). Pour Jésus, vie et mort sont commandées par sa "mission". Mourir est un acte d’obéissance, tout simplement. Jésus ne peut pas et ne désire pas anticiper "l’heure" de sa mort. Celle-ci est totalement laissée au Père (cf. 2,4 ; 7,30 ; 8,70 ;12,23 ; etc.). "Il y a douze heures dans le jour" (11,9) et chacune a sa valeur, car en chacune la volonté du Père est présente. Aucun temps n’est donc déprécié ; chaque moment est unique dans sa valeur de grâce (cf. 12,35.36). "Quitter ce monde" est un acte d’obéissance exactement au même titre que "venir en ce monde". »

Père Emmanuel Schwab, curé

Saint-Pierre de Chaillot (16e)

Réflexion sur l’euthanasie
« Une loi sur l’euthanasie va probablement être votée. Cette loi profite du fait que la mort ne signifie plus grand chose pour nos contemporains.
1. Lors d’obsèques, il n’est pas rare que la famille choisisse le texte : « la mort n’est rien, je suis seulement passé dans la pièce à côté ». Ce texte n’a rien de chrétien.
2. Il existe aujourd’hui des représentations de l’au-delà qui sont tout sauf rationnelles. Ces représentations tiennent plus du mythe que de la raison. Le mythe ne peut rejoindre la réalité. La raison le peut. Elle peut, par exemple, admettre que l’expérience de communion faite par des milliards de croyants avec la Vie du seul vainqueur de la mort Jésus-Christ puisse leur offrir un avenir aujourd’hui et demain.
3. La mort n’est pas rien. Elle sépare. Elle brise une vie en y mettant un terme. Dans la mort, on n’a plus d’yeux pour voir, plus d’oreille pour entendre, plus de bouche pour parler. Tous ceux qui ont vécu un deuil savent que la mort met fin à la relation habituelle entre les vivants. Il n’est pas vrai toutefois que la mort soit la fin de tout. Ceux qui ont pu l’éprouver savent qu’une communion plus profonde entre vivants et morts s’instaure entre l’au-delà et l’ici-maintenant de notre existence présente. 4. Les progrès de la médecine et de la technique permettent de penser que la mort sera un jour vaincue. Du moins que l’on pourra prolonger la vie d’une manière quasi indéfinie. Il m’arrive de rencontrer des personnes très âgées qui ne songent pas du tout qu’elles puissent vivre les dernières années de leur existence. 5. La dislocation de la famille est pour beaucoup dans la volonté de précipiter la mort lorsqu’elle est irrémédiable. Mourir seul, désespéré, dans un lit d’hôpital ou un EHPAD ne représente pas la fin de vie la plus enviable. Alors que faire ?
 D’abord permettre que la fin de vie soit la plus humaine possible. Notre responsabilité devra donc être engagée concrètement auprès de nos familiers et du corps médical pour privilégier le choix de la vie sur la mort.
 Parler de la mort. En parler ne la rend pas plus amère, au contraire.
 Refuser la manipulation des sondages. Ils montrent qu’en fait 25% des sondés donnent comme priorité à leurs fins de vie l’euthanasie. 48% ne pas subir de douleur, 46% ne pas faire l’objet d’acharnement thérapeutique (sondage IFOP du 4 mars 2021). »

Père Jacques Ollier, curé