FRAT 2016 du groupe « Lourdes Amitié »- Témoignage d’Alice Planche, pilote de Marguerite
Je m’appelle Alice, j’ai 19 ans. J’ai eu la chance de vivre deux Frat à Lourdes en tant que jeune, l’un en 2012 et l’autre en 2014. J’ai beaucoup reçu lors de ces deux Frat et je dirais même que c’est lors de mon premier Frat que j’ai réellement découvert ma Foi d’adulte...
Cette année j’ai eu la chance de vivre le Frat autrement. Je suis partie avec le diocèse de Paris au sein du groupe Lourdes Amitié. Ce groupe était composé de 30 jeunes dont certains porteurs de handicap mentaux. Ce Frat a été encore une fois très riche et je souhaite partager mon expérience.
La joie
Durant ce pèlerinage, ce qui m’a marqué c’est la Joie ! C’est vraiment la première chose qui m’a frappé. La Joie de nos amis porteurs de handicap est sans filtre et si intense que parfois elle me faisait monter les larmes aux yeux. Les voir chanter, danser, rire, jouer m’emplissait de Joie. La Joie que je recevais n’était pas une excitation vaine mais une Joie profonde, une grâce de Dieu qui fait du bien.
Le dernier soir j’avais reçu tellement de joie tout au long de la semaine que je sentais tout cela dans mon cœur et, couchée dans mon lit, j’avais du mal à m’endormir. Mon cœur ne se désemplit pas de la joie que j’ai reçue !
L’amitié
J’ai pu tisser un très beau lien avec Marguerite ma co-pilote, j’en suis très heureuse ! Petit à petit on s’est fait confiance et on a trouvé l’équilibre entre amitié et accompagnement. C’est une relation de bienveillance dans les deux sens, et on donne autant si ce n’est moins que ce que l’on reçoit ! Ce n’est pas un échange en sens unique comme on pourrait se l’imaginer ; on ne fait pas que se donner, on reçoit énormément, c’est une véritable amitié à double sens !
A travers des gestes simples comme aller me chercher spontanément un verre de jus d’orange le matin, elle me montrait qu’elle aussi était heureuse d’être là et qu’elle me remerciait. Elle m’a aussi remercié simplement en me le disant et en me disant qu’elle était heureuse de ce Frat et il n’y a pas de plus beau cadeau de savoir que son copilote est heureux ! Dans le train, elle m’a fait cadeau de son casque rose que sa mère lui avait acheté pour se protéger du bruit notamment lors des célébrations, ce casque était tout le temps avec nous si je puis dire, car c’est quelque chose dont elle pouvait avoir besoin à tout moment et c’est pour moi très touchant de recevoir un tel cadeau ! Je crois que l’amitié entre le pilote et son copilote est forte car cette amitié est bâtie en Christ !
Il me semble que le nom de notre groupe : « Lourdes Amitié » était vraiment bien choisi ! Nous avons pu tisser des amitiés entre pilotes et copilotes, des amitiés entre pilotes et pilotes et des amitiés entre pilotes et accompagnateur, ce fut une semaine pleine de rencontres.
La foi
Cela m’a apporté dans ma Foi, à travers une telle expérience on voit à quel point le Seigneur peut être humain et concret. La simplicité et la vérité de nos amis ont rendu Dieu présent dans tous nos actes. Nous avons pu expérimenter cette phrase de l’Evangile “ chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Mt 25, 40) car toutes les petites choses qui paraissent simples car profondément humaines sont nécessaires pour eux et ils en ont besoin tant sur le plan pratique qu’affectif. Ils nous apprennent à mettre de l’amour dans chaque acte. Servir c’est aimer en acte. Ils rendaient la présence du Christ visible.
Leur Foi est aussi très spontanée, facile, évidente, simple. A un moment Marguerite sort de la salle où nous étions et s’en va car elle était émue. Je la retrouve dans la chapelle de l’hôtel à genoux en train de prier face au tabernacle, cette image était magnifique.
Ce qui nous nous parait complexe devient très simple avec eux. J’ai dû expliquer certaines choses à Marguerite comme le sacrement de la réconciliation ou le sacrement des malades et en cherchant à les expliquer avec des mots simples, ces choses qui me paraissaient compliquées sont devenues plus simples et encore plus vraies, plus belles. On image tout et on rend concret beaucoup de choses. Finalement nous avons aussi besoin de cette simplicité du cœur qui chez eux est spontanée.
Je me souviens d’un moment où le Père a dit "Jésus est mort et ressuscité" et un jeune a répondu "bah oui" pour nous cela n’est pas toujours évident, pour lui il n’y avait aucun doute…
La compassion
Une autre chose qui m’a frappé c’est leur si grande compassion. Ils sont malades et souffrent parfois de leur handicap et du regard que les autres peuvent porter sur eux mais ils sont doux et compatissants avec les autres. Dès qu’un seul se mettait à pleurer nous étions alertés par son voisin qui plein de compassion nous disait "il/elle pleure" et même si ce voisin en question n’était pas franchement leur ami. Ils se préoccupent des autres et prient plus pour les autres que pour eux. Lorsque je suis allée aux piscines de Lourdes avec Marguerite je lui ai dit qu’elle pouvait faire cette démarche pour elle, pour obtenir une grâce, une force particulière et finalement elle m’a dit que au moment d’entrer dans l’eau ses pensées allaient à sa sœur et à tout sa famille, j’ai trouvé ça si beau. Ce Frat m’a montré à quel point il fallait que nous sortions de nos petites contrariétés ! Ils ne se plaignent jamais et font passer les autres avant eux alors qu’ils souffrent ! Pourquoi sommes-nous incapables de faire de même ?
Se découvrir soi-même
Vivre ce Frat ainsi nous oblige à aller au-delà des limites que nous même nous nous étions fixées. Nous sommes obligés de sortir de nous-même et cela permet de nous trouver. Servir ces jeunes handicapés est un accélérateur de connaissance de soi même. Eux n’ont pas de filtre, pas de retenus, tout ce qu’il sentent ils l’expriment dans ce qu’ils sont et vivent leurs émotions pleinement, ils n’ont pas peur d’être eux même, ils ne se demandent pas ce que vont penser les autres, ils sont ce qu’ils sont et c’est ainsi que le Seigneur les aime ; c’est ainsi aussi que le Seigneur nous aime, et cela m’a montré à quel point je m’interdisais certaines émotions et à quel point nous nous interdisions parfois d’être heureux, nous ne profitons pas du moment présent alors que eux si ! Devant le Seigneur on ne peut pas tricher et eux ils nous apprennent à ne pas tricher, car ils sont vrais.
Changer de regard
Je crois qu’une telle expérience change forcement notre regard sur les personnes porteuses d’un handicap que celui-ci soit moteur ou mental. En effet les personnes fragiles ont tendance à être exclues de notre société alors que, en étant avec elles, on se rend compte qu’elles devraient être au centre ! Cela nous obligerait à bâtir quelque chose de vrai, or la société n’aime pas forcément le vrai, elle préfère l’apparence c’est pourquoi elle préfère les mettre à part...alors que la vérité est tellement plus belle ! Et les visages de ces jeunes sont si beaux, si vrais, leurs sourires sont si purs !
C’est une expérience qui nous apprend aussi l’humilité car notre action est discrète. Il faut apprendre à être humble devant ce copilote qu’on aurait peut-être jugé en dessous de nous avant et maintenant nous le plaçons au-dessus de nous parce que nos copilotes ont des trésors en eux, ils sont parfois bien cachés mais ils ont des trésors ! Et ils les partagent ! Cela nous apprend la tendresse.
Vivre la confiance
D’autre part ce Frat m’a appris à faire confiance. Confiance en l’autre car parfois seul on n’y arrive pas, on a besoin d’aide et pour se faire aider, pour accepter l’aide il faut faire confiance à celui qui veut bien nous aider. Il faut aussi faire confiance à Dieu, et à la manière dont les évènements se passent, car on ne sait jamais comment les choses vont se passer, il y a énormément d’imprévisible, alors il faut faire confiance simplement ; Faire confiance au Seigneur, faire confiance à Dieu même dans les choses les plus folles et je crois que pour s’inscrire en ne connaissant personne, et en ne sachant pas ce à quoi s’attendre, il fallait être un peu fou !
Du faire pour au faire avec
Au début, j’avais l’impression de vivre énormément de choses à l’intérieur de notre groupe mais de ne pas vivre pleinement le Frat. Puis j’ai réussi à percevoir ce que le Frat voulait nous donner, ce que les organisateurs voulaient nous transmettre sur la paix et sur l’engagement. En fait je pense que pour me rendre compte de ce que j’avais reçu par le Frat au travers des célébrations il fallait comprendre et accepter de vivre le Frat avec eux et non plus pour eux. Car en vivant le Frat pour eux on s’interdit presque de vivre le Frat alors qu’en le vivant avec eux on reçoit et du Frat et de leur présence dans notre groupe.
Conclusion
Je crois ne pas trop m’avancer en disant que ce Frat aura fait des miracles dans le cœur des accompagnateurs, des pilotes et des copilotes ! Des petits miracles presque invisibles mais qui comptent quand même comme par exemple le fait d’apprendre à profiter de l’instant !
Enfin je finirai par dire que plus on s’engage plus on a envie de s’engager ! Car vivre de telles expériences donne envie de recommencer !