Homélie de Mgr Philippe Marsset – Messe durant la Rencontre fraternelle du Presbyterium

Lourdes – Mardi 14 novembre 2023

 Voir le compte-rendu de la Rencontre fraternelle du presbyterium de Paris.

 Mardi, 32e semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire
 Sg 2, 23 – 3, 9 ; Ps 33 (34), 2-3, 16-17, 18-19 ; Lc 17, 7-10

Nous célébrons cette messe votive à sainte Bernadette mais nous avons gardé les textes du jour, et je trouve que quand nous avons, comme cela, des occasions un peu extraordinaires de nous retrouver, Dieu nous fait un cadeau d’unifier cette fête de sainte Bernadette, qui n’est pas celle d’aujourd’hui, et les textes. A travers cet Évangile des serviteurs inutiles, on a une image de sainte Bernadette ou de sainte Thérèse, qui ont enfoui leurs vies – qui, aux yeux des hommes, sont devenues inutiles – pour trouver un sens dans le don qu’elles ont fait, et surtout dans le don que le Seigneur leur a fait, de l’humilité.

A travers cette page d’Évangile, je reçois trois paroles d’humilité qui peuvent nous aider à vivre.

La première, c’est que Jésus, pour parler de ces serviteurs inutiles, commence par dire « Lorsque la journée est finie, le maître ne dira-t-il pas ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue de service le temps que je mange et que je boive’ ». Jésus a passé sa vie humaine publique à labourer la terre d’Israël, à retourner cette terre pour qu’elle accueille le Messie. Et Il aurait pu accomplir tout cela – Il l’a fait – dans la pleine fidélité à Son Père, mais encore la veille de Sa mort, Il s’est mis en tenue de service pour servir, et même laver les pieds de Ses disciples. Et donc, quand nous entendons « serviteurs », il faut d’abord entendre « Jésus serviteur ». Notre service à nous, pastoral, sacerdotal, et même diaconal – parce que nous restons tous des serviteurs diacres à l’intérieur même de notre ministère sacerdotal – ce service est un service de communion, ce n’est pas une abnégation. On ne fait pas ça par bonté, on fait ça par communion, par imitation de Jésus-Christ. Notre première humilité, c’est de laisser l’humble Serviteur grandir en nous, pour effectuer en nous Son travail de rédemption et d’humilité.

La deuxième parole d’humilité que j’entends dans cette page d’Évangile, c’est à la réflexion finale : « Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : ‘Nous sommes de simples serviteurs, nous n’avons fait que notre devoir’ ». Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné. Lequel d’entre nous aurait l’audace de dire qu’il a fait tout ce qui lui a été ordonné ? Nous ne sommes pas des êtres accomplis, nous ne sommes pas des prêtres accomplis. Nous sommes encore des êtres en attente, des prêtres qui recevons du Seigneur des missions, une mission encore à faire, et personne d’entre nous ne peut dire qu’il a tout accompli. Notre service du Seigneur est une imitation de Sa kénose, y compris dans le Jeudi saint, le Vendredi saint et le dimanche de Pâques.

Et enfin la troisième leçon d’humilité ou parole d’humilité que j’entends dans cet Évangile pour nous aider à vivre cette journée, c’est « dites : ‘nous sommes des serviteurs inutiles’ ». A qui faut-il le dire ? Si on dit aux autres « je suis un serviteur inutile », on est limite orgueilleux. Il ne s’agit pas de le dire aux autres, il s’agit de se le dire à soi. Dites-vous à vous-mêmes : « Vous n’avez rien fait sans moi ». C’est donc à cette humilité-là aussi, du service, de la foi, que nous sommes appelés. La foi, que nous sommes appelés à vivre et à transmettre, elle va de pair avec l’humilité. L’humilité est comme une obligation de moyens pour vivre et témoigner de notre foi. Que l’exemple de sainte Bernadette, de sainte Thérèse, du curé d’Ars aussi, qui fut un homme bien humble et modeste, nous aident à vivre notre sacerdoce, à vivre notre fraternité, à vivre notre amour de l’Église.

Mgr Philippe Marsset,
évêque auxiliaire de Paris