L’édito de Mgr Benoist de Sinety du 2 janvier 2020
« Lorsque nous souhaitons à autrui une belle année à venir, quelle part de nous-mêmes sommes-nous prêts à y investir ? » À écouter cette semaine : “Meilleurs vœux !”, la chronique de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, au micro de RCF.
C’est drôle comme le sens des mots évolue : à l’origine, un vœu signifiait une promesse. C’est d’ailleurs le cas jusqu’à aujourd’hui pour les vœux religieux : il ne s’agit pas pour le novice de souhaiter ou d’aspirer à, mais bel et bien de promettre de tout faire pour.
En nous souhaitant des vœux de belle, sainte et bonne année nous avons souvent conscience de prononcer des paroles, ou de les écrire pour ceux qui perpétuent cet art du savoir-vivre, qui disent un désir, un espoir, voire une Espérance.
Exprimer des vœux de bonne santé par exemple nous dispense en principe de toute obligation à l’égard de celui auquel on souhaite longue vie : nous savons bien que nous ne pouvons pas y faire grand-chose !
Mais alors ces fameux vœux ne seraient-ils que des paroles gentilles et bienveillantes ? Nous faisant ainsi courir le risque, à force de les répéter, qu’elles sortent de nos bouches ou de nos plumes, vides de contenu ?
Revenons un instant sur le jeune religieux : lorsqu’il prononce ses vœux, il sait bien que les tenir est hors de sa portée, que seul il ne peut rien. Il peut juste promettre de faire tout son possible et s’en remettre à la grâce de Dieu.
Et si, précisément la condition pour que nos vœux puissent devenir vraiment promesses, dépendait de la manière dont nous nous en remettons à la grâce de Dieu, tout en jetant toutes nos forces dans la bataille ?
Autrement dit, lorsque nous souhaitons à autrui une belle année à venir, quelle part de nous-mêmes sommes-nous prêts à y investir ?
Quant à moi, chers amis auditeurs, je vous adresse tous mes vœux pour que 2020 soit un temps où chacun puisse progresser en sagesse et en bonté, en justice et en vérité, afin que nous prenions notre part de la vie de ce monde.
Que nous puissions y construire un peu plus visiblement le Royaume sans perdre notre temps, sans nous disqualifier, en discutaillant du sexe des anges alors que à nos portes, tant de nos prochains sont abandonnés.
Que nous continuions à proclamer l’Évangile mais en cherchant toujours à le vivre davantage. Que nous reconnaissions ce qui dans la vie du monde est porteur de beautés et de joies sans nous contenter d’annoncer les dangers.
Que nous nous battions plus souvent « pour » plutôt que « contre ».
Que nous acceptions que le Christ conduise nos vies sans nous agripper au volant et sans lui hurler en permanence, comme un GPS fou, les directions à suivre.
Que nous comprenions que notre baptême ne fait pas de nous des maîtres mais des serviteurs, non pas des docteurs mais des disciples.
Oui, voici mes vœux pour chacun de vous, et du coup aussi pour moi : et je vous promets qu’à ces paroles, tout au long de l’année à venir, je vais essayer d’engager ma petite vie. Avec la grâce de Dieu !