L’édito de Mgr Benoist de Sinety du 23 janvier 2020
« La France, disent beaucoup autour de nous en ces jours, c’est la terre de ceux qui ont tellement reçus et dont on ne comprend pas l’acharnement qu’ils ont à détruire les trésors dont ils sont dépositaires. » À écouter cette semaine : “C’est la France !”, la chronique de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, au micro de RCF.
Connaissez-vous le point commun entre la basilique Sainte Anne, le Tombeau des patriarches, l’église du Pater Noster et l’abbaye Ste Marie d’Abu Gosh ? Elles sont territoires français en terre israélienne.
Manifestement cette extra territorialité doit être rappelée tous les quarts de siècle : après Jacques Chirac en 1996, l’actuel Président de la République s’est donc mis hier en colère contre un service de sécurité israélien un peu trop intrusif.
« C’est la France ici ! » s’est-il écrié pour signaler aux policiers locaux qu’ils ne pouvaient pénétrer autour de la basilique sans accord préalable.
Certains dénonceront une forme de théâtralité, d’autres y verront un coup de sang de bon aloi.
Je voudrais simplement m’arrêter sur ces quatre mots : « c’est la France ici ! ». Et saisir l’occasion pour poser cette question, humblement, doucement : qu’est-ce que la France au fait ?
Il faudrait plus qu’une chronique pour développer mais je risque l’amorce d’une réponse : la France c’est un message. Un message forgé par les siècles où se mêlent la grandeur et une pointe d’arrogance, la générosité et un zeste de narcissisme, l’impétuosité et un soupçon de maladresse…
C’est une voix qui porte au monde le principe qu’il est préférable d’oser agir que de trop réfléchir, au risque de se tromper et d’en payer le prix.
Une voix qui rappelle que le plus faible a droit sur le plus fort et que la fin ne saurait justifier les moyens, au risque de se piéger dans ses contradictions.
La France, c’est le pays où l’on se combat comme des fous, comme des furieux, mais où tous se savent compagnons, sauf quand on l’oublie dans l’ivresse de la violence ou la bêtise de la peur.
La France, c’est une histoire qui commence à Clovis et se poursuit sous nos yeux, même si nous pouvons nous écharper sur ce point-là aussi.
La France c’est l’Évangile porté par Irénée, Denys, Martin, Geneviève et combien d’autres sans pour autant faire disparaitre magie, sorcellerie et superstition.
La France c’est la fille si aînée qu’elle se croit parfois légitime à donner des leçons à l’Église toute entière tout en laissant éclore des armées de saints.
La France, disent beaucoup autour de nous en ces jours, c’est la terre de ceux qui ont tellement reçus et dont on ne comprend pas l’acharnement qu’ils ont à détruire les trésors dont ils sont dépositaires.
« C’est la France ici ! » : pourquoi ne pas entendre dans ce cri la promesse faite aux opprimés qu’ils trouveront asiles, aux pauvres qu’ils seront secourus, et l’on se prend alors à rêver qu’en quelques mots présidentiels une promesse nous soit faite.
« France, fille aînée de l’Église » cria il y a près de 40 ans une voix puissante, à l’accent polonais. « Qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? ».
Oui qu’avons-nous fait des promesses de notre histoire ? Et surtout, que voulons-nous en faire aujourd’hui ?