L’édito de Mgr Benoist de Sinety du 13 février 2020
« Alors voilà, elle est sortie cette exhortation apostolique dont beaucoup attendaient le tapage qu’elle était sensée produire. » À écouter cette semaine : “Querida Amazonia : un devoir de fraternité”, la chronique de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, au micro de RCF.
Ainsi donc, pour reprendre une expression de Patrice de Plunkett, le « tapage Fayard-Le Figaro du mois dernier était un pur bidonnage médiatique »… On allait voir ce qu’on allait voir : la résistance au supposé laxisme du pape s’organisait et puisqu’il faut pour cela le dire en espagnol : No pasaran !
Comme ils doivent être déçus les pourfendeurs et les zélotes qui ne cessent de nous prédire l’apocalypse franciscain. Probablement s’en tireront ils en nous expliquant que grâce à leur action préventive ils ont enrayés le déclin !
Eh bien non l’exhortation apostolique ne sera pas une annexe du code de droit canonique au chapitre « célibat sacerdotal ».
Plutôt que de parler de questions qui agitent un petit nombre qui se donnent de l’importance à force de taper sur les casseroles, le Pape, une fois encore, opte pour l’essentiel.
Intégrer et promouvoir tous les habitants pour consolider leur bien vivre.
Appeler à une sauvegarde responsable de la nature pour les générations futures. Inviter l’Eglise à s’enrichir des expressions spirituelles du monde indigène, à apprendre de l’autre, pour ouvrir de nouveaux chemins d’évangélisation. Encourager à défendre les plus petits face aux injustices. Appeler à évangéliser comme Jésus en dialoguant en profondeur avec les personnes.
Il ressort de ce texte comme un appel concret à traduire ce que le même pape écrivait il y a quatre ans dans l’encyclique Laudato Si’.
On peut deviner combien cette exigence de conversion de toute l’humanité - à commencer par les chrétiens qui doivent bien comprendre que c’est à eux de montrer l’exemple - que cette exigence donc, est intimidante car humainement inatteignable.
À tel point d’ailleurs que pour l’éviter, il nous est plus facile de nous attarder sur des débats médiocres qui n’intéressent que nous-mêmes plutôt que de regarder les enjeux véritables.
Il en a d’ailleurs toujours été ainsi, à commencer par l’Évangile, où les pharisiens, considérés comme les plus proches doctrinalement des enseignements de Jésus, ne cessent cependant de refuser d’en considérer le fonds par dédain ou méfiance pour la forme.
Tachons donc de refuser ce piège pharisien et laissons-nous toucher par la simplicité de ce texte qui puise son inspiration dans le Christ lui-même.
Querida Amazonia, « Amazonie chérie », n’est pas un texte de circonstances : il nous rappelle notre lien à la Création, et notre devoir de vraie fraternité pour tous nos frères. Il nous dit clairement que ce devoir doit se placer au-dessus de tous nos appétits, quoiqu’il en coûte à notre amour propre et à nos egos.