L’édito de Mgr Benoist de Sinety du 8 octobre 2020
RCF – 8 octobre 2020
Mgr Benoist de Sinety nous fait réfléchir à notre rapport à l’argent, aux biens que nous possédons. Et si nous redécouvrions les vraies richesses qui peuvent illuminer nos vies ?
Dans le rythme épuisant de l’actualité, balloté dans nos vies aux cadences des coups de barres qui cherchent désespérément à maintenir un cap invisible, il y a des rencontres qui rendent à l’existence son sel en lui faisant retrouver sa vocation. Ainsi, l’autre jour, ce couple qui se prépare à se marier. Mine de rien, dans la conversation, ils glissent cette phrase : « en fait ce qui es vraiment important pour nous c’est que la célébration puisse permettre à ceux qui pleurent de retrouver la joie ». Que cette phrase soit justement prononcée le jour où l’Eglise célèbre St François d’Assise et se souvient de sa prière…
La seule réponse aux maux dont nous souffrons ne pourra jamais se réduire à l’argent. Aussi nécessaire soit-il, il n’est que ce qu’il est : un moyen, mais jamais une solution. Évidemment qu’il faut lutter contre la misère, tout faire pour permettre à l’homme de jouir de la sécurité d’un toit, d’un travail, d’un moyen de subsistance pour lui et les siens. Mais à quoi sert la vie si elle n’est considérée que sous son aspect matériel ? Pourquoi dans notre pays si riche, car il reste l’un des dix pays les plus riches au monde, et si sécurisant, pourquoi chez nous y en a-t-il tant qui, pour vivre au quotidien ont besoin de s’alcooliser, de fumer, de se droguer ? Pourquoi faut-il autant de médicaments pour empêcher nombre d’entre nous de sombrer dans une tristesse mortelle ?
La question n’est pas nouvelle, et, avouons-le, elle est même intimement liée à notre condition humaine. Mais la desséchante matérialisation de la vie que nous connaissons un peu partout sur notre planète rend la crise plus vertigineuse. « Les gens ne dépensent plus leur argent », « l’épargne des français est énorme » se lamentent les observateurs et les commerçants… Peut-être est-ce tout simplement, qu’en plus d’une inquiétude aigue devant l’avenir, nous perdons le goût de nous offrir des cadeaux en ayant oublié comment nous embrasser et nous serrer dans les bras ? Peut-être est-ce qu’à force d’entendre parler de milliards, nous perdons de vue que ce qui illumine une vie, quoi qu’il en coûte, c’est l’amour que nous sommes prêts à donner et que nous aspirons à recevoir ? Peut-être est-ce parce que nous ne comprenons plus, ou parce que nous comprenons mal, que cette richesse-là, l’amour, est le seul trésor qui ne s’épuise jamais puisqu’il ne repose pas que sur nos capacités et nos forces humaines, mais parce qu’il vient de Dieu et mène à Dieu.
Source : https://rcf.fr/la-matinale/quoi-qu-il-en-coute