L’édito de Mgr Benoist de Sinety du 15 octobre 2020
RCF – 15 octobre 2020
Le Père Benoist de Sinety revient sur la polémique qui fait suite à l’annonce du classement de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre au titre des monuments historiques.
En janvier 1871, Alexandre Legentil et Rohault de Fleury font vœu d’œuvrer pour l’édification de la basilique de Montmartre. Ce vœu national sera approuvé un an plus tard par le cardinal Guibert, archevêque de Paris, qui a soin de lui conserver un caractère purement religieux. Quatre ans plus tard la première pierre est posée. La consécration sera célébrée en 1919. La mosaïque magnifique qui surplombe le cœur sera achevée, elle, en 1923.
Pourquoi parler de la basilique du Sacré-Cœur ce matin ? Tout simplement parce que depuis hier, une polémique dont notre pays a le secret, fabriquée de toutes pièces par quelques indécrottables anticléricaux, cherche à remettre en cause le bien-fondé du classement de ce bâtiment au titre des monuments historiques. Aussi étonnant qu’il puisse paraître, cette église, propriété de la ville depuis plus d’un siècle, ne bénéficiait pas de ce traitement réservé pourtant aux bâtiments dont l’intérêt historique et patrimonial incarne l’histoire de notre pays. En fait, ce classement était simplement la réparation d’un oubli probable, car on ne peut imaginer que l’administration puisse se laisser impressionner par les foucades de quelques Torquemada en mal de notoriété.
Voilà donc depuis hier tout un tas d’individus, agrippés à leur téléphone pour essayer de convaincre les journalistes que l’affaire est grave, voire dramatique… Insinuant que l’Église est à l’origine de cette démarche alors qu’elle n’a tout simplement rien demandé. Sous-entendant qu’ainsi des travaux pourraient être effectués au frais du contribuable : mais ne le sont ils pas déjà puisque ce bâtiment est une propriété de la Ville ?
Que des gens instruits et informés puissent encore aujourd’hui expliquer tranquillement que la basilique a été élevée comme réponse à la Commune de Paris est tout simplement renversant. Pour rappel donc aux oublieux : le déclenchement de la révolte parisienne a lieu en mars 1871 soit trois mois après la décision initiale que j’évoquais au début de cette chronique. Qui, d’ailleurs, aujourd’hui, à part quelques énergumènes, voit dans cette église qui domine Paris autre chose qu’un lieu de pèlerinage et de dévotion ?
Le Sacré-Cœur est la basilique de tous, mais notamment des plus petits et des plus pauvres. Ils sont nombreux chaque jour à venir y trouver refuge, consolation, paix, espérance. Ils sont à mille lieues, comme la plupart des Français, et des 10 millions de visiteurs annuels, d’imaginer le discours parfois haineux et délirant que l’église qu’ils aiment peut susciter chez certains.
Cette polémique dégonflera comme beaucoup d’autres mais elle aura au moins donné l’occasion de rappeler que du Sacré-Cœur de Jésus sort, inaltérable, un fleuve d’amour, que Dieu ne cesse de vouloir répandre sur le monde, et dont les baptisés sont bénéficiaires pour en être les porteurs pour leurs frères. Il est probable que par les temps actuels, ce rappel importe plus que les vieilles lunes ressassées par certains.
Source : https://rcf.fr/la-matinale/le-sacre-coeur-de-montmartre-la-basilique-de-tous