L’édito de Mgr Benoist de Sinety du 12 décembre 2019
« Il y a en ce moment même, au Nigéria, la préparation d’un massacre de population. Un massacre de chrétiens, d’animistes et de musulmans sensés. » À écouter cette semaine : “Qui manifestera pour les chrétiens du Nigéria ?”, la chronique de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, au micro de RCF.
Je n’ai pas un goût immodéré pour le personnage et ses interventions souvent tempétueuses et un peu cabotines, mais comment ne pas être saisi d’effroi en lisant dans le dernier exemplaire de Match le récit que fait Bernard-Henry Lévy, de son voyage au Nigeria ?
Là les chrétiens, dans le sud du pays, sont tout simplement massacrés par les Fulanis, ces groupes d’assassins Peuls, sorte de Boko Haram élargi. Les rencontres qu’il évoque avec les rescapés, laïcs, évêque, catholiques, anglicans, évangéliques, glace le sang. Dans la région d’Abuja, à Jos, à Zim, à Godogodo, les villageois exterminés, démembrés, découpés, se comptent par centaines et bientôt par milliers.
Il faut retenir les noms de ces villes car elles sonneront demain aux oreilles des futures générations comme les lieux auxquels s’attachent irrémédiablement le souvenir des martyrs qui au lieu d’abjurer, offrent leurs pauvres vies en témoignage.
Il ne s’agit pas de conflits ethniques, dont nos bonnes consciences européennes ont souvent tendance à définir toute guerre en Afrique. En excusant ainsi nos refus de voir en face une réalité qui nous dérange car elle convoquerait notre action.
Il s’agit probablement du début d’un génocide. Oui, d’un génocide, comme au printemps 1994 au Rwanda où, en dépit de tous les signaux d’alarmes envoyés aux chancelleries occidentales, on se refusait à accepter que le pire était sur le point d’être perpétré.
Il y a en ce moment même, au Nigéria, avec la complicité sans doute silencieuse du régime politique en place, lui-même dirigé par un Fulani, avec l’assentiment discret de l’armée, en grande partie commandée par des Fulanis, la préparation d’un massacre de population. Un massacre de chrétiens, d’animistes et de musulmans sensés.
Un massacre de chrétiens au prétexte qu’ils auraient la religion « des Blancs », c’est-à-dire de l’ennemi.
Il y a cinquante ans de telles nouvelles auraient suscitées dans toutes les grandes capitales occidentales des rassemblements indignés, méprisés par les esprits fort, mais qui avaient au moins le mérite de peser un peu sur la « real politique » de nos dirigeants, plus préoccupés par les contrats d’armements ou de carburants que par le prix des vies humaines.
Qui manifestera aujourd’hui pour les chrétiens du Nigéria ? Qui se mobilisera pour qu’on empêche le génocide à venir où seront plongés tous ceux qui refuseront de prêter allégeance au monstre islamique ?
Il ne s’agit pas de prôner la guerre ou des déploiements de troupes qui n’existent plus. Mais d’exiger de ceux qui dirigent nos peuples qu’ils puissent fermement faire pression sur ceux qui là-bas, au mieux, ferment les yeux. Il s’agit de faire honte, non pas aux criminels qui n’ont plus d’honneur ni de dignité, mais à ceux qui les couvrent et qui, dans l’ombre les encouragent.
Nous avons déjà pris l’option de considérer tout étranger demandant à entrer chez nous comme un suspect, allons-nous désormais considérer que la vie des autres peuples nous est à ce point indifférente, au risque supplémentaire de renforcer chez nous ce sentiment déjà puissant que notre monde Blanc et riche se moque comme d’une guigne de ce qui n’est pas lui ?