L’édito de Mgr de Sinety du 13 décembre 2018
« Il est légitime d’avoir des opinions et de nous montrer sceptiques devant les discours "officiels". Il est indispensable aussi de discerner, réfléchir, éclairer son intelligence en écoutant et au final en décidant quoi croire et quoi ne pas croire. » À lire ou écouter : « La Vérité nous rendra libre » Chaque semaine, Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.
Décidément les réseaux sociaux sont encombrés de matamores à petits bras qui ne perdent pas une occasion pour nourrir le sentiment du "on nous ment" : sur le pacte de Marrakech adopté (et non pas ratifié) lundi dernier, sur la fameuse loi de 1973 par laquelle la France aurait été vendue aux banques privées, et puis depuis mardi soir, de manière plus invraisemblable encore, par les fantasmes d’un complot d’Etat autour de l’attentat de Strasbourg.
Il faut dire qu’ils sont relayés, ces idiots utiles, par des responsables qui ne craignent pas de véhiculer des informations dont ils savent qu’elles sont fausses, mais dont ils savent aussi que leur propagation nous troublera suffisamment pour que cela leur soit bénéfique.
Comment lutter contre un mensonge : il circule tellement vite, sans preuve aucune. Il suffit que quelques-uns le reprennent sur la Toile pour qu’en l’espace d’une journée il devienne une vérité. Surtout en un temps de défiance généralisée : on ne croit plus aux politiques qui sont évidemment des voleurs, on ne croit plus aux journalistes qui sont évidemment des menteurs… et chacun de se réfugier dans sa vérité. D’autant plus facilement qu’on a érigé en règle mentale le principe du "à chacun sa vérité", ce qui est probablement le chemin le plus sûr pour aboutir à l’enfer.
Enfer d’une discussion impossible car alors tout argument en vaut un autre et la rencontre ne se fait plus. Je me souviens d’une responsable importante qui, aux arguments que je lui opposais me répondit d’un laconique : "vous me dites ceci, je pense cela, c’est donc parole contre parole" ce qui revenait à justifier qu’elle ne se fiait qu’à ses seuls arguments. Ma vérité vaut la tienne et donc fin de la discussion.
Il est temps de rappeler, comme baptisé que nous ne pouvons pas entrer dans ce petit jeu mortifère : il y a une Vérité, celle dont Jésus manifeste la puissance. Nous ne la possédons pas, cette Vérité, mais nous en connaissons le Visage. Nous cherchons à l’approcher par nos paroles mais surtout par nos vies, en tremblant non de peur mais de petitesse. Et en l’approchant, en cherchant à ce qu’elle prenne chair dans notre chair, nous pouvons la rendre plus accessible à ceux qui ignorent même qu’elle existe. Il est légitime d’avoir des opinions et de nous montrer sceptiques devant les discours "officiels". Il est indispensable aussi de discerner, réfléchir, éclairer son intelligence en écoutant et au final en décidant quoi croire et quoi ne pas croire tout en suppliant l’auteur de la Vie qu’il nous garde dans sa Paix pour que notre témoignage soit fécond.
C’est ce qu’avait répondu le Pape François à ceux qui s’inquiétait des révélations du courrier de Mgr Vigano dénonçant sans apporter aucune preuve matérielle des faits graves dans l’Eglise : "cherchez avec droiture et vous trouverez", avait-il encouragé les journalistes. Être adulte dans une société adolescente afin d’être chrétien dans un monde si ouvert au mensonge.