L’édito de Mgr de Sinety du 13 septembre 2018
Chaque semaine, Mgr Benoist de Sinety donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.
Elle était pleine de bonne volonté, cette paroissienne d’un petit village des Asturies, au nord de l’Espagne : il y avait dans son église une statue en bois représentant la Vierge et son fils. Elle semblait poussiéreuse et si ancienne, cette statue ! On lui avait sans doute précisé qu’elle datait du XVe siècle, Mais les traits des personnages semblaient si fatigués, si endormis…
Du coup, elle a mis un coup de peinture ! Avec les plus belles couleurs qu’elle a pu trouver : du bleu fluo, du vert fluo, du rose fluo ! Vous pourrez, si ce n’est déjà fait, constater par vous-mêmes sur Internet l’heureux résultat. Interrogée par des journalistes, la paroissienne s’est étonnée de ce qui est devenu un sujet d’hilarité nationale : pourtant, dit-elle, parmi les vingt-huit habitants du hameau, la plupart lui ont dit trouver cela très joli.
Il arrive parfois que certains puissent penser qu’en redonnant des couleurs à ce qui en avait perdu, en badigeonnant allègrement, on change tout !
C’est le fameux principe qui consiste à repeindre la façade : les murs de nos bâtiments, jusque parfois les visages de nos grands-mères ! Tentation du politique, du DRH, dans toutes les organisations, y compris même l’Église.
Mais c’est aussi le cas dans nos vies personnelles : comment masquer une difficulté, comment recouvrir un problème… Un peu comme ces marins qui repeignent la coque de leur bateau, pensant ainsi, parce qu’il ne la voit plus, que l’usure n’existe plus. Les lettres et les messages de nombreux évêques, celui de Strasbourg, celui de Paris et beaucoup d’autres, à la suite de celle du Pape au peuple de Dieu, insistent vigoureusement sur la nécessité de changer en profondeur notre regard, notre appréhension de l’organisation de l’Église.
Il y aurait plus à dire que le temps ne le permet ici, sur l’urgence et l’impérieuse nécessité de ne jamais cesser de faire tomber les murs que nous pouvons nous-mêmes dresser et qui font obstacle à l’annonce de l’Évangile pour tous.
Ces messages nous invitent aussi à un examen de conscience en profondeur : que chacun puisse en son âme et conscience réfléchir à sa responsabilité et à sa cohérence. Non pas pour que nous nous grimions en hypocrites irréprochables, mais pour qu’en assumant nos faiblesses nous puissions accueillir en vérité et communiquer au monde le salut du Christ.