L’édito de Mgr de Sinety du 21 février 2019
« C’est bien parce qu’il y a urgence à ce que la Bonne Nouvelle retentisse aux oreilles de tous, dans les transformations sociétales que nous connaissons et face aux défis législatifs qui se présentent, que nous devons croire en cette Église comme réceptacle et vecteur de la présence du Christ. ». À écouter,cette semaine : "La Vérité ne doit pas nous effrayer". Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.
"Credo in unam sanctam catholicam et apostolicam ecclesiam"
Depuis toujours, nous savons d’une manière certaine que des hommes d’Eglise peuvent avoir une double vie. Quel qu’en soit le bénéficiaire, cela constitue une faute morale lourde du fait de leurs promesses d’ordination, un péché, et c’est une évidente source de scandale.
Ces jours-ci un très gros livre est mis en vente : on le trouvera dans tous les points H de France et de Navarre. Et dans des dizaines de pays aussi. C’est que, se dit-on à la lecture des annonces publicitaires qui l’accompagnent, il faut bien que l’éditeur ait un retour sur investissement : avec les centaines de repas que l’auteur écrit avoir passé avec tous les prélats qu’il a interrogés, avec les dizaines de billets d’avion pour le transporter d’un terrain d’investigation à l’autre, il faut bien que l’argent rentre !
En gros, si on en croit l’auteur, il y a deux sortes de cardinaux : les homosexuels avoués et ceux qui se cachent. On appréciera le sens de la nuance et le procédé scientifique d’une telle démarche.
Comme la machine à vendre doit être rentable, le budget « juriste » s’avère efficace : tout est suggéré, susurré…
On espérait une vraie étude sérieuse et étayée, non pas le ressenti et les rumeurs d’alcôves ou de sacristies, soutenant l’énorme effort entrepris par Benoît XVI et François, pour que la libido désespérante de certains hauts prélats arrête de nuire à l’immense foule de ceux qui se dépensent sans compter pour l’annonce de l’Evangile. Hélas… partant d’un constat préoccupant, en décrétant que la question de l’homosexualité est le point Godwin de toute la vie de l’Eglise, l’auteur tire des conclusions narcissiques et, souvent, assez discutables ! Sans compter les erreurs factuelles qu’il serait trop long de recenser mais qui fragilisent quand même un peu le discours. En bref, on attendait Catherine de Sienne et on en est très loin… c’est sans doute l’époque qui veut ça, ce qui n’est pas très rassurant pour les temps qui sont les nôtres…
Il y a le film d’Ozon qui sort aussi ces jours-ci : il faut en faire la réclame car il a le mérite de chercher à rendre compte d’une recherche de vérité. Il rappelle aussi avec talent qu’il n’y pas d’annonce de l’Evangile crédible s’il n’y a pas d’abord la recherche de la justice.
C’est bien parce qu’il y a urgence à ce que la Bonne Nouvelle retentisse aux oreilles de tous, dans les transformations sociétales que nous connaissons et face aux défis législatifs qui se présentent, que nous devons croire en cette Eglise comme réceptacle et vecteur de la présence du Christ. La Vérité ne doit pas nous effrayer. Au contraire : elle nous assure que le Christ est là, présent, au milieu de nous et qu’il ne nous quittera jamais. Même si sa lumière est parfois crue et vive, elle est la clarté qui doit nous guider et nous rassembler.