L’édito de Mgr de Sinety du 27 septembre 2018
“Cela nous rappelle, que si aucun de nous n’a le pouvoir de changer le monde, en revanche nous avons le devoir de faire ce qui est juste, ce qui est bon, ce qui est vrai.” Chaque semaine, Mgr Benoist de Sinety donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.
Source : www.rcf.fr
Ils s’appellent Mamadou et Lassina. Avec plus d’une dizaine de jeunes lycéens, ils sont désormais scolarisés dans un institut privé au centre de Paris. Il y a quelques jours, le foyer des Assomptionnistes, rue de Vaugirard, réouvrait ses portes tout juste remis à neuf. Ces deux jeunes migrants viennent d’Afrique, ce continent dont la fondation Bill Gates rappelait hier qu’il abrite 90% des personnes pauvres de la planète.
Lorsqu’ils ont été pris en charge par l’association Notre-Dame de Tanger, il y a plusieurs mois, ils avaient vécu l’exode maintes fois répété, si souvent expliqué, au point que nous n’y prêtons plus guère attention. Ils ont connu la peur, l’esclavage, la mort, ils ont traversé la mer, dans laquelle se sont déjà noyés tant de leurs semblables. Ils sont arrivés sur le trottoir de nos villes, dans l’indifférence ils y sont même devenus invisibles. À bout de force, ils se sont présentés à la permanence d’accueil de cette association créée par une religieuse camerounaise, aidée par de nombreux bénévoles. Il y a un an, ils ont pu reprendre des études. Ce lycée privé qui les a accueillis a été le témoin d’une vraie contagion. Pas une contagion de bon sentiment comme le disent cyniquement nos dirigeants, mais quelque chose de l’ordre de la Charité. Vous savez cette Charité dont le Saint Paul nous dit qu’elle ne passera jamais...
Ainsi donc, le libraire voisin leur a offert les fournitures scolaires, le médecin de quartier et le laboratoire d’analyses médicales les ont accueilli gratuitement, l’école catholique voisine leur fournit chaque jour le déjeuner qui souvent constitue leur seul repas quotidien… Et la liste ne s’arrête pas là ! Les élèves de l’établissement, les professeurs, les parents : la mobilisation et générale. Cela n’empêche ni les difficultés, ni les préventions, et en fait, cela semble ne rien régler aux problèmes soulevés par ce que l’on a coutume d’appeler la question migratoire.
Mais cela nous rappelle, que si aucun de nous n’a le pouvoir de changer le monde, en revanche nous avons le devoir de faire ce qui est juste, ce qui est bon, ce qui est vrai. Et cela, osons l’affirmer avec force, n’a rien à voir avec du bon sentiment : car le devoir moral est bien éloigné des émotions médiatiques ou politiques.
Si nous abdiquons ce devoir, les choses commenceront à se dérégler vraiment. Comme le dit le pape François, nous tombons si facilement dans ce péché de l’indifférence. Il nous faut du courage, du courage et encore du courage pour ne pas nous laisser déstabiliser par les scandales et les invraisemblables confusions qui agitent notre Église. Nous avons le devoir d’être courageux en choisissant chaque jour la charité comme loi pour notre vie. Quel que soit notre prochain et quelles que soient les bruissements du monde.