L’édito de Mgr de Sinety du 29 novembre 2018
« L’illusion qu’on pourrait conduire une société en la gavant de pains et de jeux tombe d’autant plus vite lorsque le pain devient trop cher et les règles du jeu trop complexes. » À lire ou écouter : « Les cendres du Paradise. » Chaque semaine, Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.
Il y a eu le black friday, il y a eu le yellow saturday, il y a les incendies en Californie, et ce sentiment général que quelque chose est en train de déraper. Vous me direz : "quel rapport entre tous ces événements et cette impression ?"
N’est-il pas étonnant que l’épicentre de la tragédie qui a frappé l’ouest des États-Unis, se situe dans une ville appelée Paradise ? Oui n’est-il pas étonnant qu’au sentiment diffus d’un malaise social grandissant, on cherche à opposer des images hystériques de surconsommation ? L’illusion qu’on pourrait conduire une société en la gavant de pains et de jeux tombe d’autant plus vite lorsque le pain devient trop cher et les règles du jeu trop complexes.
En assistant comme beaucoup de téléspectateurs, l’autre jour, à "L’Émission politique" consacrée à Nicolas Hulot, en entendant ses arguments et ses cris d’alarme, et en entendant aussi les réalités exposées par nos concitoyens les plus en difficulté, c’était aussi ce même vertige qui me saisissait. En fait, la question personnelle et collective, la seule vraie question que nous ayons à nous poser est la suivante : sur quelle sagesse voulons-nous construire ce monde ?
Tout le reste consiste à soigner les symptômes sans s’attaquer aux causes. Lorsque les boutons apparaissent sur la peau, on peut choisir telle ou telle pommade pour les faire disparaître. Mais à coup sûr ils reviendront, plus nombreux et plus dangereux pour le corps tôt ou tard. On peut aussi chercher la raison de leur apparition et voir alors, avec courage, comment la traiter. Nous en sommes là, me semble-t-il.
Et nous avons encore le choix entre les chirurgiens esthétiques qui nous promettent le bonheur de la petite ville naguère paisible de Paradise, et la voix de la Sagesse, comme l’appelle la Bible, qui nous invite à renoncer à nous-mêmes pour le salut de tous.