L’édito de Mgr de Sinety du 6 juin 2019
« Désormais, il ne s’agit plus de Notre-Dame avec un trait d’union entre le "Notre" et "Dame", il ne s’agit plus d’un nom propre. Non, le "notre" est bien cet adjectif possessif qui énonce clairement que cette Dame dont il est question, est bien nôtre. Elle est à nous, elle est pour nous. ». À écouter cette semaine : « Parlons de notre Dame ». Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, donne son regard sur l’actualité au micro de RCF.
Cette coupole que coiffe le dôme de l’Institut de France, quai de Conti, où les Immortels débattent et rendent hommage. Cinq discours successifs, prononcés par un membre de chaque Académie, à commencer par la Française, qui, tous manifestaient respect, révérence, égards, et même piété à la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’émotion n’était feint ni chez l’historien, ni chez le scientifique, elle était toute aussi sincère, chez le rabbin comme chez l’architecte.
Loin de moi l’idée de transformer cela en chronique mondaine, simplement d’insister sur ce point, qu’une voisine, prévenante et pieuse, souligna sitôt que nous fûmes assis : désormais, il ne s’agit plus de Notre-Dame avec un trait d’union entre le "Notre" et "Dame", il ne s’agit plus d’un nom propre. Non, le "notre" est bien cet adjectif possessif qui énonce clairement que cette Dame dont il est question, est bien nôtre. Elle est à nous, elle est pour nous. Et par un effet mystérieux, en se donnant à nous, elle nous mène à elle et par elle à Son Fils.
Il y a ce chant qui me revient, à la musique délicieusement désuète et aux paroles un rien antiques, mais qui suscite toujours la même émotion : "Chez nous, soyez Reine, nous sommes à Vous ; Fondez votre domaine, chez nous, chez nous. Soyez la Madone qu’on prie à genoux, Qui sourit et pardonne chez nous, chez nous."
Ce "nous", ce "vous", cette aspiration à communier ensemble en une même demeure, en un même souffle. La Dame n’appartient à personne, elle est à tous. A la suite des discours, la Maîtrise de la cathédrale interpréta un Agnus Dei qui marquera les pierres sous lesquelles il fut chanté. Comme l’accomplissement de ce que cette Dame veut désigner aux hommes : l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde et qui prend pitié !
Les mots, la musique, le talent des orateurs et le génie du compositeur. Et toute une assemblée, d’habits verts et de pékins qui d’un coup se voyaient rattraper par l’essentiel, l’absolu essentiel. Au-delà de l’émotion des flammes et du fracas du monde, c’est un instant de grâce, où le temps s’égrène enfin avec de l’épaisseur. Un moment de vie où chacun peut entendre qu’une voix l’appelle et qu’une main vers lui s’ouvre. Notre Dame, la Dame qui est de notre chair, de notre race, de notre sang, nous rejoint là où nous sommes et nous montre ainsi que nous ne sommes pas seuls. Elle est notre parce que pleinement donnée à Dieu et par elle, Lui, nous dévoile ce que nous sommes au plus vrai, au plus juste.
"Votre doux visage est un reflet du ciel" dit le cantique : sous la coupole, la lumière a jaillit. Le Signe de la Dame s’y est manifesté : d’une église de pierres largement ouverte sur l’humanité depuis des siècles, nait un peuple qui doit manifester à tous ce reflet du ciel dont Marie est le premier témoin et la première apôtre.