P. Gabriel Sampré : Savoir accueillir les familles

Paris Notre-Dame du 24 juin 2021

Curé, le P. Gabriel Sampré l’a été à deux reprises. À Villemomble, en Fraternité missionnaire des prêtres pour la ville (FMPV), puis à St-Georges de la Villette, deux paroisses populaires. À la rentrée, il rejoindra N.-D.-des-Champs pour une nouvelle mission.

© Priscilia de Selve

Paris Notre-Dame – Quand on est nommé curé pour la première fois après quatre ans de sacerdoce, dans quel état d’esprit arrive-t-on dans sa paroisse ?

P. Gabriel Sampré – Je suis arrivé à Villemomble (Seine-St-Denis) en 2007 avec deux confrères que je connaissais. Durant ces neuf années comme curé, l’aspect communauté de prêtres a été très présent. Avant d’être curé, je me sentais surtout responsable d’une équipe. C’est ce qui m’a permis de ne pas être accablé par ma charge. Villemomble est une communauté très accueillante, avec des personnes issues de tous les milieux, ce que j’ai retrouvé un peu à St-Georges (19e). Quand je suis arrivé là-bas en 2016, la situation était différente, beaucoup de choses étaient à faire car la paroisse avait été un peu délaissée. Mais nous avons bien travaillé, en particulier avec la directrice de l’école Saint-Georges et celle du patronage qui accueille des enfants de milieux différents, dont certains issus de familles monoparentales, pour beaucoup d’origine africaine. S’ils n’ont pas les mêmes chances au départ, ces enfants grandissent bien, en partie grâce au cadre que donne le patronage.

P. N.-D. – Dans quel état d’esprit arrivez-vous à N.-D.-des- Champs (6e), paroisse plus bourgeoise ?

G. S. – Je suis très heureux, sans savoir très bien pourquoi ! Je vois tout le travail que le P. d’Eudeville a fait durant ses an- nées comme curé, je vois le dynamisme de ses paroissiens, l’esprit missionnaire qu’ils ont développé. La dimension caritative y est aussi très présente. À St-Georges, nous avions lancé l’opération Hiver solidaire, et cela a été un lieu de guérison pour notre communauté, en permettant à des personnes très différentes de se retrouver. Grâce à cette opération et grâce au lancement d’un parcours Alpha, nous avons créé un noyau d’une cinquantaine de paroissiens. Ce qui m’intéresse aussi à N.-D.-des- Champs, c’est l’accueil des familles. Comment les rattachons-nous à la paroisse ? Il y a aujourd’hui des gens très éloignés de l’Église, qui reviennent vers nous pour des tas de raisons. Si on ne sait pas les accueillir, on va les perdre.

P. N.-D. – Cela fait dix-huit ans que vous êtes prêtre. Qu’est ce qui a changé dans la vision que vous aviez du sacerdoce ?

G. S. – Quand je suis arrivé à Villemomble, j’ai été interviewé par une journaliste de L’Expansion pour un article sur les quarantenaires. Elle m’a décrit comme un quadra décomplexé avec l’ambition d’annoncer l’Évangile grâce aux outils de la nouvelle évangélisation. Aujourd’hui, je suis un peu revenu de tout cela, car je pense que le côté humain manquait. Je crois que l’évangélisation passe d’abord et surtout par des relations humaines et habituelles, au quotidien. Une relation juste, adulte et bienveillante… Je pense que les histoires d’abus dans l’Église ont été rendues possibles par manque d’humanité… Dès qu’on ne respecte pas l’intelligence des gens, dès qu’on les manipule, c’est déjà un scandale tout court mais c’est un scandale contre le Christ. Un immense contre-témoignage.

Par Priscilia de Selve @Sarran39

Notre-Dame-des-Champs (6e) Nombre dʼhabitants : 22 572. Un peu d’histoire : En 1858, une nouvelle paroisse voit le jour dans ce quartier proche des gares Montparnasse et Denfert-Rochereau. Simple chapelle tout d’abord, elle reçoit le nom de N.-D.-des-Champs, en mémoire du sanctuaire érigé par saint Denis, premier évêque de Paris, et confié aux bénédictins par Robert le Pieux au XIe siècle. Avec le développement du quartier, la chapelle fut remplacée par une église dont la première pierre fut posée le 17 mars 1867. L’église fut bénie en 1876 et consacrée en 1912 par le cardinal Adolphe Amette. 91, boulevard du Montparnasse, 6e.