Lancement de “Paroisses en mission”
Le 26 septembre 2009 à Notre-Dame de Paris, le Cardinal André Vingt-Trois a présenté aux conseils pastoraux les orientations diocésaines pour les trois prochaines années. Retrouvez son intervention, des témoignages et des documents pratiques pour vous permettre de participer à ce projet.
“Jubilez, criez de joie, acclamez le Dieu trois fois saint !”, ont entonné quelques 1500 fidèles du diocèse rassemblés à Notre-Dame samedi 26 septembre, à l’invitation de Mgr André Vingt-Trois. L’heure serait-elle à la jubilation ? Oui, répond l’archevêque, qui s’apprête à présenter ses orientations pastorales pour le diocèse.
« Je rends grâce à Dieu pour tout ce qui est entrepris et réalisé par les catholiques de Paris au nom de l’Evangile. Il les anime et les fortifie, et grâce à lui, en eux et par leur vie, la foi, l’espérance et la charité produisent beaucoup, plus encore que nous ne savons voir. »
Si les raisons de se réjouir semblent nombreuses – Mgr Vingt-Trois a notamment salué le rôle des femmes et des retraités au service des communautés – l’Eglise de Paris n’ignore pas les nombreux défis auxquels elle est confrontée, tant dans les domaines de la jeunesse et de la famille, que de la vie sociale et de l’éthique.
Pour y répondre, pas de recette “miracle”. Mgr Vingt-Trois souhaite avant tout que les Parisiens placent l’Eucharistie au centre de toute mission ecclésiale. Elle “est le lieu d’où découle toute la vitalité de notre Eglise et vers lequel convergent toutes nos activités missionnaires”, a-t-il rappelé. Pour lui, c’est d’ailleurs dans les assemblées eucharistiques que les catholiques doivent trouver et appeler de nouveaux acteurs de la mission. L’archevêque a par ailleurs rappelé le rôle indispensable des assemblées paroissiales qui se mettent en place à Paris. Elles devraient permettre de déceler les talents cachés et d’appeler un plus grand nombre de fidèles à la mission.
Baptisé “Paroisses en mission”, le projet présenté par l’archevêque est échelonné sur trois ans – la première année étant axée sur l’Eucharistie. Il a suscité un accueil très enthousiaste de la part des paroissiens réunis à Notre-Dame.
– Lire l’intervention du Cardinal André Vingt-Trois
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– Écouter l’émission "Le grand témoin" sur Radio Notre Dame le 28 septembre 2009
Au cours de la rencontre les participants ont dit la prière "Connaître et aimer le Christ", spécialement créée pour "Paroisses en mission".
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Voici quelques témoignages recueillis après la matinée à Notre-Dame.
Jean-Louis, membre du Conseil pastoral de St-Roch (1er)
« Pour moi, l’intervention de Mgr Vingt-Trois invite à l’espérance. J’en retiens deux points. D’une part, il ne faut pas nous contenter de « gérer doucement l’effritement de nos ressources » mais, au contraire, lire les statistiques de manière positive. D’autre part, il nous est indispensable de puiser notre énergie dans l’Eucharistie. C’est en participant à la messe que nous pourrons accomplir la mission que le Christ nous a confiée.
L’Eucharistie est par ailleurs l’occasion de rassembler la communauté paroissiale. J’observe qu’à St-Roch le week-end, nous avons plusieurs messes ; or les fidèles du samedi soir ne connaissent pas toujours ceux du dimanche matin. Peut-être nous faudra-t-il approfondir l’unité de la communauté. Nous pourrions y déceler des talents et les faire fructifier pour la mission.
Je voudrais évoquer deux écueils dans lesquels il ne faudrait pas tomber : l’usage d’un vocabulaire « technocratique » – le terme « module » par exemple ne me semble pas très approprié – et le prosélitisme agressif. J’ai aimé cette phrase de Mgr Vingt-Trois : « ceux qui nous entourent pourront remarquer que nous vivons comme tout le monde mais aussi différemment ». Dans ma vie professionnelle, sans faire de prosélitisme, je n’ai jamais mis mon drapeau dans ma poche. »
Fled, de la communauté philippine à N.-D. d’Auteuil (16e)
« Mgr Vingt-Trois a toujours les yeux tournés vers l’avenir ! »
Armandina, membre du Conseil pastoral de N.-D. du Travail (14e)
« Mgr Vingt-Trois a insisté pour que nous appelions de nouveaux fidèles pour la mission. Je me sens très concernée par cette partie du discours. Je fais partie du Conseil pastoral de N.-D. du Travail depuis de nombreuses années. Et je vois que ce sont toujours les mêmes qui s’investissent et qui sont débordés. Nous essayons d’appeler d’autres personnes, mais sans grand succès. J’ai parfois l’impression que les gens ne vont à la messe que pour eux-mêmes. Or, nous recevons le sacrement de l’Eucharistie pour le transmettre. Est-ce que les chrétiens connaisent le sens de l’Eucharistie ? »
Béatrice, membre du Conseil pastoral de N.-D. de l’Arche d’Alliance (15e)
« L’intervention de Mgr Vingt-Trois était courte et concise. J’ai apprécié le début du discours où il a dit qu’il n’y avait pas de chrétiens de “seconde classe” qui seraient les simples consommateurs de l’action des chrétiens de “première classe”. Je connais des personnes qui ne participent pas à la vie paroissiale, mais font aussi fructifier les dons reçus à l’Eucharistie, dans leur famille ou ailleurs.
Mgr Vingt-Trois a dit également que “ceux qui nous entourent pourront remarquer que nous vivons comme tout le monde mais aussi différemment”. Cette phrase m’a touchée. Au bureau, dans ma façon d’être et de travailler, j’essaie d’avoir un regard chrétien, tout en restant professionnelle. Ce n’est pas toujours facile ; c’est le travail de toute une vie ! Pour cela, la messe est essentielle. »
Nathalie, membre du Conseil pastoral de Ste-Claire (19e)
« L’intervention de Mgr Vingt-Trois était riche. Nous allons la relire en paroisse. Chez nous, il n’est pas évident d’appeler de nouvelles personnes. Nous sommes dans un quartier multiconfessionnel, les chrétiens ne sont pas très nombreux. »
Julien, membre du Conseil pastoral de N.-D. de l’Arche d’Alliance (15e)
« J’ai apprécié ce que Mgr Vingt-Trois a dit sur les femmes : elles agissent partout dans les communautés. Elles ne font pas de bruit mais sont efficaces. C’est ainsi que je vois la mission : pour moi, avant les grands discours ou les grands événements, il nous faut d’abord donner l’exemple. Nous aurons ainsi plus d’impact dans la durée. »
Marie-France, membre du Conseil pastoral de St-Sulpice (6e)
« La matinée était remarquable à tous points de vue. J’ai été heureuse de retrouver des personnes engagées dans d’autres paroisses. Le diaporama m’a plu : il faisait comprendre qu’à Paris nous sommes les héritiers d’une longue tradition missionnaire et que nous avons été choisis pour la poursuivre avec l’aide de l’Esprit-Saint. Quant à l’intervention de Mgr Vingt-Trois, je me suis sentie profondément concernée. Je vois bien que nous devons mobiliser de nouvelles personnes pour la mission. Il faudra oser demander et les accueillir. A St-Sulpice, quantité de personnes très diverses vont et viennent.(touristes, personnes de passage, paroissiens). Combien de fois me suis-je dit :comment leur annoncer le Christ présent et vivant dans nos vies..
Beaucoup de fidèles ne participent pas à la vie paroissiale, mais n’en sont pas moins actifs. Mon mari est très pris par sa vie professionnelle, je suis certaine qu’il vit de l’Eucharistie au bureau. De temps en temps, il me confie : “L’Esprit Saint agit”. »
Yvette, paroissienne à St-Sulpice (6e)
« Il est bon d’approfondir le thème de l’Eucharistie, comme l’indique Mgr Vingt-Trois. Comment pourrions-nous, par nos seules forces, nous décentrer de nous-mêmes ? C’est en vivant de l’Eucharistie que nous pourrons, en union avec Jésus Christ, nous donner véritablement aux autres. »
Michel, membre du Conseil pastoral de St-Germain-des-Prés (6e)
« Mgr Vingt-Trois a exprimé ce que nous savons tous mais qu’il est intéressant de redire. Les forces vives s’épuisent ! Hier, on m’a demandé de prendre en charge une activité supplémentaire. Que faire ? Je suis père de famille, c’est ma première vocation. Il faut toujours penser à la relève et il ne faut jamais cesser d’appeler. Fonder la mission sur l’Eucharistie me semble essentiel. Personne ne part évangéliser tout seul ; c’est l’Eglise tout entière qui annonce le Christ. »
Claudy, jeune retraitée, membre du Conseil pastoral de St-Ambroise (11e)
« J’étais heureuse que nous soyons si nombreux ! Il est important pour moi de sentir que je fais partie d’un corps plus grand que la paroisse.
J’ai apprécié que nous axions cette première année de « Paroisses en Mission » Sur l’Eucharistie et la mission. Cette invitation de venir puiser à la source peut et doit changer quelque chose dans notre manière de vivre.
J’ai été par ailleurs sensible à ce que Mgr Vingt-Trois a appelé « la culture de l’appel ». Les assemblées paroissiales seront une excellente occasion d’écouter les personnes qui viennent à la paroisse mais que l’on ne connaît pas, d’écouter leurs attentes, de repérer les talents. Beaucoup pourraient se découvrir une vocation dans le secteur caritatif, l’accueil, la communication… Dans une paroisse, il y a toujours un « noyau dur » ; il faudrait que ce noyau s’ouvre à ceux qui souhaitent participer à la mission. Sommes-nous assez invitants pour les aider à faire un pas de plus dans la participation à la mission de l’Eglise ?
Le cardinal Vingt-Trois s’est exprimé avec des mots simples et accessibles à tous.
Il nous rappelle que la mission n’est pas une activité parmi les autres, car par notre baptême nous sommes tous en ce monde comme des "envoyés". Nous avons quelque chose à faire. »
Pascal, 40 ans, membre du Conseil pastoral de St-Ambroise (11e)
« Je me suis senti très concerné par l’intervention de Mgr Vingt-Trois. Jusqu’à l’année dernière, je faisais partie de ces personnes qui vont à la messe mais ne s’engagent pas beaucoup dans leur paroisse. J’ai donc été très étonné lorsque le curé, le P. Alain Gambard, m’a demandé de rejoindre le conseil pastoral ! Que pouvais-je apporter ? Comme moi, des paroissiens reçoivent beaucoup mais ont peut-être besoin d’être réveillé… Mgr Vingt-Trois l’a rappelé avec des mots simples : il ne suffit pas d’aller à la messe, que pouvons-nous faire pour les autres ? Mon épouse et moi faisons partie d’une équipe de jeunes foyers à la paroisse. Nous nous réunissons une fois par mois. D’autres activités de la paroisse, comme la préparation au baptême, sont assurées par des femmes et des retraités. Les " quadras " en profitent mais s’y impliquent pas. La rencontre de ce matin donne envie de s’engager. »
Cécile, membre du Conseil pastoral de St-Ambroise (11e)
« J’étais très contente de cette rencontre, qui rassemblait des paroissiens de tout Paris. Il est important de sentir que nous ne sommes pas isolés ! L’atmosphère était vivante et Mgr Vingt-Trois nous a " regonflés ". Son intervention nous a aussi aidé à prendre conscience qu’il faut appeler davantage, à commencer par les personnes qui viennent à la messe. L’Eucharistie va au-delà d’une démarche personnelle. Par la suite, il nous faudra concrétiser l’appel, convaincre les fidèles que chacun à un rôle à jouer.
J’ai beaucoup aimé le clin d’œil aux femmes. Je suis moi-même mère de famille, tout en continuant à travailler. »
Geneviève, membre du Conseil pastoral de St-François de Molitor (16e)
« Mgr Vingt-Trois a rendu grâce pour les années passées ; c’était important : on ne peut pas avancer dans la mission sans espérance. J’ai beaucoup aimé la prière que nous avons dite tous ensemble à la fin de la rencontre : « Tu veux te faire connaître de tous les hommes. Donne-nous de resplendir du Christ ressuscité. » Nous sommes des chrétiens heureux ! »
Félicia, Cœur Eucharistique (20e)
« L’analyse du cardinal André Vingt-Trois est lucide et optimiste : il préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Il oppose en creux des valeurs porteurs d’espérance.
En plus des six convergences, on aurait aimé voir figurer en toutes lettres le rôle très fécond de la prière, et le constat de l’attrait des jeunes pour la prière d’adoration eucharistique. De nombreuses initiatives missionnaires émanent de ce cœur à cœur avec Jésus devant le très Saint Sacrement.
Le point cinq (aller vers ceux qui n’attendent rien de l’Église) est un écueil très douloureux pour nous. Nous nous heurtons à une sorte de carapace faite de suffisance et d’indifférence, si éloignée de l’humilité du Christ. Les bases chrétiennes de notre culture semblent sérieusement lézardées.
Notre vocabulaire est-il encore audible ? Faut-il inventer un dictionnaire contemporain de notre foi qui expliquerait des termes tels que « salut », « incarnation », « rédemption », « péché »… ?
La culture de l’appel pourrait s’appuyer sur ceux qui témoignent de leur sentiment d’appartenance en versant leur participation communautaire. Cela signale déjà un engagement.
Par ailleurs les personnes sollicitées pour lire la Parole à la messe, ne pourraient-elles pas faire un pas de plus, (même un petit pas, comme l’a dit le cardinal) en préparant les lectures à l’avance, au lieu d’être désignées juste avant le début de la messe ? Cette implication préalable pourrait peut-être les appeler plus loin ensuite (catéchisme, catéchuménat…).
Les beaux chants comme « Je vous ai choisis » pourraient devenir désormais nos « hymnes à la joie » d’être appelés à la mission. »
Reportage et témoignages recueillis par Bénédicte Hériard - Photos Julien Spiewack