A la croisée des mondes - La boussole d’or
Chris Weitz
À la Croisée des mondes est une série de films fantastiques adaptés des romans pour enfants écrits par Philip Pullman. Critique de Louis Corpechot.
Ceux-ci, fortement antichrétiens (un « « Magistérium » obscurantiste y enlève les enfants pour les séparer de leurs âmes,) ont été aseptisés par leur adaptation pour le cinéma. La raison première de cette modération des attaques contre l’Église nous semble être économique : un film trop agressif aurait vu son nombre de spectateurs limité. Et l’utilisation d’un livre « sulfureux » a l’avantage de produire une publicité gratuite et efficace, alimentée par les rumeurs circulant sur internet. D’autre part, pour assurer de plus grandes recettes, les producteurs ont prévu une unique date de sortie mondiale. C’est la raison pour laquelle les journalistes qui ont vu le film en avant-première ont été fouillés au détecteur à métaux par des vigiles pour empêcher le piratage audio-visuel.
Machine fabriquée pour engranger des bénéfices, il est fort probable que la série À la Croisée des mondes atteigne son but : effets spéciaux réussis, jeune héroïne attachante et rythme soutenu promettent un grand succès auprès des enfants. Mais la qualité picturale est ici au service de la description d’un univers athée, si bien dissimulé dans les images qu’il ne peut que générer de la confusion et rendre plus difficile l’enseignement de la Foi aux enfants.
Un exemple : l’invention des « daemons ». Le spectateur apprend que, dans le monde du film, l’âme est extérieure à la personne, qu’elle peut être touchée, qu’elle a la forme d’un animal, et qu’elle change de forme chez les enfants, avant de se stabiliser chez l’adulte. Cette forme animale qui parle est appelée un daemon. On apprend ensuite dans le film que cette « âme » meurt quand la personne meurt, mais qu’il est possible de séparer une personne de son daemon en pratiquant « l’incision » que les « méchants » expérimentent sur des enfants.
Cette conception de l’âme s’oppose en tous points à celle de la doctrine catholique, explicitée par l’article 382 du Catéchisme de l’Église Catholique, qui affirme que l’âme est immortelle et immatérielle.
Ainsi, la question reste toujours celle de l’interprétation de l’image. Un homme représenté avec un lion est-il : saint Marc et son âme, l’évangéliste et le symbole de son évangile, ou bien un dompteur ? Car c’est à la symbolique du Tétramorphe, présente furtivement dans le film, que font référence certaines images de La Boussole d’or.
Il faudrait encore aborder les représentations du film de l’innocence, de la vérité (que l’on peut lire grâce à une machine !), de la violence, ou de l’amour parental, mais nous ne saurions trop recommander à nos lecteurs soucieux de prévenir leurs enfants contre ce film de se munir du « bouclier de la Foi » dont parle saint Paul (Ép. 6, 16).
Louis Corpechot