Antonio Gaudi, en voie de béatification

La consécration de la Sagrada Familia, oeuvre du génial Antoni Gaudi (1852-1926), fut l’occasion pour beaucoup de découvrir que l’artiste était non seulement catholique, mais fervent mystique. Et que l’Eglise projetait de le canoniser.

C’est Jean Paul II, désireux d’élargir les rangs des saints issus du monde laïc, qui a donné le coup de pouce décisif à l’ouverture du procès en béatification de Gaudi. Celui-ci, dont la phase diocésaine s’est achevée en 2003, est désormais instruit à Rome. Le projet était porté depuis 1992 par une association de laïcs mais n’avait guère reçu le soutien de l’Eglise catalane au départ.

Conformément à l’homélie prononcée par Benoît XVI lors de la consécration de la Basilique, l’Eglise veut réaffirmer le lien entre l’art et la foi, la beauté et la vérité. En projetant de canoniser Gaudi, elle veut singulariser la figure de l’artiste ; voilà cinq siècles en effet, qu’il n’y en a aucun qui se soit distingué par sa foi — le florentin Fra Angélico ayant été le dernier repéré !

Gaudi incarne cette idée de Jean Paul II, polonais patriote et artiste, que la foi est pleinement vivante quand elle se transforme en culture. Et la culture, c’est la nation. C’est tout l’opposé du relativisme, dans lequel le théologien Benoît XVI voit l’ennemi actuel du christianisme", suggère Josep Maria Tarragona, membre de l’association pour la béatification d’Antoni Gaudi.

La Sagrada Familia est un temple expiatoire, construit grâce aux dons des fidèles, comme la basilique du Sacré Coeur à Paris. L’idée ? Que l’élévation d’une église, où l’on célèbre dans la liturgie la réconciliation de Dieu avec les hommes, soit le fruit d’un effort collectif. Gaudi quant à lui, y a consacré entièrement les 12 dernières années de sa vie.

Avant-gardiste sur le plan architectural, Gaudi était également à la pointe en matière liturgique puisqu’il suit de près les recherches du courant réformateur dans lequel la France, l’Allemagne et la Belgique jouent un rôle majeur au début du XXe siècle. C’est ainsi que Gaudi, responsable de la rénovation de la cathédrale gothique de Majorque entre 1904 et 1914, y installe un autel au centre de l’abside, face au peuple.

Mais son travail sur le culte a profondément transformé l’architecte. Peu pieux avant quarante ans, il s’est laissé lui-même modeler au gré de la construction de son église, jusqu’à terminer sa vie en mystique. E à conclure de sa conversion que "l’homme sans religion est un handicapé spirituel, un homme mutilé".

Source : La Vie du 09/11/10

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