De retour du Synode
Paris Notre-Dame du 8 novembre 2012
Auditrices à la 13e assemblée générale ordinaire du Synode des évêques à Rome sur « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », Florence de Leyritz, responsable d’Alpha France avec son mari Marc, et Chantal Le Ricque, auxiliaire de l’apostolat du diocèse de Paris, ont suivi plus de 400 interventions dans la salle du Synode au Vatican. Pour Paris Notre-Dame, elles reviennent sur cette expérience.
Paris Notre-Dame : Vous avez passé trois semaines au Vatican pour suivre les travaux synodaux. Dans quel état d’esprit revenez-vous ?
Florence de Leyritz – Je suis partie optimiste et je reviens optimiste. Mais il n’y a pas que moi : ce que j’ai constaté c’est que l’extraordinaire énergie manifestée par les évêques d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique a transformé le regard des Occidentaux qui, davantage dans l’analyse, voyaient peut-être surtout les choses qui ne vont pas dans notre monde. J’ai vraiment vu l’Esprit Saint travailler tous nos pasteurs de manière tangible. Il ne s’agit donc pas d’un optimisme béat, mais d’une énergie renouvelée pour témoigner de Jésus Christ. Je repars également avec la conviction, renforcée par de nombreux échanges, que l’amitié entre les laïcs et les prêtres est essentielle. La nouvelle évangélisation passe par des prêtres et des laïcs passionnés de faire connaître l’amour de Jésus, mais aussi par l’amitié entre les prêtres et les laïcs.
P. N.-D. : Que retenez-vous essentiellement de ce Synode ?
F. de L. – Tout d’abord, je ressors éblouie par la beauté de l’Église, une Église qui souffre. Je n’avais auparavant pas pris toute la mesure de la persécution qu’elle vit dans de nombreux pays. Or, nous avons eu beaucoup d’échanges avec des évêques de pays où l’Église est martyre. La deuxième chose qui m’a marquée est la liberté de ton dont l’Église est capable de faire preuve : les évêques étaient très libres dans leurs diagnostics, dans leur capacité à se remettre en cause... Et puis, je ressors avec ces paroles vraies, belles et simples sur lesquelles on a beaucoup insisté : la nouvelle évangélisation, c’est d’abord l’expérience d’une rencontre personnelle nous sauve ; cela commence par une histoire d’amour.
P. N.-D. : Votre perception de la nouvelle évangélisation a-t-elle évolué ?
F. de L. – Les travaux synodaux ont d’abord confirmé ce en quoi nous croyons passionnément avec Alpha : que la vie extraordinaire de l’Église se joue avec les gens ordinaires dans les paroisses ordinaires. C’est apparu dans de très nombreuses bouches et de façon très forte. Au niveau de la nouvelle évangélisation à proprement parler, il y a eu un vrai débat, avec deux visions : celle de la nouvelle évangélisation comme étant le fait de rappeler les baptisés à leur premier amour, et celle venant des pays d’Asie ou d’Afrique considérant que la première annonce n’étant pas finie, nous étions toujours dans la première évangélisation. Benoît XVI a réconcilié ces deux points de vue dans sa magnifique homélie de clôture du Synode, en précisant que la nouvelle évangélisation est essentiellement liée à la mission ad gentes mais qu’elle s’impose aussi dans nos pays d’ancienne évangélisation.
P. N.-D. : Pourquoi insistez-vous sur le fait que la paroisse est le premier maillon de la nouvelle évangélisation ?
F. de L. – Ce sont les Pères synodaux qui ont mis l’accent là-dessus. Beaucoup ont souligné l’importance de créer des lieux de dialogue et d’annonce là où est la communauté chrétienne locale, soit dans la paroisse, soit dans les communautés ecclésiales de base pour les pays où il y a moins de prêtres que chez nous. Le Saint-Père nous a invités à penser un itinéraire sacramentel permettant de découvrir le Christ. Or, où cet itinéraire sacramentel peut-il être mieux vécu que dans la paroisse ? Celle-ci a un rôle clé à jouer dans la nouvelle évangélisation. • Propos recueillis par Ariane Rollier
Témoignage
Chantal Le Ricque, chargée de la formation des auxiliaires de l’apostolat du diocèse de Paris, auditrice au Synode.« Comme cela a été redit dans le message final du Synode, la nouvelle évangélisation, c’est la possibilité donnée à nos contemporains de rencontrer le Christ dans une démarche personnelle. Cette définition revenue à travers les nombreux échanges m’a beaucoup touchée et dynamisée. Cela m’a aussi renforcée dans la conviction que pour permettre aux personnes de rencontrer le Christ, il faut d’abord leur marquer beaucoup d’attention en étant proches d’elles, en les écoutant, en les aimant, car elles ont souvent beaucoup à dire concernant leurs difficultés, leurs souffrances. Personnellement, j’ai pris conscience qu’il fallait que je les écoute avec plus de profondeur, pour leur répondre le plus justement possible, en ayant si possible une parole qui puisse aller jusqu’à dire : “Le Christ t’aime, c’est peut-être de ce côté-là qu’il faut chercher.” Un autre enseignement que je tire du Synode est que l’Église est comme un grand arbre et que tout le monde y a sa place. C’est ce que j’ai constaté en écoutant des auditeurs représentant des sensibilités très différentes, des méthodes différentes, mais tous avec le même objectif : faire connaître le Christ. Le Synode m’a enfin donné une plus grande ouverture par le décentrement de la France, qui n’apparaissait que comme un pays parmi d’autres, chacun ayant sa valeur propre. » • Propos recueillis par A. R.
Retrouvez une vidéo portant sur l’expérience synodale de Florence de Leyritz et Chantal Le Ricque sur dioceseparis.fr.
Extraits de l’homélie de Benoît XVI lors de la messe de clôture du synode le 28 octobre 2012
« La nouvelle évangélisation concerne toute la vie de l’Église. Elle se réfère, en premier lieu, à la pastorale ordinaire qui doit être toujours plus animée par le feu de l’Esprit, pour embraser les cœurs des fidèles qui fréquentent régulièrement la communauté et qui se rassemblent le jour du Seigneur pour se nourrir de sa Parole et du pain de la vie éternelle. Je voudrais ici souligner trois lignes pastorales qui ont émergé du Synode. La première porte sur les sacrements de l’initiation chrétienne. L’exigence d’accompagner la préparation au baptême, à la confirmation et à l’Eucharistie avec une catéchèse appropriée a été réaffirmée. […]
En second lieu, la nouvelle évangélisation est essentiellement liée à la mission ad gentes. L’Église a le devoir d’évangéliser, d’annoncer le message de salut aux hommes qui ne connaissent pas encore Jésus Christ. Au cours des réflexions synodales, il a été aussi souligné qu’il existe beaucoup de milieux en Afrique, en Asie et en Océanie où des habitants attendent ardemment, parfois sans en être pleinement conscients, la première annonce de l’Évangile. Il convient par conséquent de prier l’Esprit Saint afin qu’il suscite dans l’Église un dynamisme missionnaire renouvelé dont les protagonistes soient, de manière spéciale, les agents pastoraux et les fidèles laïcs. La mondialisation a causé un important déplacement de population ; par conséquent, la première annonce s’impose aussi dans les pays d’ancienne évangélisation. […]
Un troisième aspect concerne les personnes baptisées qui cependant ne vivent pas les exigences du baptême. Au cours des travaux synodaux, il a été mis en lumière que ces personnes se trouvent sur tous les continents, spécialement dans les pays plus sécularisés. L’Église leur porte une attention particulière, afin qu’elles rencontrent de nouveau Jésus Christ, redécouvrent la joie de la foi et retournent à la pratique religieuse dans la communauté des fidèles. Au-delà des méthodes pastorales traditionnelles, toujours valables, l’Église cherche à utiliser de nouvelles méthodes, avec aussi le souci de nouveaux langages, appropriés aux différentes cultures du monde, proposant la vérité du Christ par une attitude de dialogue et d’amitié qui a son fondement en Dieu qui est Amour. »
– Retrouvez l’intégralité de l’homélie sur www.vatican.va.