Fidesco
Créé en 1981 par la Communauté de l’Emmanuel, Fidesco a déjà envoyé en mission plus de 1.100 volontaires. Une expérience enrichissante, humainement et spirituellement.
Créé en 1981 par la Communauté de l’Emmanuel, Fidesco a déjà envoyé en mission plus de 1 100 volontaires. Une expérience enrichissante, humainement et spirituellement.
« Cela nous a rendus profondément heureux et cette joie dure encore ! »
Étienne et Marie Pierre Gaisne, qui furent les deux premiers volontaires à partir avec Fidesco en 1983-1984, évoquent avec enthousiasme leurs deux années dans le Tamil Nadu (Inde du Sud).
Étienne – parti dans le cadre du service national – terminait alors son internat de médecine et fit sa thèse sur « la place de la chirurgie dans le traitement de la lèpre » à partir de son travail dans la léproserie de Kumbakonam, à 140 km de Pondichéry. là, il se passionna pour la chirurgie de la main, ce qui l’amena à se spécialiser en chirurgie orthopédique et traumatologique, à son retour en France.
« Grâce à la Fidesco, j’ai découvert ma voie professionnelle ! », résume celui qui exerce depuis vingt ans dans une clinique nantaise réputée et qui, depuis 1996, repart chaque année bénévolement pour dix jours de mission chirurgicale dans les pays en voie de développement.
Marie-Pierre, de son côté, est intarissable pour dire combien son travail dans un asile psychiatrique tenu par des religieuses remarquables lui a « appris à aimer les personnes telles qu’elles sont ».
[...] Comme les Gaisne, la plupart des anciens volontaires qui, depuis trente ans, sont partis avec la Fidesco savent combien ce qu’ils ont vécu là-bas les a construits humainement. « J’étais parti à 23 ans, à une étape charnière de ma vie, et cela m’a aidé à mieux savoir ce que je voulais en faire », témoigne Bruno Boquien parti avec la Fidesco en 1991-1993 pour enseigner le français et l’histoire de l’Église dans le petit séminaire d’issia, en Côte d’ivoire.
« Ces années africaines m’ont appris le détachement matériel », poursuit ce père de trois enfants qui, pour les endormir le soir, « plutôt que de leur lire des histoires, leur montre des photos de papa en coopérant »
[...] C’est le cas aussi de Violaine Huysmans, 34 ans, institutrice dans une école privée à Toulon (Var) et qui est partie en 2005-2007 avec Fidesco comme professeur de français à Chennai (Madras), en Inde.
« Là-bas, il y avait beaucoup de situations frustrantes et la comparaison avec la France était tentante, mais à un moment j’ai décidé d’être pleinement là. L’Inde m’a appris à vivre à 300 % l’instant présent et à consentir à la réalité ».
Un apprentissage dont la jeune femme continue de se servir au quotidien, avec des élèves souvent difficiles… « L’an dernier, des lycéens de Brignoles m’ont demandé de les accompagner deux semaines à Chennai pour un projet humanitaire avec des jésuites, ce qui m’a permis de revoir ceux avec qui j’étais resté en lien », poursuit la jeune femme.
Bon nombre de ces anciens coopérants restent en lien
En effet, bon nombre de ces anciens coopérants non seulement restent en lien, d’une manière ou d’une autre, avec le pays où ils ont été envoyés, mais lancent divers projets, notamment dans l’humanitaire. Ainsi, Bruno Bocquien dès son retour en 1993, a fondé avec « dix copains de la même promo » une association d’anciens volontaires (aujourd’hui absorbée dans Fidesco) afin de « faire bénéficier d’autres personnes sur le départ de notre capital d’informations ». Ce Nantais qui travaille actuellement dans l’édition de logiciels informatiques a également été à l’initiative d’un partenariat entre son entreprise et des pays en voie de développement : « il y a cinq ans, des salariés de ma boîte se sont rendus au Rwanda pour vérifier le financement d’un centre d’accueil pour enfants de la rue. »
De même, Cécile Mériaux, éducatrice de jeunes enfants à l’hôpital de Mulhouse (Haut-Rhin), partie avec Fidesco en 2006-2008 pour œuvrer dans un orphelinat de lima (Pérou) auprès d’enfants séropositifs, a adhéré dès son retour au Réseau Alsace-lorraine des volontaires pour la coopération ainsi qu’à la Caritas. « Le fait d’avoir été étrangère au Pérou a changé mon regard sur les étrangers en France ; je suis plus sensible à l’accueil de ceux qui débarquent », constate-t-elle.
Le service de Fidesco fête ses trente ans
Ces anciens de la Fidesco savent dire également combien leur foi chrétienne se nourrit toujours de cette expérience. « Elle accélère la maturation humaine et spirituelle », résume Violaine Huysmans. Autant de points qui seront mis en avant tout au long de l’année pour fêter « les 30 ans du service de Fidesco auprès des pays plus défavorisés », selon l’expression de Benoît XVI. le 3 février, le pape avait reçu en audience privée des responsables et des évêques issus de la Communauté de l’Emmanuel qui fête également cette année ses 40 ans.
Ce samedi à Paray-le-Monial, Mgr Yves le Saux, évêque du Mans et prêtre de l’Emmanuel, célébrera d’ailleurs une messe d’envoi de 20 nouveaux volontaires. Nul doute que les propos du pape y seront relus :
« le travail réalisé en particulier par Fidesco témoigne aussi de votre engagement auprès des populations des pays plus démunis. Que partout votre charité rayonne de l’amour du Christ et devienne ainsi une force pour la construction d’un monde plus juste et plus fraternel ! »
Claire Lesegrétain
D’après le Journal La Croix du 18 février 2011