À deux pas des Champs-Élysées, saint Pierre en majesté
Paris Notre-Dame du 14 septembre 2023
Après de longs mois de restauration, les échafaudages ont été démontés le long de l’avenue Marceau, dans le 8e arrondissement, pour révéler enfin le résultat des travaux. Le tympan monumental de St-Pierre de Chaillot, œuvre d’Henri Bouchard achevée en 1938, a été restitué aux passants et aux paroissiens lors de son inauguration officielle en juin dernier.
Ils étaient peu nombreux à prendre le temps de contempler l’impressionnant tympan que les années et la pollution avaient noirci. L’œuvre, d’ailleurs, passait inaperçue sur la grande avenue. « Elle avait même, avoue le P. Jacques Ollier, curé de la paroisse, un côté repoussant. C’est pourtant une véritable merveille et c’est une grande fierté de la redécouvrir ainsi, majestueuse. » Bâtie dans les années 1930 au cœur du Triangle d’or, l’église St-Pierre de Chaillot se dresse, magistrale, dans son architecture néo-byzantine en béton armé typique de l’Art déco qui fleurit dans le Paris de l’entre-deux-guerres. Sous sa voûte sombre percée de vitraux flamboyants, quelques promeneurs s’arrêtent pour trouver en ses murs un peu de fraîcheur. Dans le silence du chœur, à l’abri de l’agitation et des voitures qui klaxonnent sur l’avenue, ils déposent un cierge et prient un instant.
Splendeur originelle
Sculpté par Henri Bouchard (1875- 1960), le tympan rend hommage au saint patron de l’édifice, dont il retrace la vie en une vingtaine de bas-reliefs répartis sur huit registres qui encadrent, dans une mandorle imposante, un saint Pierre en majesté. Sculpté en pierre calcaire de Saint-Maximin, ce grand triangle de presque trente mètres de long domine l’avenue en culminant à quinze mètres de hauteur. Le blanc éclatant de la façade restaurée contraste désormais avec le gris des immeubles alentours, sous le soleil éblouissant de l’été. C’est seulement un an après son arrivée comme nouveau curé de la paroisse, en 2018, que le P. Ollier entreprend d’initier ce vaste projet de restauration pour rendre sa beauté à l’église. « Karen Taïeb, adjointe à la Maire de Paris en charge du patrimoine, de l’histoire de Paris et des relations avec les cultes, s’est immédiatement impliquée dans le projet, ajoute le P. Ollier. Grâce au soutien de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris (FAPP), qui participe à la restauration du patrimoine religieux de Paris, 100 000 euros ont été levés. Les 300 000 restants ont été apportés par la Ville de Paris. » La restauration s’est achevée en avril dernier grâce aux travaux menés par la conservation des œuvres d’art religieuses et civiles, sous la direction de la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France : c’est la première fois, depuis sa consécration en 1938, que le tympan retrouve sa splendeur originelle.
« L’église est un véritable trésor : non seulement en tant qu’édifice religieux mais aussi en tant que joyau du patrimoine architectural parisien, c’est une grande fierté pour tous les paroissiens, poursuit le P. Ollier. Il était important qu’ils retrouvent la beauté de leur église et de son tympan, qui, dans leur état de dégradation, faisaient régulièrement l’objet de commentaires négatifs... Nous avions à cœur de lui rendre sa splendeur passée : c’est l’église des Champs-Élysées. Elle est ouverte en permanence et accueille beaucoup de passage et un public toujours varié : des paroissiens, bien sûr, mais aussi de nombreux touristes et de jeunes franciliens. C’est ce qui fait sa richesse : une situation géographique essentielle qui donne lieu à de nombreux et beaux échanges. Espérons que, désormais, ils soient encore plus nombreux à s’y arrêter. »
Morgane Afif
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