À propos du “mariage homosexuel” et de l’adoption
Paris Notre-Dame du 12 juillet 2012
P. N. -D. – Quelle a été votre réaction en entendant de la ministre de la famille que les personnes du même sexe pourront se marier et adopter dès l’année prochaine ?
Mgr M. A. – Je ne suis pas spécialement surpris : cela faisait partie du programme du candidat François Hollande. Il me semble qu’avant de décider d’une loi qui va bouleverser la société, il conviendrait d’en mesurer les conséquences, de permettre un véritable débat comme pour les lois de bioéthique et de mettre en place des états généraux sur cette question. Ce serait le signe donné d’une vraie démocratie participative des citoyens.
P. N.-D. – Qu’est-ce que cela remet en cause au niveau légal et au niveau social ?
Mgr M. A. – Au niveau légal, il s’agit d’un bouleversement de la filiation. Le mariage était conçu d’abord pour le bien de l’enfant. Tout enfant est issu d’un père et d’une mère. En supprimant la mention « père » et « mère » sur l’état civil, on introduit délibérément une fragilisation de l’enfant qui perd ses repères naturels. C’est une remise en cause du code civil. En outre, la convention de New York de l’ONU, en 1991, affirme le droit de l’enfant de connaître ses parents et d’être élevé par eux. Par ailleurs, juridiquement, ce n’est pas la sexualité qui fonde le mariage, c’est la différence des sexes. En effet, le maire ne demande pas aux époux leur orientation sexuelle. Nous avons une identité sexuelle qui nous qualifie juridiquement. Il ne revient pas à l’État de définir juridiquement l’orientation sexuelle. Enfin, une loi a pour vocation de s’appliquer à tous et donc d’être universelle. Il ne convient pas, qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L’inceste ? L’adoption d’un enfant par un frère et une sœur ? Pourquoi pas, en effet, « puisqu’ils s’aiment », pour reprendre l’argumentation des partisans du “mariage homosexuel” ? Sur le plan social, on sait pourtant, avec les enfants adoptés, nés sous X, le besoin essentiel de connaître de qui l’on vient pour connaître non seulement sa constitution biologique, mais aussi pour se construire sur le plan psychologique. La souffrance qu’entraîne l’ignorance de ses origines est bien connue et exprimée de plus en plus par des enfants qui, devenus grands, revendiquent leur droit. Le recours à une procréation médicalement assistée serait une profonde injustice faite aux enfants. Il y a toujours un père et une mère et l’homoparentalité est une inexactitude. On constate que le consensus du droit des adultes se fait aux dépens du droit des enfants.
P. N.-D. – À quoi les catholiques sont-ils invités à la suite de cette annonce ?
Mgr M. A. – Comme toujours, et d’abord, à témoigner du Christ par leur vie. Homme et femme, Dieu créa l’humanité à son image pour manifester la communion divine du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est la signification du sacrement de mariage dans laquelle Dieu s’engage. Une famille harmonieuse fondée sur le couple où l’amour et la vie sont intimement liés, où se pratique le pardon et où s’appliquent les préceptes de l’Évangile, donnera envie d’en connaître la source. Les jeunes chrétiens devront se démarquer, comme ils le firent jadis, pour signifier la beauté d’un engagement fondé sur l’Alliance divine et montrer au monde « qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». • Propos recueillis par Ariane Rollier