Catholiques, protestants et orthodoxes : la « mission » à cœur

Paris Notre-Dame du 21 janvier 2010

Le 4 avril 2010, catholiques, protestants et orthodoxes fêteront Pâques ensemble à la Défense. A l’occasion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, du 18 au 25 janvier, Paris Notre-Dame a enquêté sur la“mission” vue par les trois confessions chrétiennes.

Rassemblement des différents représentants des confessions chrétiennes d’Île-de-France, au matin de Pâques 2007
Une façon de manifester publiquement leur foi dans la Résurrection.
© D. R.

Retenez bien cette date : Pâques 2010. Le 4 avril, catholiques, protestants et orthodoxes sont tous invités à célébrer la Résurrection sur le parvis de la Défense (lire l’encadré). Cette année, en effet, Pâques tombe à la même date pour les trois confessions. Un heureux hasard du calendrier, dont les trois grandes confessions chrétiennes se sont saisies pour manifester publiquement leur foi commune dans le Christ ressuscité. C’est un fait : la « mission » est le souci de toutes les confessions chrétiennes.

Prêtre, prophète et roi

Parler du Christ : les catholiques de Paris savent qu’ils y sont vivement engagés.Pas tellement pour faire remonter à tout prix les chiffres de la pratique religieuse, mais parce que leur baptême même les y engage. « L’onction du baptême et de la confirmation par laquelle nous recevons le don de l’Esprit Saint, nous configure au Christ prêtre, prophète et roi, comme le dit la formule du rituel baptismal, rappelait le cardinal André Vingt-Trois aux étudiants de l’aumônerie Cep Grands Moulins, le 8 janvier 2009. Comme chrétiens, nous sommes associés très profondément à cette mission du Christ d’annoncer la Bonne Nouvelle ». Approche similaire chez les orthodoxes. Si en France, leurs églises ont tendance à se remplir grâce à l’arrivée de nombreux migrants d’Europe de l’Est, le croyant n’est pas dispensé d’annoncer le Christ. « La lumière du Christ ne peut être mise sous le boisseau » (Mt 5, 15), note ainsi Bogdan-Florin Vlaïcu, orthodoxe originaire de Roumanie. Côté protestant, le message est également clair. « La foi ne se capitalise pas, souligne le pasteur Etienne Vion, responsable du Service œcuménique de la Fédération protestante de France. Je ne suis jamais plus croyant que lorsque je partage ma foi ; c’est en me risquant à dire mes doutes que je la nourris ; en évangélisant que je m’évangélise. »

Sans complexe

Très concrètement, comment ces chrétiens annoncent-ils leur foi ? S’en tiennent-ils à une annonce discrète ? Ou organisent-ils des missions d’évangélisation ? Chez les orthodoxes, le christianisme s’affiche sans complexe. Le 6 janvier dernier, pour la fête de la Théophanie (fête du Baptême du Christ), une petite centaine de fidèles a ains iparticipé à la bénédiction des eaux de la Seine. « Il est bon de mettre en valeur les racines chrétiennes de la culture française », estime Bogdan-Florin Vlaïcu, originaire d’un pays où religion et identité nationale sont étroitement liées. « Chez nous, en Roumanie, le carême est officiellement annoncé ! Les magasins vendent même des “mets de carême”. En France, j’aime voir l’Église catholique exprimer publiquement sa foi. Par exemple, sur les ondes radiophoniques. »

Transmettre

Côté protestant, on a toujours eu le souci de respecter la laïcité et de ne pas froisser l’Église catholique. Jusque dans les années 1960, les « luthéro-réformés » [1] s’affichaient peu ; le mot « mission » désignait essentiellement l’action sociale et spirituelle de quelques croyants envoyés à l’étranger. Jusqu’à ce que les pays lointains s’interrogent sur la sécularisation à l’œuvre en Occident… « Nous nous sommes rendus compte que nous devions nous-mêmes être évangélisés », explique le pasteur Vion. Comme chez les catholiques, la question est alors posée : annonce explicite ou témoignage implicite ? Peu à peu, les luthéro-réformés s’orientent vers la première option. « Nous avons constaté que les familles ne transmettaient plus la foi, poursuit le pasteur. Nos contemporains manifestent une soif spirituelle dont nos Églises ne sont plus le réceptacle naturel. Il était donc nécessaire que les Églises se lancent dans une annonce explicite de l’Évangile. » Depuis deux décennies, les luthéro-réformés multiplient donc les initiatives sur la place publique : opération portes ouvertes, expositions, concerts, cours Alpha [2]

S’écouter

Aujourd’hui, les trois confessions chrétiennes disent qu’il est indispensable de manifester publiquement sa foi. Et pas les uns contre les autres : la Parole de Dieu serait alors inaudible. Faut-il pour autant parler à l’unisson ? « Je crois que nous pouvons jouer chacun notre partition, déclare le pasteur. Mais pour que l’ensemble sonne juste, il faut que nous nous écoutions. » • Bénédicte Hériard

Qu’est-ce que pâques 2010 ?

Le 4 avril prochain, il faudra se lever tôt ! Les chrétiens d’Ile-de-France, catholiques, protestants et orthodoxes, ont tous rendez-vous à 7h30 sur le parvis de la Défense pour proclamer ensemble que le Christ est ressuscité. Au programme de ce rassemblement, qui devrait durer une heure : lecture de l’évangile de la Résurrection, chants, prière, confession de foi et prises de parole. Pour préparer au mieux « Pâques 2010 », un livret intitulé « Christ est ressuscité » a été édité, sous la responsabilité de l’équipe œcuménique régionale d’Ile-de-France. Pour chacune des six semaines précédant la Résurrection, il propose un passage de l’Évangile selon saint Jean, une méditation sur ce texte, un canevas pour continuer la réflexion, une prière et un témoignage sur la rencontre de l’autre aujourd’hui. • B.H.

[1Les Eglises luthéro-réformées regroupent les Églises héritières de la théologie de Martin Luther (1483-1546) et les Églises héritières de Jean Calvin (1509-1564). Elles représentent deux tiers des protestants en France.

[2Introduction à la foi chrétienne en quinze sessions, selon un parcours « clé en main » conçu par le pasteur anglican Nicky Gumbel, dans les années 1990. Les cours Alpha sont proposés en France depuis 1999.

Pâques 2010