Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Notre-Dame

Dimanche 6 avril 2025 - Notre-Dame (4e)

– 5e dimanche de carême – Année C

- Is 43, 16-21 ; Ps 125, 1-6 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

« Dieu ne cesse de faire du neuf, ne le voyez-vous pas venir ? » C’est ainsi qu’il s’adresse à nous, à travers le prophète Isaïe, dans la première lecture. Il rappelle que, lors de la sortie d’Égypte, quand il s’est agi de quitter ces générations de servitude sous l’empire de pharaon, Dieu a ouvert la mer devant le peuple. Et Isaïe, qui vit bien des siècles plus tard, dit : « Vous avez été libérés aussi, maintenant, de Babylone où vous aviez été envoyés en exil pendant presque deux générations, et là Dieu a fait bien du neuf, il a inventé autre chose, vous n’avez pas traversé la mer mais vous avez traversé le grand désert dans lequel manquent et la nourriture et l’eau ». Dieu s’adapte et créé, dans des situations nouvelles, du nouveau.

Frères et sœurs, le carême est un temps de renouveau pour nous, un temps de renouvellement de notre foi dans le Seigneur qui fait du nouveau pour nous.

Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous le dit aussi. Il nous dit qu’il a commencé sa vie comme un pharisien, c’est-à-dire un homme scrupuleux de la loi : pharisien ne veut pas toujours dire épouvantable et mauvais, mais scrupuleux de la loi sous laquelle il vivait. Et il dit : « Toutes ces richesses que j’avais - et c’était sa vie d’avant le chemin de Damas - je les considère pour rien, parce que j’ai reçu ce bien qui dépasse tous les biens : la connaissance de Jésus mon Seigneur, mon Sauveur. » Dieu a fait aussi du neuf dans la vie de saint Paul, il lui a ouvert le chemin de la connaissance de Jésus, de la connaissance de celui qui est venu le sauver, de la connaissance de celui qui est venu sauver l’humanité tout entière. Et, dit saint Paul, « oubliant le passé, tendu vers l’avenir, je cours pour saisir le bien définitif qui est le Salut. Je ne l’ai pas encore obtenu mais je continue de courir parce que le Seigneur a fait du nouveau dans ma vie. »

Deuxième rappel que le temps du carême est pour nous un temps de renouvellement, un temps de changement, un temps où nous découvrons la nouveauté de connaître le Christ, de pouvoir marcher dans la paix intérieure parce que nous savons que nous sommes aimés, parce que nous savons que nous sommes sauvés.

Et, bien sûr, ces deux lectures qui nous sont données par la liturgie de ce dimanche nous préparent à écouter l’évangile que nous venons d’entendre, l’évangile bien connu de la femme adultère. Là encore, le Seigneur, et c’est Jésus lui-même, fait du neuf dans la vie de ses interlocuteurs, dans la vie de cette femme. Bien sûr, il ne lui dit pas que l’adultère ce n’est pas grave ; bien sûr il ne dit pas aux pharisiens et aux scribes qui sont venus lui amener cette femme que l’adultère est sans importance. Mais il dit à chacun : « Regarde-toi : tu as besoin d’être sauvé, tu as besoin d’être libéré de la faute et du péché qui est au fond de ton cœur et toujours prêt à agir pour te faire mal agir. » Saint Augustin, quand il commente ce texte, dit : « Quand chacun s’observe profondément et de façon véridique, il découvre qu’il est pécheur, c’est inévitable. » Mais Jésus dit à cette femme : « Oubliant non pas le mal que tu as fait, mais le passé dans lequel tu étais et qui risque de t’enfermer et de t’empêcher d’avancer, oubliant cette fermeture, sois maintenant tendue vers l’avant, va et ne pèche plus. Ta vie ne se résume pas à cet acte, tu peux maintenant ne pas quitter la certitude d’être avec le Seigneur ton Dieu. » Ne pèche plus, cela veut dire : ne t’éloigne plus de lui, reste dans son amour et dans sa miséricorde qui te protègent du péché.

Le carême, frères et sœurs, est pour nous un temps de renouvellement. Il nous redit la nouveauté qu’est, pour nous, la connaissance de Jésus notre Sauveur. Il nous redit que, certes, nous sommes enfermés peut-être dans un péché, que nous sommes enfermés dans le mal que nous commettons, le voulant ou ne le voulant pas, nous en apercevant ou ne nous en apercevant pas tout de suite. Mais il nous dit surtout : « Maintenant que tu le sais, la lumière vient éclairer ce péché pour que tu découvres le bonheur d’être avec ton sauveur. »

Voilà ce que l’Évangile nous dit aujourd’hui : tout est possiblement nouveau dans notre existence si nous regardons le Christ.

Il se trouve que notre époque aussi à l’air de vouloir redécouvrir le sacrement de pénitence et réconciliation : que nous venions pour y entendre surtout la Bonne Nouvelle d’être aimé, la Bonne Nouvelle d’être pardonné, la Bonne Nouvelle d’être remis sur un chemin de bonté, de vérité, de droiture et d’amour de Dieu qui nous conduit à aimer nos frères et nos sœurs de tout notre cœur.

Que le Seigneur soit bon pour vous, qu’il vous permette de ne pas achever ce carême sans profiter de ce sacrement qui nous est ici proposé. Dans les deux chapelles qui sont ici il y a des confessionnaux et je sais qu’ils sont souvent remplis, qu’il y a des gens qui attendent pour recevoir ce sacrement. Cela se passe ici dans cette cathédrale Notre-Dame, cela se passe dans l’église que vous fréquentez peut-être plus régulièrement, cela se passe dans les sanctuaires ici à Paris, à Montmartre, à Notre-Dame des Victoires, à Saint-Sulpice, à Saint-Louis d’Antin… Il y a bien des endroits où nous pouvons nous présenter devant le Seigneur et demander qu’il éclaire notre chemin. Le pardon est fait pour nous et il nous envoie sur une route toujours nouvelle. Oubliant le passé, tendus vers l’avant, nous tâchons de saisir ce que le Seigneur nous donne jour après jour, pour que nous soyons des êtres renouvelés en permanence.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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