Le sanctuaire parisien de Jeanne d’Arc

Paris Notre-Dame du 17 juillet 2014

Chargées d’histoire, l’église St-Denys de la Chapelle et la basilique Ste-Jeanne d’Arc, toutes deux sur le territoire de la paroisse St-Denys de la Chapelle (18e), sont malheureusement peu connues. Un sanctuaire qui se laisse pourtant découvrir facilement. Visite.

Basilique Sainte-Jeanne d’Arc (18e)
© Émilie de Grandmaison

La rue de la Chapelle (18e) est l’ancienne grande route gauloise qui relie Paris et la ville de Saint-Denis.Entre les collines de Montmartre et de Belleville, elle s’élève lentement avant de redescendre vers le nord. C’est au niveau de ce petit col, juste au dessus du métro Marx Dormoy, que l’on découvre l’imposante basilique Ste- Jeanne d’Arc. Noirci par la poussière, encadré de deuxtours, le bâtiment est le fruit d’un vœu, prononcé le 4 septembre 1914 par Mgr Henri-Louis Odelin, vicaire général, d’élever une église à Jeanne d’Arc si Paris était épargné de l’invasion allemande [1].

Béton brut et briques

En passant le porche, l’on découvre un vaste narthex dominé par une coupole. Construit dans les années trente, il servit d’abord d’église en attendant que les travaux, arrêtés pour raisons économiques et administratives, puissent s’achever. Deux statues de Jeanne d’Arc attirent le regard. L’une représente la sainte, « ange de la paix », tendant vers les cieux un rameau d’olivier, sa cape se déployant en forme d’aile. En face, une « tête-reliquaire » abrite un peu de terre provenant de la place du Vieux Marché de Rouen, lieu du martyre de la Pucelle. Il faut ensuite passer la porte en verre pour pénétrer dans la seconde partie de la basilique, bâtie dans les années soixante. Un peu sombre, très sobre, toute de brique et de béton, dotée de la nef la plus spacieuse de tout Paris, elle peut rassembler mille personnes. Le regard du visiteur, après s’être arrêté sur les arcs en béton ajourés, glisse vers le chœur, illuminé par deux immenses murs en « pavés de verre » qui permettent de centrer toute son attention sur l’autel.

Vieilles pierres

Si l’on cherche un endroit plus intime pour prier, il faut profiter du charme de la petite église St-Denys de la Chapelle – du nom de l’ancien village – qui jouxte la basilique. Dans le narthex, deux portes y donnent accès. Ici, arcs gothiques en pierre, chapiteaux de style gothique primitif et voûte de bois habillent l’espace. En semaine, c’est là que les paroissiens suivent la messe. On raconte que l’édifice, bâti en 1204, se situe à l’emplacement d’une ancienne chapelle édifiée par sainte Geneviève pour abriter la tombe de saint Denis. Cette église peut se vanter d’un privilège unique parmi ses comparses parisiennes : à l’entrée de sa nef, une statue de Jeanne d’Arc sur le bûcher rappelle que la sainte est venue prier là, avant l’attaque infructueuse qu’elle lança en 1429 contre Paris tenu par les Anglais. Cet épisode a incité le curé de l’église, en 1922, à réclamer que la basilique dédiée à la martyre soit érigée sur le territoire de sa paroisse.

Agnès de Gélis

[1Deux jours après le vœu, de façon inexpliquée, les troupes ennemies bifurquent vers la Marne.