Les dispositions matérielles des églises
Cette note n’aborde aucun aperçu théologique ou pastoral sur l’Église, sacrement du Christ et mystère du peuple de Dieu. Elle s’adresse aux responsables de la construction, de l’aménagement et de l’usage des lieux de culte du diocèse : pasteurs, architectes et plasticiens, et fidèles, et atteindra son but si elle aide à leur réflexion.
A. L’information
Évoquée ici en premier lieu, elle précède, et/ou accompagne tous les lieux et les activités, et demande à être diversifiée selon :
A1 : Ses destinataires : Pratiquants habituels ou occasionnels, habitants du quartier ou passants-visiteurs parisiens, provinciaux, étrangers, jeunes et vieux,...
A2 : Ses objets : Il s’agit de faire connaître :
A21 : L’existence des églises : adresses, heures d’ouverture, d’offices, d’accueil.
A22 : Les autres lieux de culte du voisinage, y compris les églises étrangères et des "chrétiens séparés"
A23 : Les activités et services de l’église locale : Culte, prière et sacrements. Autres services, et leurs lieux Presbytère, catéchèse, aumôneries, patro, garderie, écoles, etc..Bibliothèque, vestiaire, service social, repas partagés, alphabétisation,... Activités culturelles : Visites, conférences, concerts.... ». Faire percevoir que l’Église n’est pas indifférente au monde et à la vie du quartier.
A3 : Ses moyens ou vecteurs :
A31 : Documents : Plans de la ville, du quartier, de la paroisse, journaux d’arrondissement de doyenné, de quartier, de paroisse, dépliants, tracts .Le cas échéant, documents en langues étrangères.
A32 : Balisage urbain (qui dépend des mairies d’arrondissements ). Signalétique, Affichage externe (sur domaine public ou privé ?, journaux muraux,...), affichage interne aux lieux d’église.
B. Localisation, visibilité, identification
B1 : La localisation des églises est une préoccupation majeure des instances pastorales. Elle appelle, non seulement l’étude du "territoire" desservi, sa démographie, sa sociologie, mais aussi sa desserte, sa visibilité dans l’urbanisme, en tenant compte par exemple des coupures urbaines ( voies ferrées, autoroutes urbaines, et autres obstacles ). Ces points d’urbanisme pastoral, au demeurant essentiels, ne seront pas développés ici.
B2 :Visibilité. Après une époque où l’Église prônait un certain enfouissement, on reprend conscience de la nécessité pastorale, urbanistique. sociologique de la visibilité des lieux de culte.
B21 :Visibilité lointaine : Silhouette, présence d’un signal (un clocher combine deux signaux, le visuel et le sonore, celui-ci étant important : heures, offices, fêtes, glas, solennités civiles).
B22 :Visibilité proche : Il est souhaitable que le bâtiment église se démarque de l’environnement. Ni logement ni école, ni bureau, ni salle de spectacle, ni centre commercial ou usine : par une architecture atypique dans son voisinage, par la modénature, les percements, matériaux et couleurs,...
B23 : Ornementation et décor : (Statues, sculptures, etc..) équivalent mais différent des enseignes commerciales.
B3 : Identification : On devra veiller à la compréhensibilité des symboles dans un monde sécularisé, à la culture religieuse et biblique quasiment nulle. Cette fonction catéchétique des symboles visibles est à repenser entièrement, pour notre époque.
Le Nom du lieu de culte doit être clairement connu et marqué.
C. Desserte et espace extérieur
C1 : Desserte : L’accès à l’église doit évidemment être dégagé, en particulier pour des raisons de sécurité et de commodité : (Accès du corbillard par exemple). Attention particulière aux handicapés : Rampes, (théoriquement 4%, mais une pente plus forte vaut mieux que des escaliers), moyens mécaniques, aide musculaire organisée ...
C2 : Espace extérieur : Importance d’un espace intermédiaire entre la voie publique et l’église.
C21 : Fonctions de cet espace : exemples :
- Rassemblements d’entrée et de sortie : accueil, rencontre, félicitations et condoléances, photos de famille.....
- Certaines fêtes ou célébrations : Bénédiction du feu nouveau, des Rameaux. Chemin de croix, Fête Dieu, processions .
- Quêtes, ventes, expositions, pain bénit, pot d’amitié, buffet, stand de librairie..
C22 : Nature de cet espace. Elle peut être extrêmement variable suivant situation et configuration : Placette publique ou privée, élargissement de trottoir, jardin, cour, parvis, narthex, cloître, salle annexe. Au besoin, dans une église habituellement trop grande, un tel lieu peut être aménagé à l’intérieur.
D. L’entrée dans l’église
L’objectif : Faire percevoir dès le seuil la vie de la communauté et la qualité de son accueil. Horaires d’ouverture : "Une église ouverte à Paris, est une église fréquentée." Problème de permanence (distinguer une permanence d’"accueil" ou de garde et une permanence de"prière").
Deux cas de figure :
D1 : L’église est vide : Importance du cadre : Ambiance : lumière, propreté, silence ou fond musical, décoration florale,...
D11 : Accueil d’un lieu : qui a un nom, une histoire, une architecture, un intérêt culturel, des œuvres d’art,....méritant éventuellement une notice générale, et des explications de détail, par exemple sur l’iconographie, les vitraux et sculptures, ou tout simplement une brève indication sur les fonts baptismaux, la chaire, le bénitier et leur fonction. (À quoi ça sert ?). Ce lieu principal comporte des "sous-lieux" : accueil, bureaux, sacristie, oratoire, sortie, méritant un balisage d’orientation .
D12 : Accueil d’une communauté : Présentation de l’équipe pastorale, des fonctions et des services ( "Trombinoscope", organigramme .) ; Ne pas oublier la secrétaire et le sacristain, premiers et souvent seuls contacts avec l’Église, pour un arrivant.
D13 : Accueil pour des activités : Un affichage clair et attrayant à jour et fréquemment renouvelé ( rien n’est plus nuisible qu’une information périmée ). des dépliants, tracts et feuillets propres, bien présentés, et non-envahissants. Il est bon d’y affecter un responsable unique, investi d’autorité pour obvier à la propagande sauvage, si bien intentionnée soit-elle. Les églises parisiennes pèchent plus souvent par excès que par défaut.
D14 : Le bureau d’accueil : (distinguer l’accueil "laïc", en vue de renseignements administratifs, l’accueil "social" et caritatif. et l’accueil pastoral , spirituel et sacramentel encore qu’il y ait très souvent glissement de l’un à l’autre )
Personnel : Recrutement, aptitudes, choix, formation, documentation (CIDR...), voire connaissance de langues étrangères, et surtout renouvellement. C’est une tâche usante. Horaires : Comment assumer la compatibilité entre les horaires des visiteurs (par ex : entre 12h et 14h et en soirée), l’effectif et les disponibilités des accueillants ?.
Lieux d’accueil. Une localisation dans l’église est préférable, à défaut dans sa proximité immédiate : Visibilité - Intimité - Sécurité - Confort - Lumière - Équipement- téléphone, fichier). Esthétique compatible avec l’église (éviter le bocal-aquarium).
D2 :L’église est pleine : Est-ce une foule anonyme ou une communauté chaleureuse et priante ? Importance de l’accueil : Disposer de plusieurs équipes d’accueillants, (sexes et âges variés), repérables (badges), dont les missions sont multiples :
Accueil aux offices, distribution de livrets, feuilles de chants et lectures, d’annonces.
Orientation vers les places libres, avec discrétion, en respectant les libertés ( notamment : enfants, vieillards, handicapés )
3 - Quêtes et leur organisation,
Recrutement, avec discernement, de lecteurs, chanteurs, etc. (mieux vaut le faire avant). Retour d’information sur l’assistance (effectif, réactions, audition ),etc.
Ces missions, dont la plus grande part s’effectue entre (-5) et (+15) minutes de l’heure H, sont peu compatibles avec une participation active à la liturgie. Elle nécessitent beaucoup d’abnégation, et un renouvellement constant. C’était naguère le ministère du Portier.
Nota : Un accueil personnalisé et souriant, très nécessaire pour l’eucharistie dominicale, l’est encore plus, soit pour les cérémonies à fréquentation exceptionnelle : Noël, Pâques, Rameaux, Toussaint, professions de foi et confirmations, soit pour les célébrations du type "point de passage obligé" du chrétien, telles que : baptêmes, mariages, obsèques. Dans ces derniers cas, l’absence d’accompagnement par la communauté paroissiale, difficile à éviter, est regrettable.