P. Jérémy Rigaux : « Passionné curieux »
Paris Notre-Dame du 14 juillet 2022
Après plusieurs missions en paroisse comme vicaire, le P. Jérémy Rigaux a été nommé administrateur de N.-D.-des-Foyers, tout en devenant enseignant au Collège des Bernardins.
Par Charlotte Reynaud
D’aussi loin que remonte sa vocation, le P. Jérémy Rigaux a toujours voulu être curé. « Ma vocation est née en paroisse, à St-Médard (5e), dont le curé était un modèle pour moi, confie-t-il. Tout au long de mon parcours de séminariste et de jeune prêtre, j’ai été inspiré par des curés qui ont fortifié ce désir. » Aussi c’est un prêtre heureux qui accueille cette première nomination à N.-D.-des-Foyers (19e). Le P. Rigaux a 41 ans et affiche au compteur dix ans de sacerdoce. Un jubilé qui sonne comme la fin d’un premier cycle de sa vie de prêtre, qui s’achève et s’accomplit en même temps. Un diplôme qui couronne trois ans d’études de licence canonique en théologie biblique au Centre-Sèvres. La joie de se projeter sur une mission à long terme, après avoir multiplié les missions de trois ans comme vicaire à St-Ambroise (11e), à St-Ferdinand-des-Ternes (17e) et à St-Jean-Baptiste-de-Belleville (19e). La sérénité aussi, à quarante ans passés, d’une certaine forme de maturité, acquise au fil du temps mais aussi des épreuves, celles liées à son histoire familiale, celles inhérentes à la vie d’homme et au ministère de prêtre. « Je suis aussi devenu prêtre à travers les crises, confie le P. Rigaux. Les moments difficiles ont permis de renforcer mon engagement, ma vocation, de mieux me connaître, de perdre certaines illusions… J’ai gagné en clarté, en lucidité et donc en liberté aussi. »
Ancré dans l’eucharistie
Le P. Jérémy Rigaux a le regard franc et la parole libre. Souriant, vif et curieux, on devine qu’il se lie facilement avec les gens qu’il rencontre. Une empathie naturelle, qui laisse deviner une grande sensibilité, et qu’il met au service de ses différentes missions pastorales. Lui qui se dit « façonné par les paroissiens » aime définir le curé comme « un père avec un coeur de mère », s’excusant du côté « caricatural de la formule », mais insistant sur la nécessaire compassion du prêtre. Le P. Rigaux est un enthousiaste, « ancré dans l’eucharistie » selon ses mots. Il aime citer le cardinal André Vingt-Trois, alors qu’il donnait ce conseil aux séminaristes : « Il faut que vous soyez des passionnés curieux ». Une injonction qu’il applique avec constance ! Lectures, sport, activités, études… tout l’intéresse et l’interpelle. Alors qu’il assiste un jour à un match de rugby, il décide, dès le lendemain, à trente-six ans, d’intégrer le Clignancourt Rugby Club. En paroisse ou sur le terrain, le « Padre », comme l’appellent les autres joueurs, la joue collectif, engagé et dynamique. Attentif à l’autre, il va naturellement vers le délaissé, l’exclu, comme le bon pasteur se préoccupe de la brebis perdue. À cet égard, le vocable de sa future paroisse, N.-D.-des-Foyers, le questionne et le ravit à la fois : « Je trouve ce nom très beau, avec ce pluriel qui suggère l’accueil de tous, une place pour chacun. Cela fait écho à ce verset du Christ : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jn 14, 2). La paroisse s’inscrit depuis longtemps dans cette tradition très forte d’accueil, notamment envers les migrants. J’avais confié à saint Joseph ma prochaine nomination. Tout ce que je découvre, notamment grâce à la transmission du P. Yves-Marie Clochard-Bossuet, me la fait aimer déjà. »
Notre-Dame-des-Foyers (19e)
Nombre dʼhabitants : 16 944.
Un peu d’histoire : L’église N.-D.-des-Foyers, qui était d’abord une chapelle, a été construite entre 1964 et 1967 par les architectes Marcel Astorg et Robert Salles, pour l’Œuvre des Chantiers du Cardinal. Son aménagement a été confié à l’architecte Paul-Alain Djian en 1967. En béton brut, se voulant très simple, l’édifice est orné de nombreux vitraux colorés qui donnent une très belle lumière. La paroisse fêtera ses trente ans en 2024 puisque le premier curé, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, a été installé en octobre 1994.
18, rue de Tanger, 19e.
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