P. Yannick André : Aider la communauté à vivre sa foi

Paris Notre-Dame du 1er août 2024

En mission de service pendant deux ans à la paroisse de l’Immaculée-Conception, après neuf ans comme curé à St-Christophe de Javel, le P. Yannick André devient curé de la basilique de N.-D. du Perpétuel-Secours. Rencontre.

© Mathilde Morandi

Paris Notre-Dame – Que vous ont apporté ces deux années d’étude en parallèle de votre service à l’Immaculée-Conception (12e) ?

P. Yannick André – Ces deux dernières années, et après vingt-trois ans de sacerdoce, j’ai souhaité reprendre des études afin de pouvoir enseigner ; je termine actuellement une licence canonique sur l’histoire de l’Église à l’Institut catholique de Paris (ICP). Je poursuivrai d’ailleurs mon doctorat en parallèle de ma nouvelle fonction. Je m’intéresse tout particulièrement aux Églises syriaques de l’antiquité tardive jusqu’à la fin du Ier millénaire ; le syriaque est une langue sémitique, concrète et très imagée, qui rapproche des choses et fait fonctionner l’imaginaire. C’est une porte d’entrée intéressante, il me semble, pour l’évangélisation, pour mieux appréhender les mystères divins. Pendant ces études, j’ai gardé une mission pastorale, à la fois au sein la communauté paroissiale de I’Immaculée-Conception – où je célébrais deux messes par semaine, ainsi que quelques baptêmes, et des funérailles, selon les besoins – et comme aumônier à l’hôpital Trousseau. J’ai aimé rester en lien avec une paroisse de quartier, familiale et vivante.

P. N.-D. – Que retenez-vous des onze années passées à St-Christophe de Javel (15e) dont neuf en tant que curé ?

Y. A. – St-Christophe est une paroisse au cœur de la vie des gens. Sans faire des choses extraordinaires, l’équipe dont je faisais partie essayait de faire des choses ordinaires tout en leur donnant une dimension ecclésiale. La période du Covid-19 a permis de relativiser un certain nombre de choses, comme la cadence des réunions du soir. Une des initiatives qui a porté le plus de fruits fut la mise en place d’un déjeuner communautaire cinq fois par an après la messe du dimanche : partager un repas à la même table est plus efficace pour se rencontrer et trouver des façons de collaborer que quelques mots échangés occasionnellement sur un parvis !

P. N.-D. – Quels sont les défis qui vous attendent à la basilique de N.-D. du Perpétuel-Secours (11e) ?

Y. A. – Je n’ai pas d’appréhension sur mon rôle de curé. La basilique est une petite communauté. Nous sommes à cheval entre le territoire du 11e et du 20e arrondissement, la moitié du territoire paroissial est occupé par le cimetière du Père Lachaise : cela fait moins de paroissiens réguliers mais il y a tout de même quatre millions de visiteurs par an, et beaucoup de personnes viennent pour les funérailles. J’aimerais bien renforcer le lien qui existe entre le cimetière et la basilique, qui est aussi un lieu de pèlerinage voisin. Concernant les travaux, le P. Manuel Teixeira, mon prédécesseur, avait lancé quelques beaux chantiers comme la restauration d’un grand tableau dans la sacristie, il s’agit de continuer cela. Les paroissiens aiment bien quand on s’occupe de leur église, c’est aussi ce qui la rend vivante. Le temps m’a appris que c’est la communauté qui donne la direction. L’Esprit Saint agit ainsi : on ne peut pas imposer les choses. On doit aider la communauté à vivre sa foi. Les personnes elles-mêmes, par leur manière de vivre leur foi, indiquent la direction, qu’il faut corriger si besoin, ou encourager, afin de les aider à grandir.

Propos recueillis par Mathilde Morandi