Paroisses en mission : Bilan des Assises pour la mission
Paris Notre-Dame du 4 juin 2009
Le 19 mai 2009, le cardinal Vingt-Trois a invité les curés et les responsables des services diocésains. Il leur a présenté le bilan des Assises diocésaines pour la Mission et les perspectives pour les trois années à venir dans les termes suivants :
Alors que nous approchons du terme de l’année scolaire et des prévisions pour l’année prochaine, il m’a semblé bon de faire le bilan du chemin parcouru dans le travail des Assises diocésaines pour la mission. Avant d’entrer dans la relecture et le discernement du travail accompli, je voudrais nous replacer dans une perspective historique : elle nous aide à mieux comprendre comment notre diocèse avance sous la conduite de l’Esprit.
Depuis la Marche de l’Évangile et le synode diocésain de l’année 1993-1994, plusieurs étapes ont jalonné ces vingt-cinq dernières années : les « initiatives » au moment du Grand Jubilé, Charité 2000, l’Assemblée diocésaine de 2002… Des événements importants ont rythmé notre vie missionnaire : visite de Jean-Paul II en 1980, Journées Mondiales de la Jeunesse en 1997, Paris-Toussaint 2004, visite de Benoît XVI en septembre dernier. Chacun de ces événements, apparemment unique, s’inscrit dans une trajectoire historique qui lui donne un supplément de sens. Tout ceci dessine une sorte d’histoire de la mission à Paris. Nous voyons comment l’Esprit nous a aidés à déplacer les frontières et à ouvrir de nouveaux chemins. On pourrait d’ailleurs faire le même exercice sur 50 ou 100 ans et relire toute la période depuis la deuxième guerre mondiale, à partir de la Mission de Paris lancée par le cardinal Suhard et tout ce qui s’en est suivi. Tout cela manifeste la fécondité certaine de la Parole de Dieu à travers notre société et dans notre Église. Au moment où nous en sommes, nous nous reconnaissons héritiers de ce dynamisme et nous devons le faire fructifier et le relayer pour les chrétiens d’aujourd’hui mais aussi pour les chrétiens de demain.
C’est en me situant dans le cadre de ce dynamisme historique que j’avais proposé à vos conseils pastoraux, il y a quatre ans bientôt (3 décembre 2005), des orientations missionnaires. J’invitais à développer une réflexion concrète sur les objectifs missionnaires de chaque paroisse. Au cours des années 2005-2008, les visites pastorales ont permis de recueillir les fruits du travail des conseils. Les Assises diocésaines pour la mission ont été un moment de mise en commun de ce travail à l’échelle du diocèse.
1. BILAN DES ASSISES DIOCÉSAINES POUR LA MISSION
Au cours de cette année scolaire, douze cellules ont travaillé chacune un samedi après-midi. Selon les thèmes, elles ont réuni entre 150 et 250 personnes envoyées par vos paroisses. Ce cycle s’est conclu le 7 mars 2009 par une rencontre des animateurs de ces douze cellules. Avec eux, nous avons rassemblé les fruits du travail accompli en vue d’affiner notre pratique du discernement et de la mise en œuvre des objectifs missionnaires. Nous avons relevé six points d’attention qui ressortaient à travers les différents sujets. Ce sont des axes transversaux selon l’objectif même de ces Assises. Les voici sans ordre logique :
1. La formation de l’être chrétien. Progressons-nous dans la prise de conscience de toutes les dimensions de la vie baptismale ? Comment pouvons-nous aider à ce déploiement de la vie chrétienne ?
2. Comment la vie chrétienne est-elle liée à la Parole de Dieu et à la vie liturgique ? Être chrétien, c’est d’abord vivre de la foi et dans la foi, et donc avoir foi en la Parole que Dieu nous adresse et foi en la célébration que nous vivons en Église. Les fidèles sont exposés dans leur vie familiale, professionnelle ou sociale aux regards et aux remarques de leur entourage, fait de personnes de tradition chrétienne devenues indifférentes, de personnes d’autres religions, de personnes sans aucune religion… Comment puisons-nous dans la Parole de Dieu et la vie liturgique la liberté de porter ce regard, de répondre aux questions et interrogations, sans peur, sans hargne, avec un cœur ouvert ?
3. Expérience de décloisonnement. Ces douze séances ont été pour les participants l’occasion d’une rencontre entre les actions que chacun peut mener dans sa paroisse et la manifestation d’un niveau diocésain d’expérience. Beaucoup ont découvert comment, dans des situations très différentes, il pouvait y avoir une convergence ou des échanges fructueux. Cette expérience leur a paru très importante.
4. Visibilité de l’Église. Comment les chrétiens dévoilent-ils ce qu’ils sont à travers les actions qu’ils mènent ? On se pose souvent la question de savoir à quoi on peut reconnaître les chrétiens, on se demande si on les remarque dans la vie courante… Ce dévoilement de l’expérience chrétienne se fait à travers l’activité et l’action des chrétiens dans le monde.
5. Aller vers « ceux qui ne demandent plus rien à l’Église ». Ce point exprime bien la question assez récurrente de beaucoup de chrétiens qui, découvrant autour d’eux des gens étrangers à la foi, se demandent ce que l’on peut faire et comment le faire.
6. La culture de l’appel. Les paroissiens qui ont participé aux Assises ont exprimé le besoin d’être explicitement appelés et de recevoir une mission clairement définie pour agir au service de l’Évangile. Les prêtres, avec les différents conseils responsables du travail apostolique doivent être attentifs à cette question. Car la nécessité de l’appel ne vient pas simplement du fait qu’il faut trouver de la « main-d’œuvre » pour faire quelque chose. L’appel par l’Église et, concrètement, par telle communauté ecclésiale, constitue un relais entre l’appel de Dieu et l’activité des hommes. Il vaudrait la peine que chaque année, chaque conseil pastoral s’interroge pour se demander qui la paroisse pourrait appeler et pour quoi faire. Qui identifie-t-on comme des acteurs possibles dans la vie de la communauté ? Et aussi quelle formation convient-il de leur proposer dans cette perspective ? Nous savons en effet que beaucoup hésitent à répondre à un appel parce qu’ils estiment ne pas être prêts, ne pas être préparés ou formés, etc. Pour dire les choses encore plus brutalement, chacun pourrait se demander : depuis cinq ou dix ans qui a-t-on réellement appelé, nommément appelé, pour faire quelque chose ? Car, si on ne propose rien à personne, personne ne va se présenter de soi-même. Je pourrais évoquer aussi bien des responsabilités de laïcs, que le diaconat permanent ou le sacerdoce ministériel. Si nous ne vivons pas cette attitude permanente de l’appel, nous ne pouvons pas nous étonner que peu de gens répondent.
Voici donc le fruit de notre travail commun. Ces critères doivent être mis en œuvre par les conseils pastoraux pour discerner les objectifs que chaque paroisse se donne dans les diverses situations pastorales qu’elle connaît. L’objectif diocésain pour les années à venir est de faire adhérer le plus grand nombre possible des catholiques parisiens aux six points d’attention que je viens d’énumérer. Ce sera le but des trois prochaines années sous le titre : Paroisses en mission.
2. « PAROISSES EN MISSION » (2009-2012)
Les détails de ce projet seront présentés le samedi 26 septembre prochain, lors d’une assemblée diocésaine à laquelle seront invités l’ensemble des membres des conseils pastoraux et, éventuellement, d’autres paroissiens que les curés jugeront utile de désigner.
Dès maintenant, il me semble important de justifier le choix délibéré de la paroisse comme centre et pivot de cette dynamique missionnaire.
Je sais bien que dans la vie d’un diocèse, et a fortiori un diocèse comme Paris, il y a beaucoup de mouvements, beaucoup d’initiatives, beaucoup d’activités très fécondes, très riches et très stimulantes qui ne relèvent pas de l’action paroissiale. Seulement, mon obsession permanente est la suivante : je vois chaque dimanche des assemblées très belles, très vivantes, très sympathiques et fraternelles et je ne sais que trop que ces assemblées ne sont pas profondément et unanimement entraînées dans un esprit missionnaire.
Je sais bien que, dans toutes ces assemblées dominicales, il y a un petit nombre de gens très convaincus qui sont engagés dans une attitude missionnaire. Mais mon problème est de dépasser ce petit noyau. Comment va-t-on aider des chrétiens qui sont des gens de bonne volonté mais peut-être peu motivés ou qui ne se considèrent pas en situation de passer à une autre mission, comment va-t-on les aider à faire quelque chose, à prendre conscience que leur participation à l’Eucharistie du Christ appelle une action, appelle à vivre quelque chose.
Il est vrai que, pour beaucoup de paroisses de Paris, c’est pratiquement très difficile. Le tourbillon de la succession des messes du dimanche donne l’impression d’une participation très éclatée qu’il n’est pas facile de recentrer. Mais si on n’arrive pas à entrer dans cette perspective, nous laissons inerte un gisement considérable de ressources et de dynamisme sans lui donner le choc de départ qui pourrait en aider beaucoup à franchir un pas de plus dans leur conscience de baptisés et de confirmés et dans leur capacité de témoigner de l’Évangile.
Comment cette bonne disposition, cette bonne volonté, que manifestent ceux qui viennent à la messe le dimanche, comment le travail considérable fait dans les paroisses pour l’animation liturgique de chaque dimanche, comment tout cela peut-il se traduire par une implication dans la vie sociale et de témoignage de l’Évangile à travers la manière de vivre, c’est-à-dire dans un agir missionnaire ?
La vie chrétienne est missionnaire, elle suppose des choix de vie précis. Nourrie de l’Eucharistie, elle doit s’exprimer dans une manière de vivre. Or, cette manière de vivre ne peut pas s’élaborer autrement que dans une vitalité et un échange communautaires. Chaque paroisse, en fonction de ses caractéristiques, de son histoire et de sa vie, doit chercher à aider cet engagement dominical à déboucher sur un agir qui finit forcément par avoir une certaine visibilité dans la société.
On peut parler de trois niveaux d’actions possibles. Les fidèles doivent comprendre qu’ils peuvent faire quelque chose dans leur vie personnelle de baptisés, dans la vie de leur communauté chrétienne et dans la société. Il faut aussi les aider à percevoir que ces trois niveaux d’action (sur sa propre vie, dans sa communauté chrétienne et dans la société) sont connectés les uns aux autres : on ne peut pas s’exonérer de sa conversion personnelle en se lançant dans l’action sociale ; on ne peut pas se contenter d’essayer de mener une vie droite en restant indifférent aux conditions de vie des hommes et des femmes qui nous entourent ; on ne peut pas espérer être vraiment membres de l’Église simplement parce que l’on va à la messe de temps en temps sans devenir vraiment un participant actif d’une communauté chrétienne.
Bien loin de concurrencer les mouvements et les diverses initiatives apostoliques, la paroisse, lieu de la célébration commune de la foi, doit être une plateforme de rencontre. Les membres des mouvements sont des paroissiens. Leur action apostolique ne se dissocie pas de leur participation à l’Eucharistie, ou bien alors c’est que quelque chose n’est pas tout à fait achevé dans le dynamisme de leur foi.
De plus, si on veut aider les chrétiens à prendre conscience de la dimension sociale de leur vie chrétienne, de leur capacité à témoigner de l’Évangile dans les différents secteurs de la société et de l’appel qui leur est adressé, il est particulièrement important qu’ils puissent rencontrer des gens qui en ont une expérience réelle. Si les gens qui ont une expérience de vie apostolique à travers des mouvements n’ont jamais ou très peu d’occasions d’entrer en relation (pas simplement des relations personnelles mais surtout des relations construites) avec des paroissiens, alors, premièrement, les mouvements ne se recruteront pas, et deuxièmement le fruit de leur action ne se développera pas dans le dynamisme de l’Église. Il y aura comme deux ensembles côte à côte.
Ces différentes réflexions permettent de comprendre pourquoi le thème de la première des trois années du projet Paroisses en mission s’intitulera : « De l’Eucharistie à la mission ». Il s’agit bien d’aider tous les paroissiens à vivre davantage la dynamique de leur vie chrétienne, qui puise sa force dans l’Eucharistie dominicale et se déploie dans toutes les dimensions de leur existence.
Pour cela j’ai demandé aux curés de prévoir en 2009-2010 deux assemblées paroissiales auxquelles seront invités tous les participants des messes dominicales. Ces assemblées (voir encadré) comporteront un temps convivial, un temps de prière et un temps de travail sur un canevas proposé qui doit être affiné durant l’été. L’assemblée paroissiale est la mise en commun de toutes les forces apostoliques et des différentes manières de rendre témoignage de l’Évangile. C’est pourquoi les chrétiens engagés dans des mouvements doivent y participer.
Les deux années suivantes (2010-2011 et 2011-2012) auront pour but de stimuler les paroisses et le diocèse entier à se saisir concrètement des quatre champs missionnaires que j’avais énoncés le 3 décembre 2005. Dans chaque domaine, déjà, beaucoup de chose se font. Mais il nous faut établir des priorités, nous fixer des objectifs, repérer ce que nous pouvons apporter à la vie de notre société en rendant visibles notre espérance et la charité qui nous animent. Les vicaires épiscopaux chargés des différents domaines concernés vont, avec leurs équipes et le secours d’autres groupes qu’ils piloteront, préparer le travail de chacune des ces années. J’ai demandé au P. Denis Metzinger, vicaire épiscopal chargé de la famille, de consacrer la moitié de son temps à une mission de prospection de ce qui se fait et pourrait se faire, et de réflexion sur les enjeux présents et à venir de la pastorale familiale.
De plus, durant chacune de ces trois années, nous proposerons au niveau diocésain quatre modules de formation à la mission (voir encadré). Dans la dynamique du décloisonnement entre réalités paroissiales et diocésaine, ces temps seront une manière de construire une culture commune à notre diocèse.
Tout ce dispositif repose sur la conviction primordiale qu’il y a quelque chose à faire. Notre effort permanent est d’aider les chrétiens à en prendre conscience. Le samedi 26 septembre prochain, je tracerai les axes dans lesquels il me semble que notre diocèse doit se préparer à s’investir avec toujours plus de cœur et de générosité.
D’ici là, je souhaite à tous un bon été reconstituant.
1990-2009 : deux décennies pour la mission
Le message que Mgr André Vingt-Trois adresse aujourd’hui aux Parisiens s’inscrit dans l’engagement mené depuis plusieurs décennies pour annoncer le Christ à tous les habitants de Paris. Une relecture des étapes les plus récentes de cet engagement d’évangélisation peut permettre d’en mesurer les fruits et de voir ce qu’il reste à accomplir ; de saisir la profonde cohérence qui s’en dégage et d’y reconnaître l’action de l’Esprit Saint. En voici quelques-unes :
– LA MARCHE DE L’ÉVANGILE (1990-1993)
L’Église à Paris lance des initiatives nouvelles et originales. Les catholiques prennent l’habitude de se réunir dans tout Paris et d’échanger leurs expériences.
– LE SYNODE DIOCÉSAIN (1993-1994)
Quatre cents délégués des paroisses, aumôneries, mouvements et communautés se réunissent pendant un an sur le thème : « Dieu nous ouvre la porte de la foi. » Toutes les générations sont là, les communautés étrangères sont forces de proposition – l’Église ne saura pas les réintégrer avec autant de succès par la suite. Quatre orientations sont dégagées : « l’appel des témoins pour la mission », « l’accueil de tous les hommes que Dieu aime », « le baptême qui fait naître le peuple de Dieu », « la jeunesse : avenir que Dieu nous offre ». Les trois premiers points seront approfondis ; le quatrième demeure en chantier.
– LES JOURNÉES MONDIALES DE LA JEUNESSE (1997)
Elles marquent durablement l’ensemble des Parisiens, touchés par la joie paisible des croyants. Dans cette dynamique, l’Église de Paris lance l’opération « Charité 2000 ». Objectif : montrer le lien profond entre service des pauvres et annonce du Christ sauveur. Le succès est indéniable pour les participants, mais la mobilisation est limitée. Le mot « mission » soulève encore des questions.
– L’ASSEMBLÉE DIOCÉSAINE (2002)
À nouveau, le thème invite à la mobilisation : « Vous serez mes témoins » (Ac 1,8). Mais beaucoup s’interrogent sur ce que l’on entend par « annonce du Christ ».
– PARIS TOUSSAINT 2004
2e ville du Congrès missionnaire international pour la nouvelle évangélisation. Un défi est lancé : « annoncer l’Évangile dans un monde sécularisé et dans les mégalopoles ». Les organisateurs de l’événement veillent à ce que tous les catholiques se sentent concernés et se mobilisent au plan local. L’expérience est unanimement saluée et, étape importante, les fidèles disent leur désir de poursuivre la mission ; ils saisissent désormais la dimension missionnaire de leur vie baptismale.
– “NOTRE MISSION À PARIS” (3 décembre 2005)
Mgr André Vingt-Trois invite les paroisses à se pencher sur cette question : « Comment nos projets sont-ils marqués par le souci de l’évangélisation ? » Quatre “champs missionnaires” sont définis : l’éthique, la famille, la jeunesse, le social. L’urgence de l’évangélisation fait l’unanimité, mais les paroisses ont du mal à entrer dans une « culture d’objectifs ».
– LES ASSISES POUR LA MISSION (2008-2009)
Dans la suite des visites pastorales effectuées dans les paroisses, cette étape doit permettre aux fidèles de dégager des critères pour évaluer la fécondité d’une action pastorale et d’entrer dans la « culture d’objectifs ». À l’issue des Assises, l’archevêque en tire les enseignements et donne des orientations concernant la vie de l’Église à Paris pour les trois prochaines années. • B. H.
La culture de l’appel
Harald, 30 ans, N.-D. d’Auteuil (16e)
C’est un appel de l’Eglise qui a revivifié ma foi. Comme beaucoup de jeunes, après mon baccalauréat, j’ai pris mes distances par rapport à la foi. J’allais très irrégulièrement à la messe. Heureusement, un jour, on m’a demandé d’animer un groupe de catéchisme sur la paroisse. Or, je ne sais ni pourquoi, ni comment, mais j’ai dit : « oui ». Or, ce « oui » a été le point de départ d’une vraie vie de foi : j’ai retrouvé une pratique régulière, j’ai rendu davantage de services… Et, finalement, j’ai beaucoup reçu. On pense souvent que l’on n’est pas à la hauteur de ce qui est demandé, mais, en servant, on découvre que Dieu nous donne ce qu’il faut pour servir. Voilà comment
Danielle, N.-D. de Lourdes (20e)
« Si on ne m’avait pas appelée, j’aurais sans doute mis des années avant de retrouver une pratique régulière de la foi. J’ai été longtemps assez éloignée de l’Église. Mon métier d’assistante sociale me passionnait et ces questions de spiritualité n’étaient pas dans mes priorités.
Tout a basculé quand j’ai pris ma retraite. Un jour, en passant devant la paroisse N.-D. de Lourdes (20e), une femme m’a interpellée. Elle m’a présenté la paroisse et nous avons commencé à parler de la foi.
Avec une dizaine de paroissiens, elle animait une mission sous le porche de l’église. On sentait la chaleur de cette communauté de croyants. Cet appel m’a marquée au point que, quelques semaines plus tard, j’ai décidé de retourner à N.-D. de Lourdes. Cette fois-là, j’ai rencontré le curé qui m’a bien accueillie. Dès lors, j’ai très vite retrouvé une pratique régulière et j’ai commencé à m’engager à l’accueil de la paroisse et à la Conférence Saint-Vincent de Paul. »
Des critères au service du dynamisme missionnaire
Lors des Assises pour la mission, chaque groupe thématique a formalisé des critères d’évaluation pour les actions menées dans son domaine. La mise en commun de ces critères permet de constituer une liste de questions que les équipes pourront se poser avec profit pour évaluer ou valider un projet pastoral en paroisse. En quoi cette activité contribue-telle à :
1 Former
L’être chrétien des fidèles. Ainsi pourront-ils répondre de leur foi paisiblement.
2 Aider
Les chrétiens à entrer davantage dans la liturgie et la Parole de Dieu et à y puiser la nourriture de leur intelligence et de leur volonté.
3 Fortifier
La communauté eucharistique. Favoriser la rencontre et l’amitié avec l’autre, quels que soient son âge ou son origine. Éveiller chez chacun la conscience et la joie d’appartenir à un même Corps.
4 Rendre visible
Par nos actions communes ce qu’est une communauté chrétienne. Laisser resplendir le don de Dieu.
5 Encourager
La communauté paroissiale à aller vers ceux qui ne nous demandent rien.
6 Favoriser
Une culture de l’appel.
Se former
Pour étudier le thème de la première année « De l’Eucharistie à la Mission », le diocèse propose quatre modules de formation d’une demi-journée. Il s’agira d’un travail à partir de l’Ecriture et des textes du Concile Vatican II. Les fidèles qui suivront la formation seront ensuite invités à relayer leur connaissance dans leur paroisse afin que se forge progressivement dans le diocèse une même culture de la mission.
– 17 octobre 2009 : « l’Eglise fait l’eucharistie, et l’eucharistie fait l’Eglise. »
– 14 novembre 2009 : « communion et communauté chrétienne : se faire le prochain de son frère, dans les écrits de saint Paul et saint Jean. »
– 13 février 2010 : « la dimension communautaire des sacrements. »
– 20mars 2010 : « le sacerdoce baptismal et l’espérance chrétienne. »Déroulement : 8h45, accueil ; 9h-12h, travail.
Assemblée paroissiale : à quoi ça sert ?
Favoriser l’implication de l’ensemble des membres de la paroisse est une des attentes de Mgr Vingt-Trois.
Mgr Vingt-Trois invite les curés à prévoir en 2009-2010 deux assemblées paroissiales à laquelle seront conviés tous les participants des messes dominicales, sans oublier les chrétiens engagés dans des mouvements.
« L’assemblée paroissiale est la mise en commun de toutes les forces apostoliques et des différentes manières de rendre témoignage de l’Evangile », explique Mgr Vingt-Trois. Ni conseil pastoral, forcément réduit, ni sortie paroissiale, elle est un lieu d’information, de responsabilisation et de partage d’espérance. La communauté – prêtres, fidèles engagés, et ceux qui le sont moins – se réunit autour d’un thème (le sens du dimanche par exemple) préparé, réfléchi afin de vivre en paroisse le fruit de cette rencontre.
Une image de ce que peut être l’assemblée paroissiale est donnée dans plusieurs paroisses, images différentes selon la taille et l’objectif donné. Au Bon Pasteur (11e), le premier dimanche de chaque mois les paroissiens se réunissent à la sortie de la messe pour un moment de convivialité autour d’un verre. Certains prolongent par un déjeuner. « Le Bon Pasteur est une petite paroisse de 150 pratiquants réguliers et la communauté éprouve le besoin de se rencontrer, de voir qu’elle existe », constate le P. Claude Asty. Une ou deux fois dans l’année, le déjeuner est suivi d’un échange organisé par le conseil pastoral sur un thème qui « s’impose selon les occasions et les besoins ». Au mois de mars, il s’agissait de faire le bilan des Assises pour la Mission. Pour ou contre, positif ou négatif, emballés ou déçus, le débat était ouvert. « 40 personnes y ont participé », se félicite le curé qui constate : « Ces assemblées sont un moyen de responsabiliser les paroissiens ». L’objectif est de les sortir de leur isolement. « Chaque paroissien ne peut se contenter de sa petite vie de piété, estime le P. Asty, ni de son petit engagement personnel ».
Saint Pierre de Montrouge (14e) est une paroisse d’une toute autre échelle : plus de 4 000 pratiquants. La communauté s’est réunie à l’occasion de Paris Toussaint 2004. « En début d’année ça a permis de lancer l’événement, de déléguer les responsabilités et d’accueillir les nouveaux. C’est plus actif qu’une exposition de panneaux au fond d’une nef », constate le P. Marsset qui souligne l’importance d’aborder des questions locales, paroissiales, si l’on veut susciter l’implication des paroissiens. Pour le P. Olivier Teilhard de Chardin, à l’époque jeune vicaire à St-Pierre de Montrouge et aujourd’hui curé de Ste-Marie des Batignolles (17e) : « L’église était pleine, nous avions placé le baptistère au centre et disposé les chaises autour à la manière des conciles à Rome ». Encore enthousiaste au souvenir de cette expérience, cinq ans après, le P. Teilhard se souvient des fruits portés par l’assemblée : « Le dépouillement du travail réalisé en petits groupes a fait remonter trois idées essentielles : l’importance de la convivialité, la difficulté des fidèles à redire les mots de la Foi et la nécessaire attention aux plus pauvres ». Pas de stériles palabres entre paroissiens, mais le désir d’insuffler une dynamique nouvelle. « Une telle assemblée est l’occasion pour le corps paroissial de se poser, de se voir lui-même et de prendre conscience de sa puissance missionnaire ». C’est aussi l’occasion pour le conseil pastoral de saisir les « axes de marche inspirés par l’Esprit Saint » qui habitent la communauté. « Il faut un endroit où ces aspirations puissent se manifester », constate le tout récent curé des Batignolles, qui prend l’occasion de l’appel de Mgr Vingt-Trois pour lancer dès la rentrée une assemblée paroissiale. Et lorsqu’il lui est demandé comment il compte organiser l’événement, il répond tranquillement : « Ce n’est pas bien compliqué, il suffit d’inviter ». • Guillaume Desanges