Quand Drouot s’enflamme pour Notre-Dame
Paris Notre-Dame du 13 mai 2021
Le vendredi 7 mai s’est déroulée une vente aux enchères à l’Hôtel Drouot au profit du futur aménagement intérieur de N.-D. de Paris. Au total, 170 000 euros ont été récoltés. Et dans la salle n°9, des acheteurs de tous horizons... Petites histoires de vie, rejoignant la grande.
« 9500,10 000… 12 000… adjugé ! » Coup de marteau. Maître Olivier Collin du Bocage à la manœuvre, la vente aux enchères bat son plein en ce vendredi 7 mai à l’Hôtel Drouot (9e). La toile aux tons dorés et bruns qui vient de partir est un « tableau de l’école française de Hanoï (Vietnam) de 1952 », explique sobrement l’acheteur, antiquaire. Catholique d’origine vietnamienne, s’il est là pour affaire, il confie aussi être sensible à la cause de cette vente, « la cathédrale Notre-Dame ». Et son interprète d’ajouter : « C’est une belle toile. Il faut aussi remercier la personne qui l’a léguée. » Pour l’occasion, l’étude Collin du Bocage a accepté de gérer la vente à titre bénévole, reversant également ses frais au destinataire : le Fonds cathédrale de Paris, pour le futur aménagement intérieur de Notre-Dame (de l’éclairage au second orgue de chœur). « Je pense qu’on se souvient tous où nous étions le soir de l’incendie, glisse, en aparté, un membre de l’étude, téléphone en main pour répondre aux acheteurs en ligne. On est tous heureux de travailler pour la cathédrale aujourd’hui. » Cette vente, la Fondation Notre Dame a mis plus d’un an à la préparer, avec son délégué général, Christophe Rousselot, et Jean Guibert, bénévole. « Du commissaire-priseur à l’entreposage des 266 lots provenant de quatorze legs faits au diocèse, tous nos partenaires ont accepté de s’engager bénévolement », constate, reconnaissant, Christophe Rousselot. Parmi les lots enchéris dans la salle n°9, différents tableaux, mais aussi des services d’argenterie, des bijoux, des lots de pièces d’or… Et parmi les œuvres d’art d’importance, trois représentations en relief de la cathédrale et de l’Île de la Cité, exécutés par François Leman, dit Madraz. Quittant la salle, un amateur explique : « Les pièces d’or que j’ai acquises ne sont pas de collection. Mais je suis content que mon achat profite à l’Église. Je ne suis pas religieux, mais il faut reconnaître qu’elle a toujours œuvré pour la société. » « 1420 dans la porte ! 1500, 1580, 1600… adjugé. » Bien que l’affluence soit limitée par les conditions sanitaires, qui obligent une vingtaine de personnes à suivre la vente derrière des cordons aux portes d’entrée, la salle ne désemplit pas. « 110 dans la porte », lance encore maître Collin du Bocage, ne manquant ni d’humour, ni de rappeler l’œuvre de bienfaisance : « Vous êtes des bâtisseurs […]. Si vous voulez dire mille parce que c’est pour la cathédrale, vous pouvez aussi ! » Une broche Boucheron sertie d’un rubis birman vient d’être acquise. Deux jeunes historiennes de l’art repartent avec un long tableau floral sous le bras. « Nous ne sommes pas venues pour Notre-Dame, témoignent-elles. Mais c’est un plus de soutenir le patrimoine. » Levant la main, puis stoppant son enchère, un habitué des lieux confie : « J’ai vu les premières fumées de l’incendie du 15 avril… » L’après-midi s’allonge, et même les objets insolites de la vente, à l’instar de la peluche « Kiki », connaissent leur heure de gloire. « Oui, le côté caritatif encourage à mettre un peu plus pour Notre- Dame, expliquent deux sympathiques acquéreurs d’un tableau représentant un jeu de quilles du XVIIIe siècle. Ça s’est joué à 10 euros près ! On n’est pas là pour faire des folies et nous ne sommes pas venus pour Notre-Dame. Mais c’est émouvant de savoir qu’on a acheté pour elle. » La journée tire à sa fin. Les acheteurs ont tout donné : il ne reste plus un seul lot. Au total, 170 000 euros auront été récoltés.
Laurence Faure @LauFaur
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