« S’accueillir tel que l’on est »
Paris Notre-Dame du 12 janvier 2012
À travers son expérience auprès de personnes handicapées mentales, Marie-Hélène Mathieu, cofondatrice de l’association Foi et Lumière, livre quelques clés pour lutter contre la solitude.
« Être limité dans son corps et son intelligence est une très grande épreuve. Elle s’accompagne souvent d’une souffrance encore pire, celle d’être marginalisé. Si nous avons lancé les communautés Foi et Lumière avec Jean Vanier, c’était pour répondre à cette double épreuve. Pour bien les accueillir, nos communautés sont habituellement intégrées à une paroisse et participent à la messe dominicale une fois par mois. Une façon de permettre à chacun de se sentir membre vivant d’une assemblée. Je pense, par exemple, à Jean-Baptiste, atteint d’un handicap mental, servant d’autel des plus attentifs et recueillis. Je me souviens aussi d’une messe où de nombreux visages se sont éclairés au passage d’André, sourd et atteint d’une trisomie, offrant sa vigoureuse poignée de main et son sourire lumineux aux fidèles au moment du baiser de paix…
L’essentiel n’est donc pas de “faire des choses” mais de s’accueillir mutuellement tel que l’on est – personnes souffrantes, parents, proches – et de tisser un lien d’amitié fort : là où il y a un ami, il y a un chemin, une espérance. Enfin, il est essentiel d’être fidèle dans notre relation aux personnes isolées : téléphone, visite, garde d’un enfant handicapé pendant que sa maman va chez le coiffeur, un peu de ménage dans le studio de Vincent qui, tout seul, manque de courage. La présence, affective et effective, est la première réponse à cette épreuve. » • Propos recueillis par Laurence Faure