Service solennel pour le Président de la République Georges Pompidou
Les obsèques du Président ont eu lieu dans la plus stricte intimité, en l’église paroissiale de Saint-Louis-en-l’Île. Le cardinal Marty y participait. C’est lui, qui présida la célébration religieuse qui rassembla en la cathédrale Notre-Dame de Paris tous ceux qui portent des responsabilités politiques et sociales.
Accueil de l’assemblée
« Mes frères,
Je vous reçois dans la demeure de Dieu. Je le fais au nom de la Communauté chrétienne de Paris dont, par son baptême, était membre le président Georges Pompidou.
Devant sa mort soudaine, mais chaque jour entrevue dans la solitude d’un courageux combat, je vous invite à la prière et à la méditation.
En vérité, nous constituons pour cet instant, une remarquable assemblée ; elle réunit, dans une respectueuse sympathie et le même souvenir, les peuples de la terre, leurs souffrances et leurs espoirs. N’est-elle pas l’image éphémère de la fraternité universelle tant désirée ? Sans méconnaître les conflits et nos incertitudes humaines, nous communions à l’identique destin ; nous nous laissons envahir par le silence de l’âme, afin d’entendre l’appel qui vient de l’au-delà des frontières visibles. Pour le croyant, de Dieu.
En ce sanctuaire et aujourd’hui, l’heure n’est pas à l’oraison funèbre ou à l’éloge. C’est le moment de la supplication et de la foi, le temps du pardon et celui de l’espérance. Nul ne frappe à la porte du ciel les mains vides ; elles sont lourdes d’une vie, et de cette part de la nôtre qui lui est confiée.
La France et le monde s’inclinent. Que nos regards, humblement, se déplacent de la tombe vers l’autel, symbole du Christ crucifié le vendredi saint et ressuscité trois jours après.
Demain, au jour des Rameaux, les chrétiens entreront dans la grande semaine liturgique qui les conduira aux joies pascales. Il faut monter une fois encore le chemin du Calvaire, pour accomplir le passage vers l’Éternel Amour. Avec courage et modestie. Dans l’assurance de la vie qui ne finit pas. Requiem aeternam dona ei Domine.
Après la lecture de l’Évangile, introduction à la méditation
« Je suis la Résurrection et la Vie ». Cette révélation du Christ est pour le chrétien une profession de Foi.
Devant les forces de mort, nous accueillons l’appel victorieux de Jésus à le rejoindre dans ce monde nouveau « Où il n’y aura plus de pleurs, de cris, ni de tristesse. »
Tous, nous pouvons être déjà des citoyens du Royaume fraternel, lorsque nous souffrons pour la justice, nous travaillons au service de la paix, nous entendons le cri des opprimés.
Frères, dans le recueillement, méditons sur notre condition et nos responsabilités. Pour beaucoup d’entre nous, celles-ci sont grandes.
Cardinal François Marty
Semaine Religieuse n° 137 du 11 avril 1974