Synode : à l’écoute des plus fragiles

Paris Notre-Dame du 7 avril 2022

Mercredi 30 mars 2022, le vicariat des Personnes handicapées (VPH) organisait pour la deuxième fois un atelier synodal, avec une vingtaine de personnes. Entretien avec Renée Taponier, responsable du groupe de catéchèse adaptée Frat-Amitié, qui réunit une dizaine de personnes handicapées une fois par mois.

Autour de la table pour un atelier synodal : André Polti (catéchèse adaptée à N.-D.-du-Travail (14e) et au Tremplin), Anne Legrain (catéchèse adaptée pour autisme à St-Jean- Baptiste-de-la-Salle (15e)), Monica Varela (membre d’une communauté de l’Arche), Régine Spriet (catéchèse adaptée au polyhandicap) et le P. Franck Souron, vicaire épiscopal en charge du vicariat des Personnes handicapées.
© D. R.

Paris Notre-Dame – Comment s’est déroulé cet atelier synodal ?

Renée Taponier – Une vingtaine de personnes avaient répondu présent, venant des groupes de catéchèse adaptée du diocèse, de l’Arche, de Foi et Lumière, de l’Office chrétien des handicapés (OCH), de la pastorale des sourds et des malentendants, etc. Personnes « valides » – même si, selon moi, nous avons tous un handicap – et porteuses de handicap étaient mélangées. L’objectif était de pouvoir échanger, en petits groupes de six personnes, autour d’un questionnaire qui proposait trois temps, tous minutés : d’abord se présenter, puis relire nos expériences dans nos paroisses, nos joies et nos peines, et enfin discerner là où l’Esprit Saint veut nous conduire et quels chemins s’ouvrent dans nos églises locales. Ce principe d’échange sur un temps court et en petits groupes a donné lieu à un temps de partage très riche, en permettant à chacun d’aller directement à l’essentiel.

P. N.-D. – Que retenez-vous de vos échanges ?

R. T. – Premièrement, notre grande motivation à ce que les différents groupes et associations liés au handicap aient davantage de liens et de temps de rencontres. Nous avons aussi pu exprimer, à diverses reprises, le besoin, pour nos différents groupes, de pouvoir être proche d’une paroisse et la nécessité que le curé – et la communauté paroissiale – accepte de nous accueillir, non pas en périphérie, mais au milieu de tous. Le synode nous donne cette opportunité de faire bouger les choses, en ouvrant un temps de réflexion et de dialogue qui manquait : nous sommes tous appelés à cheminer ensemble pour faire avancer l’Église. Il faut se mettre à l’écoute des plus fragiles et découvrir leur richesse, les inclure dans la réflexion car ils sont aussi capables d’exprimer des choses. Il est temps de bousculer les paroisses, et je suis convaincue que dans l’Église, on va réussir à accueillir les personnes handicapées d’une autre façon !

P. N.-D. – Que voulez-vous dire ?

R. T. – Certaines paroisses manifestent une réelle motivation à nous accueillir mais d’autres le font difficilement ou alors en périphérie. On ne peut pas laisser les personnes handicapées dans un coin et seulement entre elles, même si c’est au premier rang. Elles font partie de la communauté paroissiale, elles doivent être au milieu de l’assemblée. Certaines savent lire, d’autres servir la messe : pourquoi les exclure de l’animation ou du service à cause de leur handicap ? Elles sont aussi capables de vivre une expérience de pèlerinage, j’ai pu le vérifier lors des nombreux voyages que j’ai organisés avec elles. Bien sûr, parfois c’est difficile, elles sont bruyantes, elles peuvent manifester très spontanément leur joie… et alors ? Il faut se laisser déranger par elles, et les regarder avec la même tendresse que le Christ nous regarde. Et en retour, je peux témoigner que ce sont ces personnes handicapées qui nous font avancer, parce qu’elles nous bousculent et qu’elles vont à l’essentiel.

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

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