Un parcours Trésors de Paris pour découvrir sainte Geneviève
Paris Notre-Dame du 1er octobre 2020
Une remontée dans le temps spectaculaire, du XXIe siècle au Ve siècle : quelque 160 jeunes du lycée général et technologique Le Rebours ont foulé les pavés lutéciens sur les pas de sainte Geneviève, patronne de la capitale. Reportage le 23 septembre dernier sur ce parcours animé par l’association diocésaine Les Trésors de Paris.
10h15. Déjà plusieurs groupes attendent devant le Panthéon (5e) où souffle un vent froid d’automne. Sous le ciel gris, élèves et professeurs ont revêtu leur sweat-shirt bleu marine au logo de l’établissement privé catholique Le Rebours (13e), ainsi que leur masque, qui fait désormais partie de l’attirail scolaire. Par groupes de quinze, ils sont invités à suivre les guides du Trésor de Paris pour la visite qui débute à l’intérieur du monument construit au XVIIIe siècle en l’honneur de sainte Geneviève. Vérification des sacs, désinfection des mains, les jeunes se plient aux contrôles avant de s’y introduire, curieux.
Sous leurs yeux observateurs, Florence de Langlais, présidente de l’association, narre la vie de la sainte peinte à l’huile sur les immenses toiles qui recouvrent les murs. L’histoire du siège des Huns (451) et la figure d’Attila retiennent l’attention des garçons, qui discutent stratégie militaire entre deux peintures. Ici, au cœur de Paris, histoire et foi se mélangent. Si Geneviève a été la femme qui insuffla du courage au peuple et qui défendit Paris contre l’invasion barbare, c’est bien « dans sa foi », qu’elle puisa sa force, fait observer Florence de Langlais devant un tableau où la sainte s’est isolée pour prier. Avec art, la conférencière capte l’attention en expliquant les symboles énigmatiques du christianisme (colombe de l’Esprit Saint, ancre de l’espérance, vêtement blanc du baptême…). Pourquoi les martyrs sont-ils représentés tenant une palme ? Parce que cette plante persistante figure que « la vie est plus forte que la mort ».
Au fil des pages du livret ludique qui accompagne la visite, le patrimoine offre des portes d’entrées innombrables vers la foi chrétienne. La conversion au catholicisme du roi franc Clovis (entre 496 et 506) – et de rien de moins que ses 3 000 soldats derrière lui – est aussi l’occasion de parler de la mitre de l’évêque Rémi… baptisée kippa par un jeune qui déclenche les rires. Originaires pour beaucoup d’Ivry, de Villejuif (Val-de-Marne), certains parmi les élèves entrent pour la première fois de leur vie dans une église, à la deuxième étape du parcours : St-Étienne-du-Mont (5e), joyau de l’architecture du gothique flamboyant, connu notamment pour son jubé. Les jeunes sont fascinés, et les professeurs qui les encadrent ne sont pas en reste. « C’est magnifi que », souffle l’une d’elle à sa collègue, avant de veiller à ce que les rangs ne se dissipent pas. L’édifice, construit au XIIIe siècle comme annexe de l’abbaye adjacente, abrite les chasses des reliques de sainte Geneviève : son corps, brûlé à la Révolution, a été jeté dans la Seine, mais l’on en conserve certaines parties ainsi que sa pierre tombale. Les lycéens sont bouche bée devant tant de péripéties.
C’est au pont de la Tournelle que leur parcours se conclut, à l’ombre de la statue perchée de la sainte au long manteau, protégeant un enfant symbolisant la ville de Paris, qui l’invoqua tant de fois dans les périls de son histoire.
Anne Kurian
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