« Vivre au cœur du monde »
Paris Notre-Dame du 19 novembre 2015
P. N.-D. – L’Année de la vie consacrée, ouverte le 30 novembre 2014, se poursuit jusqu’au 2 février 2016. Quel bilan, à mi-parcours, pouvez-vous déjà en faire ?
Sr Joëlle Ferry – Il y a eu tellement de choses ! C’est allé du plus classique au plus original : de la Journée « portes ouvertes » proposée dans nombre de diocèses au rassemblement des jeunes religieux de moins de 40 ans « Brothers and sisters act II » à Paris, en passant par ce « deudeuche tour », organisé par des religieuses vendéennes qui sont notamment allées au-devant des gens, sur des plages, cet été, avec de vieilles 2CV qu’elles avaient retapées. À travers ces manifestations diverses, tous les religieux ont été interpellés par la beauté et la richesse – dans une société difficile qui aliène parfois l’humain – de cette rencontre gratuite. Mais cette Année de la vie consacrée ne doit pas être séparée, selon moi, d’autres propositions de l’Église comme les deux textes du pape Laudato Si’ et Evangelii gaudium. Elle rejoint d’ailleurs l’exhortation du pape, aux chrétiens, et particulièrement aux religieux et consacrés, à sortir. Comme pour nous rappeler que nous ne sommes pas appelés à vivre en retrait du monde mais au cœur du monde, même en étant religieux.
P. N.-D. – Cette initiative répondait-elle à un besoin de mettre davantage en lumière la vie consacrée dans l’Église ?
Sr J. F. – Peut-être, oui. Elle a permis de montrer que la vie religieuse est au cœur de l’Église. Grâce à elle, certains religieux ont d’ailleurs pu retrouver un nouveau dynamisme dans leur vocation : parce que réfléchir à d’éventuelles actions leur a donné l’occasion de reprendre conscience de ce qu’ils sont, de leur vocation et de leur charisme, et de ce qu’ils veulent partager avec d’autres. Mais il est aussi intéressant de noter que cette année, initiée et lancée par le pape, a été ponctuée par le Synode sur la famille. Et, pour moi, c’est une manière de ne pas valoriser l’un pour diminuer l’autre, mais au contraire de montrer qu’il y a plusieurs façons de vivre la vocation chrétienne, que le mariage et la vie religieuse, qui répondent à deux appels différents, sont deux modalités de la vie chrétienne.
P. N.-D. – Comment envisager la suite ?
Sr J. F. – Il est compliqué d’anticiper, de précéder le mouvement. Mais il y a quelque chose d’une joie, d’un dynamisme, d’un élan qui est déjà là. Cela ne se décrit pas en réalisation, mais cela se sent. Je pense que cette année va nous permettre de vivre davantage par la suite ce que nous sommes appelés à vivre : aimer, prier, servir, être témoins d’espérance pour les autres. Le « tuilage » avec l’Année de la miséricorde va d’ailleurs peut-être nous permettre de renforcer encore davantage cet élan, en nous invitant à manifester à chacun la tendresse de Dieu et à en être le signe. Concrètement, avant la clôture de l’année, la Corref organise, le 5 décembre, un colloque – déjà complet – « La vie religieuse à l’heure des rendez-vous » à la crypte de St-Honoré d’Eylau (16e) ; la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, à Rome, propose, fin janvier-début février, une manifestation – dont le contenu sera dévoilé un peu au dernier moment – pour les religieux. Et il y aura un nouveau rassemblement à Lourdes de la Corref, en novembre 2016. La prochaine étape sera donc de le préparer ! • Propos recueillis par Isabelle Demangeat