Un peu d’Allemagne au cœur de Paris
Paris Notre-Dame du 15 juillet 2010
P. N.-D. – La présence d’une communauté allemande dans le diocèse de Paris est peu connue. Qu’en est-il ?
P. Wolfgang Sedlmeier – Elle est pourtant ancienne. La première conférence sur la pastorale pour les germanophones remonte à 1837. A l’époque, 10 % des Parisiens étaient germanophones, la plupart issus des classes les plus modestes de la société. Ce n’est bien sûr plus le cas. On compte aujourd’hui 40 000 Allemands en Ile-de-France, dont 30 % sont catholiques. Parmi eux, 800 sont inscrits à notre paroisse St-Albert. La chapelle que nous occupons depuis 1958 compte une centaine de places assises.
P. N.-D. – Qui sont ces Allemands de Paris ?
P. W. S.– Les profils sont divers. Le modèle le plus courant est celui de l’étudiant ou de la jeune fille au pair. Il y a également de jeunes familles expatriées pour une année ou deux qui veulent enraciner leurs enfants dans la tradition liturgique allemande. Des couples mixtes peuvent aussi souhaiter que leurs enfants entendent parler allemand ailleurs qu’à la maison. Enfin, il y a des petits groupes de résidents permanents, travaillant en France, ou à la retraite. Tous sont particulièrement attachés aux coutumes spécifiquement allemandes comme la procession de la Saint Martin, le 11 novembre, ou bien la Saint Nicolas, le 6 décembre.
P. N.-D. – Vos compatriotes sont-ils donc souvent seulement de passage dans votre paroisse ?
P. W. S.– Oui, et ma vocation est de les accueillir pour le temps qu’ils restent en France, de leur proposer un foyer. Si c’est toujours un deuil de voir des personnes aimables et engagées nous quitter chaque fin d’année, je suis très heureux d’être entouré de paroissiens plus permanents qui prennent des responsabilités pour assurer cet accueil annuellement.
P. N.-D. – Quelles sont vos relations avec le diocèse ?
P. W. S.– Je suis « prêté » par mon diocèse de Rothenburg - Stuttgart au diocèse de Paris. Au niveau paroissial, le P. Callies, curé de la paroisse St-Honoré d’Eylau (16e) de qui nous dépendons territorialement, vient célébrer la messe chaque mois. Et il m’invite pour les grandes fêtes. Au niveau diocésain, je participe à la messe chrismale, à celle des ordinations, et aux autres activités dès que l’occasion se présente. Ainsi, pour les 800 ans de la naissance de sainte Élisabeth de Thuringe, nous avons participé, aux côtés des Amis de Franz Stock (l’aumônier des prisons parisiennes durant l’occupation allemande), aux célébrations organisées par la paroisse Ste-Élisabeth (3e).
P. N.-D. – Quel regard portez-vous sur l’Église de Paris ?
P. W. S.– Je suis arrivé en France pour la première fois au début des années 80. Mon impression d’alors fut que le dynamisme catholique se cantonnait aux groupes spirituels assez nombreux à Paris. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il s’est étendu aux paroisses. J’y trouve une vie, elles sont beaucoup plus accueillantes et soignées qu’il y a trente ans. Je suis très admiratif de ces jeunes prêtres qui s’engagent dans le sacerdoce pleins d’espérance, non pas fiers, mais convaincus de leur propre vocation vis-à-vis du monde. En Allemagne, les grandes villes sont assez athées et les campagnes très pieuses. C’est un peu l’inverse en France. • Propos recueillis par Guillaume Desanges