La communauté malgache : le rythme dans la foi
Paris Notre-Dame du 22 juillet 2010
P.N.-D. – A l’occasion des ordinations, votre chorale a fait danser les fidèles dans le square Jean XXIII. Certains ont alors découvert votre communauté. Pourtant cela fait longtemps que les catholiques malgaches se rassemblent à Paris, n’est-ce pas ?
P. Edmond Rakotondramanana – La communauté des catholiques malgaches de Paris existe depuis plus de cinquante ans. Nous avons environ 250 fidèles qui viennent de toute l’Ile-de-France. Le noyau dur est constitué de grandes familles, présentes depuis plusieurs générations en France, mais la grande majorité est constituée des jeunes qui font leurs études à Paris et retournent à Madagascar ensuite. Nous sommes donc une communauté jeune mais avec un renouvellement constant.
P. N.-D. – Pourquoi est-ce important de vous retrouver ensemble ?
P. Edmond Rakotondramanana - Nous sommes d’abord liés par la langue : c’est ce qui nous raccroche à Madagascar. Ces sonorités, qui nous apportent un peu du pays ici, résonnent particulièrement dans nos coeurs avec les chants et les louanges durant la messe, le dimanche après-midi. Beaucoup de fidèles me confient qu’ils ont du mal à prier dans une paroisse française : ils trouvent cela trop silencieux. Pour assurer la transmission de notre culture, nous proposons des cours de malgache pour les plus jeunes ainsi que des rencontres pour partager la sagesse et les danses du pays.
P. N.-D. – Comment la solidarité se traduit elle avec les nouveaux arrivants, comme avec ceux qui sont restés à Madagascar ?
P. Edmond Rakotondramanana - Quand une famille a un nouveau-né ou un deuil, je vais toujours chez elle avec une délégation de la paroisse, en groupe et non pas seul. Nous vivons chacun de ces moments dans un esprit de communion. Nous nous épaulons beaucoup sans oublier la réalité de notre pays : en juin, la chorale a chanté durant une soirée de prière pour la situation politique chez nous. En ce moment, nous récoltons des fonds pour aider les Malgaches du sud de l’île dont les maisons ont été ravagées par un cyclone.
P. N.-D. – Pour autant, vous vous sentez partie prenante du diocèse ?
P. Edmond Rakotondramanana - Entièrement ! Nous participons à tous les événements. Je vais à la messe chrismale et les ordinations mobilisent souvent un groupe important. La chorale se propose pour animer des messes dans les différentes paroisses du diocèse. Les jeunes vont volontiers au Frat, et ils sont nombreux au pèlerinage des étudiants de Chartres. Pendant l’année, ils se joignent une fois par semaine aux jeunes de St-Pierre de Montrouge pour prier avec eux. Nous leur disons souvent que nous ne devons pas rester repliés sur notre communauté. • Propos recueillis par Sophie Lebrun