Extrait de l’intervention de Mgr André Vingt-Trois auprès des conseils pastoraux
Intervention “Notre Mission à Paris” à Notre-Dame de Paris le 3 décembre 2005.
Le champ social.
C’est aujourd’hui un truisme de dire que notre société souffre d’une détérioration du lien social. Les événements récents en ont donné un signe supplémentaire. Ne croyons pas que la capitale soit indemne de cette dégradation. Comment comprenons-nous ce qui arrive ? Pouvons-nous contribuer à apporter des remèdes ?
On peut évidemment s’interroger sur la capacité d’une société à engendrer et nourrir des liens sociaux sans un minimum de valeurs reconnues et transmises, sans un patrimoine collectif qui est à la fois un héritage à respecter et un projet à transmettre. A quoi faudrait-il s’intégrer, à quels modèles de vie ? Quelles références peuvent s’imposer chez nous pour établir ou rétablir le respect des personnes et de leurs diversités ? Certes, les théoriciens de la vie sociale ont tous des réponses, mais nous savons que leur mise en ouvre est moins simple que leur publication.
Il me semble que nous sommes en mesure d’apporter quatre contributions positives pour développer le lien social dans la situation actuelle.
- D’une part, nos communautés chrétiennes sont elles-mêmes traversées par les diversités ethniques et culturelles de la société. Il est important que nous progressions dans la prise en compte de ces diversités. Comment pouvons-nous donner un exemple de véritable accueil de ceux qui sont différents, même s’ils ne sont pas tous étrangers ? Sommes-nous assez soucieux de faire place à la diversité des expériences et des compréhensions de la vie chrétienne autrement que sous la forme d’un accueil de curiosités exotiques de temps en temps, sans que rien ne soit changé à nos habitudes et à nos théories ? Que sommes-nous prêts à recevoir de ceux qui nous viennent d’ailleurs ? Sommes-nous disposés à ne plus être des communautés qui accueillent des étrangers mais des communautés dont l’unité vécue permet de recevoir avec joie les différences et de les respecter réellement ? Devenons-nous vraiment des communautés catholiques ?
- D’autre part, nous avons la chance d’être très bien implantés dans les différents quartiers de la capitale. Sommes-nous résolus et nous préparons-nous à aller au devant des autres dans les relations très ordinaires du voisinage et les occasions de rencontres quotidiennes ? Ces actions, personnelles ou associatives, ne sont guère spectaculaires et sont souvent très lourdes à assumer, mais n’est-ce pas le premier pas d’un authentique effort de mise en relation des uns et des autres que d’affronter ensemble les questions habituelles de l’existence ?
- Nous devons encore nous demander si les chrétiens sont assez présents dans les responsabilités de la vie collective : associations de locataires, associations de parents d’élèves, comités de quartier, conseils municipaux, etc.
- Il faudrait enfin nous interroger sur la contribution des chrétiens dans les œuvres de solidarité. Les chrétiens sont d’une grande générosité. Nous avons des organisations nationales et internationales catholiques de grande valeur et d’une réelle efficacité. Sans doute pourrions-nous améliorer leur implantation et leur coordination dans les différentes communautés locales. Où en est-on de la mise en place et du développement des équipes locales pour la solidarité ?
– Lire l’intervention “Notre Mission à Paris”.