Poème N° 5 : “Le verbe s’est fait chair”
Je marche sur la terre et je vogue sur l’onde :
Sur ma tête partout déployant ses splendeurs,
Le firmament sans fin, où sans nombre des mondes
Sont autant d’univers, me cache sa grandeur.
Que suis-je en proportion ? Petit rien, je médite.
Je rêve au déploiement de cette immensité,
Tirant tout son élan, sa substance inédite,
Du souffle créateur de la divinité.
Cette force éternelle, et parole et sagesse
Qu’engendre en son amour le Père tout-puissant,
Ce Verbe né de Dieu et son écho sans cesse,
Est de tout, pour toujours, le principe vivant.
Et, « lumière au-delà de toute autre lumière,
Le Verbe était auprès de Dieu et était Dieu »,
Portant tout le créé comme grains de poussière,
Du haut des cieux.
Hélas, l’homme pécha. Malgré tout le bonheur
De son premier séjour, ce jardin de délices,
Délaissant le vrai Dieu, il crut au tentateur
Et tomba par orgueil dans l’affreux précipice.
Ô vertige inouï de sa chute sans fond !
Mais voici : Dieu l’aimait avec extravagance
Et pour contrer la chute, en un divin plongeon,
Il descendit du ciel en notre humaine engeance.
Mystère prodigieux que ce don souverain !
Le Verbe s’est fait chair en naissant d’une femme.
Vrai Dieu mais désormais aussi vraiment humain,
Il ralluma l’amour sauveur comme une flamme.
C’est parmi les petits, les gueux, les rejetés,
Que lui, le roi de gloire, élut pour nous sa voie :
Sa gloire n’apparaît, par leur humilité,
Qu’aux yeux qui voient.