Année « Famille et jeunesse » : un projet, des réalisations, des perspectives

Au-delà de l’enthousiasme initial et de l’apparente facilité du thème, la mise en
place concrète de la deuxième séquence de Paroisses en mission s’est traduite par de belles réussites mais aussi des difficultés bien réelles. À l’approche de la fin de cette année « Famille et jeunesse », premier bilan à chaud.

© Trung Hieu Do

« Stimulant », « utile », « concret » – Ce sont les adjectifs qui reviennent le plus souvent quand on évoque le thème « Famille et jeunesse » avec les équipes pastorales ou les paroissiens engagés qui, depuis plusieurs mois, l’ont porté dans leurs communautés respectives. « Il me semble spécialement important sur ces sujets de souligner notre espérance dans une société qui a tendance à être vecteur d’inquiétudes », estime par exemple le P. Thibault Verny, curé de N.-D. de Lorette (9e). « Ce thème est très riche, ajoute pour sa part Jacques Bihoué, paroissien de N.-D. de Clignancourt (18e). C’est un moteur d’avoir un fil à suivre comme ça. »

Si la mise en œuvre de cette deuxième séquence de Paroisses en mission a été plus ou moins importante selon les paroisses, certaines l’ont abordée avec un engouement particulier. C’est notamment le cas de celles comptant de nombreuses familles. « Dans notre paroisse, la pastorale familiale tient une place très importante, explique ainsi le P. Jean Courtès-Lapeyrat, curé de St-Éloi (12e). L’année « Famille et jeunesse » nous a interpellés. Nous avons organisé son déroulement en trois temps pour nous permettre d’aborder tour à tour les questions du dialogue en famille, des enjeux de la vie de couple et de l’échange intergénérationnel. Cette réflexion a été bien accueillie et relayée au sein de notre communauté. »

Oser la rencontre

Selon la formule de Paroisses en mission, les assemblées paroissiales ont été au cœur du cheminement proposé entre réflexion et action. Fortes de leur expérience de l’année « Eucharistie et mission », les paroisses ont parfois fait évoluer leur mode d’organisation de ces rencontres, afin de tenter de toucher un public plus large. Beaucoup ont ainsi accolé leurs assemblées à une célébration dominicale ou à d’autres événements paroissiaux, comme la fête patronale, une rencontre de carême ou un pèlerinage délocalisé.

Temps de réflexion autour d’un sujet sur lequel chacun a une expérience à partager, ces rassemblements ont aussi permis aux paroissiens présents de mieux se connaître, au-delà de la simple poignée de mains ou du regard échangés le dimanche. Plusieurs paroisses ont même profité de cette occasion pour mener un véritable travail d’enquête autour des réalités familiales vécues dans leur communauté. Ainsi, à St-Charles de Monceau (17e), le conseil pastoral a proposé un questionnaire rempli par près de 500 personnes. « L’enseignement central de cette enquête a été de montrer l’importance de la famille dans la vie de chacun, souligne François- Xavier Douin, paroissien. Elle est véritablement perçue comme un roc et un ilot de joie. Les interrogations apparues dans les réponses récoltées ont aussi été très utiles pour préparer la deuxième assemblée paroissiale. »

Élargir le cercle, un défi ardu

Principale difficulté constatée dans la plupart des paroisses : parvenir à toucher un cercle plus large, au-delà des fidèles les plus engagés. « Cette année est utile pour dynamiser des propositions paroissiales mais il reste très difficile de mobiliser, souligne par exemple le P. Emmanuel Boudet, curé de St-Médard (5e). Les personnes sont très prises et sollicitées par ailleurs. » Même constat pour le P. Gilles Morin, curé de N.-D. de Nazareth (15e) : « Même si les assemblées paroissiales ont des résultats réels, ceux-ci peuvent être décevants au regard de l’énergie investie pour les organiser. »

Autre limite relevée, il reste ardu, dans un diocèse aux réalités très diverses, de parvenir à s’adresser à tous. « Dans un territoire paroissial marqué par des situations sociales et familiales et des identités culturelles variées, il n’est pas évident d’invoquer une norme et un registre communs, témoigne le P. Gérard Boet, curé de N.-D. du Rosaire (14e). Par exemple, la lettre pastorale du Cardinal parle très bien à un milieu classique et culturellement armé mais n’est pas forcément très accessible pour d’autres. »

Pour tenter de dépasser autant que possible ces difficultés, tout un travail a été déployé par de nombreuses paroisses. Adapter un discours à sa situation, intéresser à un regard chrétien parfois éloigné des normes portées par la société, encourager un discernement à la lumière de l’évangile – autant de défis qui ont stimulé l’inventivité de conseils pastoraux aux quatre coins de Paris. Les paroisses ont ainsi vu fleurir de nombreuses initiatives destinées plus particulièrement aux familles : pèlerinages, célébrations thématiques, conférences interactives ou encore concours photographiques. « Beaucoup de personnes se sont impliquées pour proposer des idées et contribuer à les mettre en œuvre, se réjouit ainsi Bénédicte Bourdel, mère de famille chargée de suivre les projets liés à l’année « Famille et jeunesse » à St-Lambert de Vaugirard (15e). Certaines ont bien fonctionné et ont permis de rejoindre des familles parfois plus en marge de la vie paroissiale. Je crois que plusieurs pourront être prolongées au-delà de l’année, comme une prière des mamans et petits, qui a attiré de plus en plus de participants, ou le groupe musical lancé à destination des adolescents. »

Car l’un des enjeux principaux de cette année « Famille et jeunesse » est bien de parvenir à traduire en actes missionnaires la réflexion qu’elle a engagée. Si son lancement en septembre a été une impulsion, son achèvement, dans les prochaines semaines, est avant tout un point de départ. • Pierre-Louis Lensel

Des pistes pour agir

L’année « Famille et jeunesse » a permis de repérer la variété des situations sur lesquelles une action serait à développer. Quelques exemples.

  1. Les propositions nombreuses dans le cadre de la pastorale familiale et des mouvements spécialisés sont souvent méconnues. À nous d’être des relais d’information pour contribuer à mieux les faire connaître. Présenter la diversité des activités paroissiales auprès de familles moins impliquées à l’occasion de préparations au baptême, au mariage ou de l’inscription d’un enfant au catéchisme est une manière de porter la mission.
  2. La question de l’isolement est souvent soulevée. Là aussi, chacun peut être vigilant, signifier sa présence et oser la rencontre. La réflexion sur ce thème se poursuivra dans le cadre de l’année « Ethique et solidarité ». La situation des parents seuls interpelle de nombreuses communautés paroissiales. Certaines ont mis en place des outils pour les soutenir (groupes de parole, systèmes d’entraide pour la garde des enfants, etc.). D’autres besoins semblent ne pas encore avoir suscité de réponse. Ainsi, les célibataires peinent parfois à trouver une réelle place au sein des paroisses.
  3. Un gros travail a été effectué cette année avec les familles dans les paroisses. En parallèle, les aumôneries de jeunes et d’étudiants ont développé des actions. C’est une étape, mais il reste encore beaucoup à faire pour une meilleure intégration des jeunes dans les activités de nos paroisses et afin de les associer aux prises de décisions.
Paroisses en mission – Famille et Jeunesse (2010-2011)

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