Béatification de Jean-Paul II : les pèlerins parisiens partagent la joie de l’Église
Paris Notre-Dame du 5 mai 2011
Près de 1600 Parisiens et Franciliens sont partis en train assister à la cérémonie de
béatification de Jean-Paul II à Rome. Un pèlerinage qui, au-delà de quelques
imprévus, a touché les cœurs et porté les âmes. Reportage.
Pas de doute possible. Dès que l’on pénètre dans l’un des wagons, on comprend que l’on n’est pas dans un train comme les autres. Certains passagers portent un drapeau du Vatican mal enroulé, d’autres entonnent des chants de louange tandis que d’autres encore, tout juste à bord, se rassemblent pour un petit temps de prière. À quelques heures de la béatification de Jean-Paul II, l’excitation est palpable. Si les sourires sont sur toutes les lèvres, c’est qu’au bout de ce voyage, les quelque 800 passagers de ce train spécial à destination de Rome ont rendez-vous avec un « proche », un « frère » ou un « ami ». Leur désir est simple : rendre hommage à l’ancien pape et lui rendre grâce pour tout ce qu’il a apporté dans leur vie. Alors peu importe, au fond, si le train prend du retard et traîne péniblement sur sa route. « Ce genre d’aléas, le fait de quitter un peu notre confort, fait aussi partie du pèlerinage », glisse avec philosophie Agnès, 30 ans, paroissienne de St-Lambert de Vaugirard (15e).
Réunis en famille
Heureusement, tous les chemins finissent par mener à Rome et, au bout de près de vingt-trois heures de voyage, le train du diocèse de Paris atteint la « Stazione Termini ». Ni une, ni deux, les pèlerins s’élancent dans les rues de la capitale italienne pour rejoindre la basilique St-Jean de Latran où les attendent les 800 passagers du « train n°1 », arrivé quelques heures plus tôt, et d’autres Français, nombreux à Rome en ce week-end de célébrations. Première étape de ce voyage, cette messe présidée par le cardinal André Vingt-Trois est l’occasion de se recueillir ensemble, avant de rejoindre la grande famille de l’Eglise universelle, lors de la veillée de prière organisée au cirque Maxime.
Puis, une grande partie des pèlerins français reprend sa route dans le dédale des rues romaines pour tenter d’approcher le Vatican. La messe de béatification doit commencer à 10h le lendemain matin et une longue nuit s’annonce. Un grand groupe, mené entre autres par les jeunes d’Even (Ecole du verbe éternel et nouveau) de St-Germain des Prés (6e) et de St-Pierre du Gros Caillou(7e) prend position près du pont Victor-Emmanuel II, à quelques centaines de mètres du Vatican. En attendant de pouvoir avancer en direction de la place St-Pierre, on sort quelques instruments et on chante, au beau milieu des pèlerins venus des quatre coins du monde.
Mais la foule se fait pressante et, autour d’une heure du matin, il faut se mettre en chemin et rejoindre tous ceux qui, déjà, se pressent devant les barrières de sécurité qui bloquent le chemin. C’est le début d’une longue nuit entre pénibles séances de piétinement et instants de somnolence volés à l’impatience de pèlerins bien décidés à être au plus près des événements du lendemain. Pour certains, c’est aussi l’occasion de rencontres, avec une famille polonaise à gauche, une religieuse croate à droite. A nouveau, on chante, on scande des « J.-P. II » et des « Benedetto ! » avec une foule avide de crier son excitation.
Une joie débordante
Au bout de la nuit, enfin, les plus chanceux et les plus opiniâtres atteignent la place St-Pierre ; d’autres ont préféré les écrans géants du cirque Maxime. Et bientôt, les chants du chœur du diocèse de Rome retentissent, les personnalités font leur arrivée, bientôt suivies par Benoît XVI qui déclenche les hourras de la foule. Soudain, une intense communion se dessine, les instants d’émotion et de recueillement se succèdent : les premiers mots de Benoît XVI, l’évocation de Jean-Paul II, le dévoilement de son portrait, les temps forts de la liturgie… De quoi faire oublier la rude nuit en quelques secondes et remplir chaque cœur d’une joie débordante. De quoi, ensuite, repartir vers Paris avec une force nouvelle, l’âme nourrie d’un souvenir heureux. « Ce que nous venons de vivre est un moment très intense, glisse ainsi Odile, du diocèse de Versailles, dans le train du retour. L’émotion de Benoît XVI, son lien avec Jean- Paul II, cela me touche beaucoup. J’ai vraiment été très heureuse d’être là. » • Pierre-Louis Lensel
Témoignages de jeunes
« Une cérémonie extrêmement émouvante »
SANDRINE, 29 ans, St-Pierre du Gros Caillou (7e). « C’était la première fois que je venais au Vatican et j’ai trouvé cela extraordinaire. Malgré la fatigue, je suis vraiment heureuse d’avoir fait ce voyage. J’ai trouvé la messe de béatification extrêmement émouvante. Voir autour de soi autant de personnes, si différentes, parlant toutes ces langues, unies par la même foi, donne beaucoup de force. Je crois que je n’ai jamais ressenti autant de fierté d’être catholique. Jean-Paul II nous rassemble autour de son message, il nous rappelle que nous sommes tous appelés sur un chemin de sainteté. » • Propos recueillis par P.-L.L.« Le pape de ma génération »
LAURE, 29 ans, Ste-Marie des Batignolles (17e). « Pour moi, c’était important d’être là car Jean-Paul II est le pape de ma génération. Je l’ai vu plusieurs fois, que ce soit lors des Journées mondiales de la jeunesse ou à l’occasion de ses venues en France. Quand il est mort, j’ai eu le sentiment de perdre un proche. C’était un moment très triste. Aujourd’hui, nous le célébrons dans la joie et lui rendons hommage. C’est aussi un rendez-vous avec Benoît XVI et un grand événement de l’histoire de notre Église. » • Propos recueillis par P.-L.L.« Jean-Paul II, une figure de père et de prêtre »
BRUNO, 25 ans, séminariste du diocèse de Paris. « Je n’ai pas dormi de la nuit pour être place Saint-Pierre. La célébration a été un moment très solennel et très priant. Je sentais que les pèlerins avaient retrouvé en Jean-Paul II cette figure de père ; en tout cas, c’est ainsi que je le ressens personnellement. C’est la première fois que j’assistais à une béatification et je tenais à m’y rendre avec le diocèse, car Jean-Paul II est un homme de mon temps et un prêtre. Même si je suis plutôt de la génération Benoît XVI, Jean-Paul II est une figure du prêtre qui m’a aidé à répondre à l’appel, notamment par ses écrits et lors de sa venue à Lourdes en 2004. » • Propos recueillis par Charlotte Reynaud
Des chrétiens d’Irak dans les trains du diocèse
Une quarantaine d’Irakiens chaldéens et syriaques, dont certains sont rescapés du récent attentat dans la cathédrale de Bagdad, étaient présents dans les trains mis en place par le diocèse de Paris. « Pour nous, c’était important qu’on leur fasse cette proposition, explique Arnaud Duroyaume, coordinateur d’un groupe de bénévoles œuvrant depuis plusieurs mois auprès d’eux. Nous voulons partager avec eux ce que nous avons de plus cher, les faire respirer au rythme de l’Église universelle et leur faire mieux connaître la figure de Jean-Paul II, dont ils n’ont pas toujours une idée aussi précise que nous. » Une initiative qui a beaucoup touché ces pèlerins, à l’exemple d’Émile, 47 ans : « Je suis très heureux de partager ce moment, expliquait-il dans le train vers Rome. Cette ville est le lieu phare pour les catholiques et nous avons envie de voir le pape, notre symbole, et de participer à cette cérémonie en l’honneur de Jean-Paul II. C’est une grande joie. » • P.-L. L.