« L’impact de Jean-Paul II va encore se propager »
Paris Notre-Dame du 5 mai 2011
P.N.-D. - Vous avez accompagné de nombreux jeunes Parisiens dans le train qui les a conduits vers Rome à l’occasion de la béatification de Jean-Paul II. Quelles sont vos impressions à l’occasion de ce week-end ?
Mgr Jean-Yves Nahmias – Ce qui m’a d’abord semblé ressortir, c’est cette impression de joie et de paix que j’ai ressentie chez ces jeunes, très attachés à la foi et à l’Eglise. Pour les pèlerins plus âgés, il y a aussi souvent une volonté de manifester leur gratitude pour tout ce que Jean-Paul II leur a apporté. Mais pour tous, être venus manifeste un enracinement dans le Christ et dans leur attachement à l’Eglise. J’ai aussi été impressionné car, bien qu’un des deux trains ait mis environ 23 heures à rejoindre Rome, il n’y a pas eu d’agacement. Chacun l’a accepté comme un élément du pèlerinage. Cela montre bien la profondeur des démarches.
P.N.-D. - Pour vous, quels ont été les principaux temps forts de ces deux jours ?
Mgr Jean-Yves Nahmias – Bien sûr, ressort avant tout la messe de béatification et, notamment, ce moment simple et solennel qui a vu Jean-Paul II être déclaré bienheureux. Nous avons vu Benoît XVI, son successeur et son collaborateur pendant vingt-trois ans, très ému et heureux de présider cette célébration. Dans son homélie [1] très riche, Benoît XVI a notamment rappelé que Jean-Paul II avait confié les richesses du Concile Vatican II aux nouvelles générations dans son testament et que, par son témoignage, il avait aidé les chrétiens à ne pas avoir peur d’annoncer l’Evangile. Cette homélie a été écoutée avec beaucoup d’attention et suivie d’un temps de silence et de réflexion très intense. C’est très impressionnant quand on sait qu’un million de personnes étaient présentes. Concernant notre diocèse, la veille, une très belle célébration, présidée par le cardinal André Vingt-Trois à St-Jean de Latran, a réuni les 1600 pèlerins venus dans les deux trains mis en place et d’autres Parisiens présents à Rome. Cela a été une grande joie d’être ainsi rassemblés. La veillée organisée au Cirque Maxime le même soir a aussi été un temps fort, très paisible, avec la méditation du chapelet et l’évocation de Jean-Paul II dans plusieurs moments marquants de son pontificat. De nombreuses personnes sont venues du monde entier, dont beaucoup de représentants de la génération JMJ, émus et recueillis, sans exubérance, là simplement pour rendre hommage à Jean-Paul II et rendre grâce de ce qu’ils ont reçu de lui.
P.N.-D. - Au-delà de l’événement que constituent ces célébrations autour de cette béatification, en quoi celui-ci s’inscrit- il dans la durée ?
Mgr Jean-Yves Nahmias – Comme bienheureux, l’impact de Jean-Paul II va encore se propager. De son vivant, par le rayonnement de son pontificat et sa fécondité, nous savons déjà que Dieu avait béni cet homme de foi. On peut penser qu’Il a exaucé ses prières de son vivant, en particulier pour la vie de l’Église. Qu’on le reconnaisse aujourd’hui comme bienheureux nous incite à demander son intercession avec confiance, en particulier au sujet des “grands chantiers” qui lui tenaient beaucoup à cœur, comme la jeunesse, la civilisation de l’amour, l’accueil de la vie, œcuménisme ou encore la nouvelle évangélisation. Il devient aussi un « pont » pour accueillir la Miséricorde divine. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel
[1] Retrouvez l’homélie de Benoît XVI sur le site internet du Vatican.