Le mot du cardinal André Vingt-Trois sur Radio Notre Dame le 2 juillet 2012
Une loi permettant le mariage pour tous, y compris pour les couples homosexuels devrait être voté d’ici un an, c’est ce qu’a déclaré la ministre de la famille, Dominique Bertinotti. Un sénateur socialiste a déposé une proposition de loi concernant l’aide médicale à mourir, comment est-ce que vous réagissez ?
Nous réagissons d’abord en étant attentif à ce qui se passe, en adressant des informations, des avertissements sur la gravité de la décision, en particulier en ce qui concerne le mariage de deux personnes du même sexe puisque c’est ce qui est le plus visiblement en ligne de mire d’après ce que vous dites. Et nous tenons, non pas à défendre le mariage chrétien, parce que le mariage chrétien se défend par lui-même dans sa pratique. Mais nous tenons à mettre en valeur les risques qu’une telle décision fait courir, non pas à nous, mais à la société dans son ensemble et en particulier aux enfants, puisque l’institution du mariage dans la société civile est spécifiquement ordonné à mettre en place des moyens stables pour élever des enfants.
Cette spécificité semble totalement oubliée : on parle des intérêts individuels, on parle beaucoup d’égalité. Est-ce que la notion de bien commun peut encore être entendue dans ce cadre-là qui semble ne conserver que la vie personnelle ?
C’est précisément la question. Si nous ne sommes pas capables d’aider nos concitoyens à prendre conscience que leurs désirs personnels, leurs attentes personnelles ou leurs recherches personnelles doivent s’harmoniser dans leurs relations avec l’ensemble de la société, cela veut dire que nous nous avançons vers une société complètement individualiste, et dans laquelle il ne faut pas s’illusionner et croire que l’on pourra développer un dynamisme de solidarité sur le plan économique et social. On ne peut pas, d’un côté, vouloir développer une société solidaire et demander à tout le monde de porter le poids de cette solidarité et, d’un autre côté, prendre des mesures et faire de lois qui ne visent qu’à satisfaire des désirs individuelles. L’humanité n’est pas un système dans lequel on peut trier ce qui relève du privé et ce qui relève du public, ou ce qui relève de la vie sociale et ce qui relève de la vie individuelle. Tout individu est inscrit dans une société et ne peut vivre que dans sa relation avec cette société.
Finalement, le mariage homosexuel, ce serait le libéralisme poussé à l’extrême ?
Tout à fait : c’est vouloir donner la force de la loi pour satisfaire des attentes qui peuvent avoir leurs raisons d’être, mais qui ne sont pas des éléments constructifs d’une solidarité sociale.
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